Et pourtant ils persévèrent !
Après la loi confiance, le rapport de la cour des comptes, voici maintenant un rapport de la commission d’enquête sur les effets de la crise sanitaire sur la jeunesse qui transforme les psychologues de l’Éducation nationale en personnels de santé !
On peut reconnaître le souci d’exhaustivité qui a conduit les auteurs à investiguer les effets de la crise dans les différents milieux de vie des enfants et des adolescents. On peut saluer la prise de position claire sur les dessous de « la continuité pédagogique »et les besoins de développement de la filière de soins en pédopsychiatrie. Cependant, on ne peut qu’être surpris et choqués par la manière dont ont été abordés les effets psychologiques à l’École et le rôle des PsyEN !
Les PsyEN assimilés à des personnels de santé !
Ce dernier rapport n’hésite pas à affirmer: « Il convient par ailleurs de préciser que les personnels de santé scolaire incluent également 3 900 psychologues du premier degré (+9 % par rapport à 2013), 4 650 psychologues du second degré (+2 % sur la même période), ainsi que 2 940 personnels des services sociaux – en hausse de 9 % par rapport à 2013. ».
Cette assertion sans aucun fondement statutaire ni règlementaire n’a d’autre but que de faire aboutir la création d’un service de santé scolaire, rassemblant tous ces personnels, sous prétexte d’améliorer la situation de la médecine scolaire. On peut regretter que le rapport à charge de la cour des comptes soit repris, sans aucune distance dans cette partie du rapport de la commission d’enquête.
Une absence totale des PsyEN EDO dans ce rapport.
Bien que le SNES -FSU et le SNUipp-FSU aient été entendus, bien qu’ils aient transmis une contribution commune, rien de leur appréciation sur la situation n’a été repris dans le rapport ! Seuls les propos du président de l’Association Française des Psychologues de l’EN qui ne concernent que les psychologues du premier degré, sont cités. Ils vont dans le sens d’une absence de sollicitation des psychologues de l’EN, dans le contexte de confinement et de la nécessité de création d’un échelon de coordination sous la forme d’un conseiller technique.
Cette généralisation ne correspond nullement à ce qui a pu être observé ni dans le premier degré ni dans le second degré. L’existence des CIO qui ont permis de la concertation et l’organisation des réponses aux diverses demandes, malgré les injonctions contradictoires de la hiérarchie et le manque de matériel. Les PsyEN EDA ont eux aussi maintenu le lien avec les enfants suivis et leurs parents et assuré des coordinations avec le secteur social, médico-social et médico-psychologique. Leur rôle au sein du dispositif ressource, avec les enseignants spécialisés des RASED, a été reconnu par les enseignants et les parents comme un élément important d’accompagnement et de soutien dans cette période inédite et très stressante
des propositions dangereuses
Pour le moins on aurait donc pu s’attendre à un peu plus de prudence dans ces généralisations abusives qui débouchent sur la proposition de création d’une fonction de conseiller technique auprès des DASEN « afin de mieux prendre en compte les difficultés psychologiques à l’École. »
Aller dans ce sens correspond non seulement à une négation de l’existant : les CIO mais aussi les corps d’inspection dont une transformation est en cours. Elle met en péril l’existence même du corps unique ! Un corps unique avec deux structurations différentes, voilà qui n’est pas banal !
Surtout quand un personnel issu de l’une des spécialités se verrait confier la tâche d’améliorer la prise en compte des difficultés psychologiques dans l’ensemble du système éducatif !
Non seulement cette proposition n’est pas respectueuse du travail des PsyEN du second degré et de leur histoire mais de plus elle met en danger l’ancrage des PsyEN au sein de l’Éducation nationale.
Le SNES-FSU et le SNUipp -FSU ne minorent pas les effets délétères du refus de ce gouvernement de tenir les engagements pris et de donner une meilleure cohérence et visibilité au corps unique. Mais les choses peuvent être regardés de manière plus large.
Vers un service de psychologie de l’Éducation nationale englobant toutes les fonctions des PsyEN, pour les deux spécialités.
Ce service de psychologie, qui a déjà fait l’objet d’un travail commun entre plusieurs organisations de psychologues, serait structuré à tous les niveaux du système éducatif et permettrait de donner plus de poids à l’apport des psychologues et de la psychologie au système éducatif et de revoir, de concert, les chaînes fonctionnelles et hiérarchiques du premier et du second degré. Il semblerait que certaines organisations aient aujourd’hui fait le choix d’abandonner cette piste et de faire cavalier seul.
Certains apprentis sorciers devraient être attentifs au fait que les propositions de création d’une fonction de conseiller technique sont toujours liées, dans l’ensemble de ces rapports, à la création d’un service de santé scolaire et au basculement des PsyEN du côté du médical !
L’actualité récente confirme nos inquiétudes. D’une part la ministre des territoires et des collectivités territoriales a indiqué en audience au SNICS-FSU la volonté du gouvernement, dans le cadre de la loi 4D, de transférer les médecins ET les infirmiers-ères aux départements pour un meilleur service de santé. D’autre part, lors des débats au sénat sur le projet de loi « pour améliorer et simplifier le service de santé », un amendement a été adopté, modifiant le code de l’Education et faisant passer les PsyEN dans le service de promotion de la santé à l’Ecole, ce qui transforme leurs missions et la conception de leur travail. La FSU y est opposée. Certains devraient se méfier des victoires à la Pyrrhus !