Après la publication quotidienne du tableau de bord de Parcoursup tout l’été, le ministère organise maintenant le black-out.

Le 5 septembre, tous les candidats en attente ont vu, comme prévu, leurs vœux disparaître. Ils étaient alors 43 000 sans aucune proposition. Nous ne reprendrons pas ici la distinction entre « actifs » et « inactifs » inventée par le ministère de l’Enseignement supérieur fin juillet pour masquer l’étendue du désastre.

Cela permet cependant à la ministre Vidal d’asséner sans vergogne la fable des 3 000 candidats sans proposition pour lesquels les rectorats se mobilisent. Dans le même temps, presque 80 000 autres candidats avaient accepté une proposition sous réserve de mieux et attendaient donc encore.

Recherche candidats désespérément

Les vœux de 123 000 candidats sont donc passés à la trappe sans qu’on puisse véritablement connaître le sort qui leur sera réservé au niveau des rectorats. La mécanique bureaucratique est à géométrie variable selon les académies et les commissions de recours (CAES). Pour un même type de dossier, l’un se verra proposer une classe « passerelle » de BTS, un autre une affectation lointaine ou n’ayant rien à voir avec les vœux initiaux.

A cela, le ministère répond qu’il y a 127 000 places vacantes, mais omet de préciser que ce chiffre comprend aussi des formations privées et l’apprentissage. Dans le même temps, les formations dites « en tension » l’année dernière ne le sont plus vraiment et de nombreuses formations sélectives, en CPGE notamment, ne font pas le plein. Parcoursup réussit donc le tour de force de restreindre les possibilités de poursuite d’étude de dizaines de milliers de jeunes tout en fragilisant des formations supérieures, faute d’un nombre suffisant d’inscrits.

Le début de la fin

La ministre annonce certes un bilan pour la fin du mois, mais seulement des « ajustements techniques » sur la base du rapport des comités d’éthique et scientifiques, instances à la fois juges et parties si l’on s’attache à leur composition. Elle promet de « réfléchir » à la question de la hiérarchisation des vœux tout en refusant de revenir à l’ancien système.

Tout cela participe en fait d’un projet politique global dans lequel l’offre de formation du supérieur est recomposée à l’aune d’une attractivité dont Parcoursup serait le révélateur. Avec pour corollaire la réduction des possibilités de poursuite d’études. C’est pourquoi la FSU appelle à abroger la loi ORE et exige que le bilan de Parcoursup soit exhaustif et contradictoire.

Thierry Reygades


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