L’avenir de l’enseignement de la philosophie en séries technologiques se jouera-t-il en 2016 ?
Alors que les enseignants sont convoqués au chevet de la citoyenneté au rythme des dramatiques événements de 2015, la réforme du lycée héritée d’un gouvernement de droite maintient depuis 2012 son hypocrite garrot sur l’horaire destiné à l’enseignement de la philosophie dans les séries scientifiques et technologiques (soit deux élèves sur trois, hors bac pro). Outre le fait que l’enseignement moral et civique, faute d’être accompagné d’une dotation horaire, ne concerne les professeurs de philosophie que de façon très marginale(1), c’est l’avenir de l’enseignement de la philosophie en séries technologiques qui se joue en ce moment, alors que le ministère envisage enfin des ajustements « techniques » de la réforme Chatel.
Lettre à la ministre
Aussi, le SNES-FSU s’est adressé à la ministre, un an après avoir obtenu une timide consigne ministérielle destinée à encourager les cours de philosophie à effectifs réduits en séries technologiques. Dans sa lettre à la ministre(2), le SNES-FSU rappelle son exigence d’un retour à un horaire en classe dédoublée garanti par une grille horaire nationale dans toutes les disciplines et particulièrement en philosophie. Mais il ajoute que faute d’être contraignante, cette consigne ne suffira pas à inverser la tendance à un dépérissement programmé de cet aménagement horaire indispensable. Or, au-delà d’une revendication strictement corporative, il s’agit bien d’une remise en cause de la démocratisation de l’enseignement de la philosophie, restée en panne aux portes des lycées professionnels.
Si enseigner la philosophie dans toutes les séries contribue à faire vivre la laïcité, rétablissons les conditions de son enseignement dans les séries qui accueillent les élèves des milieux populaires, comme cela avait été amorcé en 1994, en instaurant des dédoublements. Resterait alors, excusez du peu, à (ré)ouvrir le chantier urgent des épreuves du baccalauréat en séries technologiques…
Face à ces dossiers en souffrance, l’heure n’est plus à tergiverser, car après 2016, l’horizon risque de s’assombrir davantage !
Jean-François Dejours
Responsable national du groupe philo