Aux dires du ministère de l’Enseignement supérieur, les derniers ajustements de la plateforme s’inscriraient dans la nécessité de traiter les dossiers de façon plus égalitaire. Qu’en est-il en réalité ?

La sectorisation pour les académies franciliennes disparaît, officiellement pour favoriser la mobilité des jeunes. Avec la suppression des quotas, ces mesures renforceront la concurrence et les formes de discrimination, dans un cadre où les critères locaux de sélection sont cachés sous couvert du principe du secret des délibérations de jurys.

Est aussi promue l’anonymisation des dossiers. Or, il n’y en aura dans les faits aucune car seuls les nom, prénom, adresse du domicile et âge du candidat peuvent être masqués « dès lors que ces données ne sont pas nécessaires à un examen éclairé du dossier du candidat ». Dans le cas où la formation dispose d’un internat, prévoit des entretiens ou un concours, ou recrute par la voie de l’apprentissage, les dossiers restent donc nominatifs.

De surcroît, aucun anonymat des appréciations sur les bulletins et des pièces justificatives (diplômes, attestations) ne sera possible. Mais que cherche donc à faire oublier le ministère quand il communique à ce point sur un anonymat qui n’existe pas ?

Le lycée d’origine, angle mort de la sélection

Dans ce contexte, l’appel publié dans Le Figaro le 11 février dernier, de proviseurs refusant l’anonymat des dossiers, ne manque pas de sel. Jamais le critère de l’établissement d’origine n’aura finalement été aussi sécurisé, jamais il n’a été si peu mis en question ! Les formations vont même jusqu’à justifier son emploi au nom de « l’ouverture sociale » de l’enseignement supérieur, l’anonymat déstabilisant selon elles des dispositifs type « Cordées de la réussite ». Elles revendiquent même la connaissance de « l’environnement scolaire » du candidat.

À l’aune de la mise en place d’un baccalauréat largement fondé sur des épreuves locales, la mécanique de la discrimination sociale et géographique est donc en marche.

Claire Guéville


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