Opaque, injuste et inefficace : le système ne fonctionne décidément pas.

La phase d’affectation dans le supérieur s’est ouverte avec un dysfonction­ne­ment majeur, révélateur des vices de conception de la plateforme.

Face à l’ampleur des problèmes, le ministère de l’Enseignement supérieur, relayé par des responsables de formations, affirment haut et fort que tout est sous contrôle. De façon assez cocasse, certains vont jusqu’à se féliciter de la convergence plus rapide des réponses grâce au « répondeur automatique », dispositif de hiérarchisation des vœux qui ne rentrera en vigueur qu’après le… 25 juin.

Méthode Coué et manipulations

Début juin, 87 % des candidats auraient reçu une proposition, soit 13 % de plus que l’année dernière à la même date. Le calendrier avancé et les délais de réponse resserrés à trois jours peuvent en partie expliquer cette accélération du processus. Les comparaisons avec la session précédente sont cependant périlleuses, tant le ministère a voulu brouiller les cartes. Le « tableau de bord » publié quotidiennement ne reprend pas les mêmes indicateurs, fait disparaître la centaine de milliers de candidats en reprise d’études et surtout rend impossible toute évaluation du degré de satisfaction, faute de hiérarchisation, mais aussi faute de distinction entre un « oui ferme » et « oui avec conservation des vœux en attente ». Compte tenu de l’intégration à la plateforme de nouvelles formations, en particulier des instituts de formation en soins infirmiers (IFSI), il est encore plus difficile d’établir des statistiques.

Le sort des bacheliers ST2S en IFSI

Jusqu’à présent un concours sélectionnait les candidats aux IFSI, soit lors de leur année de Terminale, soit après une année de préparation. Les futurs bacheliers ST2S représentaient une part importante des admis (environ 9 000). Les premiers résultats montrent un phénomène de tassement de ce recrutement. Selon l’enquête du SNES-FSU, il apparaîtrait que seulement environ 3 700 futurs bacheliers ST2S auraient une proposition d’admission en IFSI, et que 4 300 seraient sur listes d’attente. Même si ces derniers étaient admis, nous ne retrouverions pas le niveau de recrutement des années précédentes.

Le recrutement en IFSI est intégralement géré par les Agences régionales de santé, qui pour certaines n’ont visiblement pas pris en compte les parcours individuels des candidats pour le traitement des dossiers.

Une injustice peut en cacher d’autres

La question des ST2S en IFSI est un des exemples de la façon dont Parcoursup hypothèque l’avenir des bacheliers des séries technologiques. Le secret des critères de la sélection pose plus largement le problème de l’égalité de traitement des dossiers et de l’anonymat des candidatures. S’il existe des attendus nationaux et une charte assimilable à un « code de bonne conduite » dont ministères et écoles sont signataires, force est de constater que chacun fait comme il veut, en toute impunité. Pondérations des notes en fonction de l’établissement d’origine ou niveau estimé de la classe, valorisation de certaines disciplines ou d’activités extra-scolaires, tout est possible lors de la procédure de classement.

Jamais les affectations post-bac n’ont été aussi arbitraires, comme s’il s’agissait de masquer l’injustice du manque de places dans le supérieur par une autre.

Claire Guéville , Thierry Reygades


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