Un bac plus musclé ? Vraiment ?
Quels que soient les enseignements de spécialités choisis (deux parmi : mathématiques, physique-chimie, SVT), un bac « Scientifique » restera plus généraliste qu’un bac « non scientifique » (reprise du vocabulaire du rapport Mathiot). Les bac « Scientifique » ne le seront pas plus que ne l’est le bac S actuel, en termes d’horaires d’enseignements scientifiques. En terminale, il ne sera plus possible de conserver que deux enseignements de spécialité, donc l’élève doit abandonner une des trois disciplines scientifiques… à moins de choisir physique-chimie/SVT mais dans ce cas l’enseignement de mathématiques complémentaires est optionnel, de 3 heures seulement, sans être sanctionné par une épreuve terminale !
ECE maintenus !
Débutons par la seule bonne nouvelle en sciences: les épreuves expérimentales seront maintenues, d’une durée de une heure comme c’est le cas actuellement. L’inquiétude pointe cependant lorsqu’on lit les mots «pour un maximum » : « La note attribuée à chacune des deux épreuves, physique-chimie, d’une part, et sciences de la vie et de la Terre, d’autre part, prend en compte les résultats de cette évaluation pour un maximum de 4 points sur 20 ». Quel en est le sens ? Le rédacteur a-t-il repris cette expression car elle préexistait dans le texte de 2011 ?
Nouveau bac « simplifié » : une future usine à gaz à base de contrôle continu!
Trois épreuves communes de contrôle continu par discipline (ou maelström tel qu’ “humanités scientifiques et numériques” qui ne sera d’ailleurs évalué qu’en contrôle continu ! ) entre la première et la terminale en ce qui concerne les enseignements du tronc commun (15 épreuves) et deux sur la spécialité abandonnée entre la première et la terminale soit un total de 17 épreuves. Elles sont organisées en deux séries d’épreuves au cours des deuxième et troisième trimestres de la classe de première et en une série d’épreuves au début du troisième trimestre de la classe de terminale
Les épreuves communes de contrôle continu commenceraient en 2019-2020 pour les classes de Première.
Ce qu’en pense le SNES-FSU:
Beaucoup de questions demeurent en suspens.
Les dates des épreuves communes préconisées par le rapport Mathiot ont été décalées. Le projet de décret évoque des trimestres, ce qui laisse supposer que la division en semestre est abandonnée.
A quel moment de l’année se situe le début du deuxième trimestre ? Début décembre quand les élèves sont fatigués ou début janvier ? De même pour le début du troisième trimestre ? Commencera-t-il juste avant les vacances de Pâques ?
Quel temps restera-t-il non seulement pour faire d’autres contrôles mais aussi pour poursuivre le cours ? Les élèves seront tentés de bachoter à longueur d’année au lieu d’approfondir et faire des liens entre leurs apprentissages. Dans cette multitude de dates, le risque d’absence d’élèves à des épreuves augmentera. Il faudra penser à des modalités de rattrapage qui complexifieront encore le calendrier.
On ne trouve aucun renseignement quant à la durée de toutes ces épreuves.
Si la spécialité abandonnée en fin de première est l’objet de contrôle continu dès le début du deuxième trimestre, on peut supposer que l’élève devra préciser son souhait d’abandon dès le début de la première : ce qui revient à finaliser son choix d’orientation dès la fin de la seconde.
Quid de l’élève qui voudrait modifier ses choix de spécialité en fin de première ?
L’organisation des épreuves communes de contrôle continu
Les sujets des épreuves communes de contrôle continu sont élaborés sous l’autorité du ministre chargé de l’éducation nationale. Ils tiennent compte de la progression pédagogique des programmes d’enseignement de la classe de première et de la classe de terminale.
Chaque établissement détermine les modalités d’organisation y compris pour les épreuves de remplacement. Les sujets sont délivrés par la banque nationale numérique de sujets. On trouve aussi écrit que plusieurs établissements scolaires peuvent organiser en commun tout ou partie des épreuves communes.
Modalité de passage : une convocation nominative est adressée à chaque candidat par le chef de l’établissement dans lequel les épreuves sont organisées.
Le conseil pédagogique de l’établissement ou le chef d’établissement en concertation avec les professeurs est consulté sur le protocole d’anonymisation et de correction des copies.
Ce qu’en pense le SNES-FSU:
Ces dispositions montrent la volonté de maintenir les garanties d’un diplôme national malgré l’inflation des épreuves locales. Mais elles risquent fort de ne pas peser bien lourd face aux contraintes matérielles liées à la vie des établissements. Le projet d’arrêté sur le contrôle continu renvoie toutes les décisions au chef d’établissement (après consultation du conseil pédagogique) : organisation des épreuves, « protocole de correction et d’anonymisation ». Pourra-t-il aussi faire pression sur le choix des sujets? Il n’y a dans le texte rien qui impose clairement qu’un enseignant ne corrige pas ses propres élèves par exemple…Quant aux modalités de passage : elles augmenteront la paperasse, engendreront encore des pertes de temps en distribution, émargement et ajouteront le stress pour les élèves.
Que signifie vraiment « la progression pédagogique des programmes d’enseignement « ?
Tous les enseignants devront-ils-elles suivre une seule et même progression en France ? Organiser les épreuves communes avec plusieurs établissements implique par exemple des progressions communes. Que restera-t-il de la liberté pédagogique des équipes ? On sait qu’en Physique-Chimie, il y a le plus souvent une progression commune pour simplifier l’organisation des TP.
Dans l’émission télévisuelle « Dimanche en politique Nord-Pas-de-Calais » de France 3 du dimanche 11 mars 2018, Monsieur Mathiot a évoqué le fait que les professeurs choisiraient les sujets d’épreuves communes en fonction de leur progression dans la banque d’énoncés. Ne soupçonnera-t-on pas certains lycées d’avoir choisi des énoncés plus « faciles » que d’autres pour favoriser ses élèves ?
Ces dispositions ne feront que jeter le soupçon sur les notes attribuées au sein de de tel ou tel établissement en fonction du profil social de ses élèves, ou de ce que l’on appelle pudiquement la « réputation » du lycée. Il s’agit bien de la disparition de l’horizon commun que dessinent aujourd’hui des épreuves nationales corrigées selon des critères transparents, dans un anonymat strict. Le SNES-FSU a maintes fois dénoncé les pressions exercées sur les correcteurs des épreuves terminales actuelles, sous prétexte d’harmonisation, et la nouvelle organisation ne fait qu’aggraver, systématiser, normaliser ces dérives.
Modalité de prise en compte du contrôle continu :
La note de contrôle continu compte pour 40% de la note finale.
Cette note de contrôle continu est fixée en tenant compte :
-des notes obtenues aux épreuves communes de contrôle continu, pour une part de trente pour cent (30%);
-de la prise en compte, pour une part de dix pour cent (10%), de l’évaluation chiffrée annuelle des résultats de l’élève au cours du cycle terminal , attribuée par les professeurs et renseignée dans le livret scolaire.
Ce qu’en pense le SNES-FSU:
L’introduction d’une lourde part de contrôle continu dans le baccalauréat le transforme en bac local plutôt que national. Sa valeur dépendra donc de celle « attribuée » à l’établissement par l’opinion publique.
Correcteur à tout crin mais dessaisi de l’évaluation finale : voilà le lycée de la « confiance » qu’on nous promet !
L’article 7 mentionne une commission d’harmonisation des notes des épreuves communes du contrôle continu du Baccalauréat dans chaque académie.
L’Article 8 détermine qu’à partir des notes des trois séries d’épreuves communes et de l’évaluation chiffrée des résultats au cours du cycle terminal, le chef d’établissement fera une proposition de note globale de contrôle continu, pour chaque élève et pour chaque enseignement concerné.
A la fin de chaque année du cycle terminal, les résultats des épreuves communes du contrôle continu seront communiqués aux candidats. Cependant cette note ne deviendra définitive qu’après la délibération du jury de l’examen du baccalauréat
Ce qu’en pense le SNES-FSU :
Comme au collège où l’on a vu en juin dernier des chefs d’établissement modifier l’évaluation du bilan de fin de cycle des élèves, les proviseurs proposeront la note définitive. Rien ne garantit qu’ils s’appuieront sur l’équipe pédagogique pour proposer une note. Une fois de plus, les professeurs se voient dessaisis d’une partie de leurs responsabilités alors qu’ils passeront un temps considérable en correction. Le « neomanagement » frappe encore pour fragiliser les enseignants dans leur métier.
Projet d’arrêté relatif aux épreuves anticipées et terminales du baccalauréat général à compter de la session de 2021
Examen final :
– coefficient de 28 pour les deux épreuves de français, philosophie et grand oral.
– coefficient de 32 pour les deux spécialités.
Soit un total de 60 coefficients pour les épreuves terminales.
L’épreuve terminale de Physique-Chimie choisie comme spécialité :
Elle portera comme actuellement sur les programmes de 1ere et terminale et durera 3h30 comme actuellement, avec un coefficient de 16.
Le grand oral
Il sera préparé tout au long du cycle terminal sans horaire dédié et durera vingt minutes.
L’oral se déroulera en deux parties :
– Une présentation du projet qui sera adossé à un ou deux des enseignements de spécialité choisis par le candidat,
– Un échange avec le jury, mené à partir de la présentation du projet, permettant d’évaluer la capacité du candidat à analyser en mobilisant les connaissances acquises au cours de sa scolarité, notamment scientifiques et historiques.
Ce qu’en pense le SNES-FSU :
Son déroulé ressemble à s’y méprendre à celui des TPE que nous connaissons.
Voie technologique en danger
Enfin, on ne peut que constater le massacre de la voie technologique avec un bac construit sur le même format, avec la même répartition de coefficients que le bac général. Les matières « académiques » ont le même coefficient et peut-être le même format (voire contenu) que dans la voie générale et les disciplines technologiques sont évaluées presque exclusivement à l’écrit, malgré des exceptions dans quelques séries.
Ce qu’en pense le SNES-FSU :
L’ouverture offerte par les options facultatives est très limitée. Elle nie le fait que les élèves de la voie technologique ont d’abord été des élèves de seconde générale, et qu’ils ont parfois suivi un enseignement facultatif susceptible de les avoir intéressés : ni LCA, ni LV3 ne leur sont proposées.
Alors qu’une réforme du bac et du lycée s’impose pour donner à l’examen plus de légitimité et à la formation des élèves plus d’ambition, ce gouvernement fait le choix de la complexité d’organisation et de la dégradation des conditions de travail des personnels. La volonté d’aller à l’inverse de la démocratisation et de l’égalité sur tout le territoire est maintenant une évidence, sans même parler du déni du dialogue social et du mépris pour les enseignant-es.
Nous devons dire STOP et montrer notre force pour que ce projet soit totalement reconstruit.
Tous en grève le 22 mars : rendez-vous dans la rue !