Parcoursup « poursuit son cycle d’amélioration continue » (sic) selon le ministère de l’enseignement supérieur. Il faut comprendre derrière cet euphémisme la poursuite d’un projet politique, celui de limiter l’accès à l’enseignement supérieur, en particulier public.
Des parlementaires à la Défenseure des droits, en passant par la Cour des comptes, personne n’échappe à la perplexité quand il s’agit de Parcoursup. Stress, sentiment d’arbitraire et d’injustice, l’opacité de la procédure et des critères de sélection, ne cessent d’interroger. Pour répondre aux critiques, le ministère de l’Enseignement supérieur décline, comme à l’accoutumée, pour chaque nouvelle session, une série de modifications de la procédure d’affectation post-bac.
Une vitrine pour le privé
Ces dernières années, les améliorations pratiques de la plateforme sont proportionnelles à la dégradation de sa perception par les usager·es. Pourtant, une fois de plus, le ministère se réfugie dans des préconisations techniques ou limitées à des éléments de communication.
Soumis à l’exigence de transparence des informations apportées aux candidat·es, le dernier projet de décret modificatif impose désormais aux formations d’afficher le montant des frais de scolarité, l’habilitation à recevoir des boursiers, le label quand la formation est contrôlée par l’État, mais aussi le taux d’admission de l’année précédente, ainsi que le taux d’insertion professionnelle. Sous couvert de publicité des données, ces modifications concourent dans les faits à légitimer les formations privées dont le poids ne cesse de grandir d’année en année.
L’obsession du tri
En parallèle, le ministère poursuit la généralisation du système des quotas pour l’affectation des bachelier·es du Professionnel en BTS, mais esquive toujours le problème des capacités d’accueil qui se réduisent, pour la voie technologique par exemple. Comment mieux sélectionner ou, comme l’écrit le ministère, « mieux objectiver l’analyse des candidatures » ? Évidemment en renforçant « le pilotage de l’harmonisation des notes de contrôle continu » au lycée, répond ce dernier !
La liberté de choix, cette escroquerie !
La ministre de l’enseignement supérieur prend acte des mensonges de sa prédécesseure et du ministre Blanquer, en officialisant la nécessité de faire les bons choix d’orientation dès la classe de Seconde, dans le Jounal du Dimanche de ce 17 décembre. Les élèves auront la possibilité de créer leur profil Parcoursup pour pouvoir se renseigner sur les critères de sélection auquel ils seront soumis deux ans plus tard , afin de “bien” choisir ses spécialités de Première.
Il faut se souvenir des arguments de vente des réformes Blanquer du bac et du lycée en 2019. Le ministère de l’Education nationale osait, par exemple, diffuser une vidéo officielle sur la façon de choisir ses futures spécialités (voir ci-dessous). “Prenez les spécialités qui vous plaisent” , “quelque soit votre profil, nous sauront vous accompagner” etc … Tout est à l’avenant pour tromper alors les jeunes et leurs famille sur le sens des réformes qui se mettent en place.
Au regard des annonces de la ministre Retailleau, on peut mesurer maintenant le degré de mensonge que les partisans des réformes Blanquer et Vidal on pu véhiculer .
Seul un changement de paradigme permettrait de sortir de l’ornière : il faut en finir avec Parcoursup et avec la sélection à l’entrée de l’université. Il faut investir massivement dans l’enseignement supérieur public.