une réelle occasion de renouvellement de l’enseignement des langues régionales ?

Le nouveau dispositif «Parcours Mare Nostrum» se présente comme un projet interdisciplinaire entre les langues anciennes latin et grec, et une ou deux langues vivantes étrangères ou régionales (note de service du 22-3-2022 https://www.education.gouv.fr/bo/22/Hebdo12/MENE2204039N.htm). Lire aussi l’article Conseil Supérieur des Langues.

Une approche a priori intéressante des langues. Mais quel est le contenu de ce parcours ?

En vérité, le texte est très flou : sans programme, avec une heure hebdomadaire par élève partagée entre collègues, les enseignant·es doivent monter un projet à partir des thèmes de leur choix. Les élèves élaborent leur propre projet, qui peut éventuellement être évalué au DNB, ou être mentionné dans Parcoursup. Sous couvert de liberté de choix, le texte cache mal son indigence. Outre ces modalités peu attractives, rien n’est précisé sur la pédagogie ni sur les outils ni sur les heures de concertation qui sont nécessaires pour mener à bien un tel projet. Bref, beaucoup de travail en perspective pour les enseignants qui seraient intéressés, et peu ou pas de moyens. Le texte mentionne 1 heure hebdomadaire par élève. Encore une heure non fléchée prise sur la marge voire une HSE ? Il dit aussi que les professeur·es inscrit·es dans le projet “peuvent se relayer pour faire cours ou opter pour une co-intervention”. Mais rien n’est précisé pour l’organisation concrète (3 professeurs qui interviendront un trimestre chacun rémunérés en HSE ? 2 professeurs en co-intervention, avec chacun une heure poste ? Il ne faut pas rêver !

Une mise en œuvre qui semble bien compliquée.

Qui pourra bénéficier de ce parcours? Les latinistes et hellénistes, en premier lieu, mais quelle(s) autre(s) langue(s) ? Soit le texte considère que tous les élèves font les mêmes langues, ce qui est de plus en plus le cas depuis la réforme du lycée, dans ce cas un projet commun est possible. Soit il ne tient pas compte de la diversité des langues enseignées. Prenons l’exemple d’un parcours latin-espagnol : que faire des latinistes qui ont choisi allemand ? Sont-ils/elles exclu·es du parcours ? Sinon, comment leur faire admettre qu’ils vont faire de l’espagnol une heure de plus par semaine ? Et les hispanisants non latinistes, pourquoi ne pourraient-ils pas faire partie du projet ? Comment impliquer concrètement une troisième langue dans le projet ? Casse-tête en perspective…

Un dispositif conçu pour soutenir l’enseignement des langues anciennes ?

Le parcours Mare Nostrum peut-il être une occasion pour les langues à petits effectifs, fortement malmenées par les dernières réformes, de retrouver une place dans l’enseignement des langues ? Mare Nostrum ressemble aux «parcours romans», mis en place il y a quelques années, sur le principe de projets communs entre langues anciennes et modernes. Leur succès a été relatif, les collègues de langues régionales, notamment l’occitan, ont parfois saisi cette occasion. En sera-t-il de même pour Mare Nostrum ? Peut-être, faute de mieux. Encore faut-il que les sections de langues régionales ou à petits effectifs existent encore. Par ailleurs, de nombreux professeurs de lettres classiques craignent que cette heure soit déduite des heures d’enseignement du latin ou du grec et que cela affecte encore plus la situation des LCA diluées dans des dispositifs hybrides.


Vos questions
Le Snes défend les droits individuels et collectifs. Vos représentants vous répondent, vous conseillent et vous accompagnent.
Accès à la FAQ

Vous ne trouvez pas votre réponse, posez-nous votre question