En mars 2018, le ministère annonce le démantèlement de l’ONISEP (acté par la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel) ainsi que la fermeture des CIO. Cette même loi transfère aux Régions la compétence « d’information sur les métiers et les formations » « sous-traitée » par des associations puisque les régions n’ont aucune ressource humaine pour la mettre en œuvre.
Porte ouverte au privé
C’est alors la porte ouverte à l’entrée dans les établissements de toutes sortes d’organismes privés : associations, start-up dont le produit d’appel est le numérique ou un carnet d’adresses pour des stages d’observation en entreprise. Ces organismes bien souvent ne se cantonnent pas à mettre en application l’information sur les formations et les métiers mais interviennent également sur le champ de l’accompagnement, de l’orientation et du conseil. Ainsi certaines associations proposent des ateliers de réflexion sur le projet d’orientation, des questionnaires d’intérêts… Tout un programme qui peut séduire les établissements grâce à une offre marketing proposant un accompagnement « clé en main ». On assiste dans le champ de l’orientation à ce qu’on a pu observer dans d’autres services publics : affaiblissement du service public pour laisser la place au privé.
Les intervenants de ces organismes qui cherchent à se substituer aux Psy-ÉN, n’ont aucune formation en psychologie (ce qui ne les empêche pas de proposer toutes sortes de tests ou évaluations des intérêts ou de la personnalité n’ayant d’ailleurs aucune validité scientifique). Ils n’ont aucune déontologie (pas d’information des familles, aucune garantie du devenir des informations recueillies) et ne sont pas toujours exempts de conflits d’intérêts.
Dérives déontologiques
Quant aux informations données sur les formations et les métiers quelle garantie d’objectivité peut-on avoir lorsqu’elles sont données par les branches professionnelles, par des organismes de formation, y compris privés ayant tout intérêt à recruter pour leurs propres écoles ? Il faut s’opposer à ces dérives. Le SNES-FSU exige que tous les partenariats sur la thématique de l’information et de l’orientation soient présentés en CA et rejetés lorsque l’organisme propose un accompagnement sur l’orientation. Il faut être très vigilant sur les programmes d’action des régions qui ne doivent pas s’imposer mais être analysés en fonction des besoins des élèves. Dans les régions académiques, le SNES-FSU a saisi les recteurs et les DRAIO
Externalisation de l’orientation
Ce modèle doit être mis en échec, non seulement dans l’intérêt des élèves, des familles mais aussi car il aura vocation à être généralisé dans d’autres sphères de l’éducation. C’est en effet ce qui pourrait se mettre en place avec le dispositif Sport-Santé-Culture-Civisme (2S2C) instauré en juin 2020 en raison des « dédoublements » imposés par la crise sanitaire et susceptible d’être pérennisé. Des intervenants multiples, sans statut enseignant, interviendraient sur le temps scolaire.
Comme pour le champ de l’orientation, on voit se dessiner l’édification du projet libéral pour l’École avec une externalisation de l’orientation, et des matières jugées « non fondamentales ».