Dans la mise en œuvre du nouveau concours de recrutement des enseignants et des CPE, le Ministère semble vouloir agir à la hâte, et en même temps, ne dévoile son projet qu’au compte-gouttes. Il a demandé à l’automne dernier aux INSPE de créer dès la rentrée 2020 les nouveaux master MEEF pour former les candidats du concours rénové à la session 2022 ; puis, le 16 janvier, Jean-Michel Blanquer a annoncé à la CPU qu’il lâchait du lest sur l’ouverture des nouveaux masters, les INSPE n’étant plus obligés de concocter de maquettes pour la rentrée 2020, tout en confirmant que la première session du nouveau concours aurait lieu en 2022… et en laissant les INSPE libres d’ouvrir, s’ils le souhaitent, les formations ad hoc. Quant au contenu des concours : après la réunion multilatérale du 20 novembre, il a fallu attendre le jeudi 23 janvier pour que les syndicats de la FSU soient à nouveau reçus en bilatérale !
A cette occasion, la DGRH, qui pilotait la réunion, a confirmé l’essentiel de ses choix, notamment ceux qui ne peuvent faire accord avec le SNES-FSU (alternance en M2 avec service à tiers temps en établissement sous statut de contractuel de droit public, temps plein pendant l’année de stage pour les lauréats issus de master MEEF). Il semble cependant que le Ministère ait consenti à certains ajustements concernant la nature des épreuves, sans doute sous la pression de notre mobilisation, de celle des jurys et des associations de spécialistes. La DGRH dit en effet avoir entendu le souhait de faire plus de place au disciplinaire, et dans la présentation plus détaillée des épreuves, la validation des savoirs académiques a effectivement davantage de place qu’elle n’en avait dans ce qui avait été présenté le 20 novembre 2019.
Quelles épreuves pour les nouveaux CAPES et CAPET à la session 2022 ?
Épreuves d’admissibilité
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Chacune des deux épreuves écrites d’admissibilité devrait durer 5 heures minimum, se voir affectée d’un coefficient 2 et d’une note éliminatoire à 5. L’une est une épreuve « disciplinaire » , l’autre une épreuve « disciplinaire appliquée » : il s’agit de mettre le candidat en situation de produire une analyse critique de documents et de construire une séquence pédagogique à partir d’un sujet donné par le jury ; à la différence de ce qui existe aujourd’hui, les candidats devraient choisir les documents à utiliser sur internet avec un accès limité à certains sites.
Épreuves d’admission
Les épreuves d’admission, à l’oral, compteraient pour les deux tiers de la note finale, mais le premier oral, dit « de leçon » serait affecté d’un coefficient 5, le deuxième, dit « d’entretien », d’un coefficient 3. Le premier oral doit permettre d’évaluer la conception et l’animation d’une séance (maîtrise disciplinaire, compétences pédagogiques et éventuellement compétences pratiques pour certaines disciplines). Le second oral, sans temps de préparation, doit porter sur la motivation du candidat (valoriser ses travaux de recherche, les valeurs de la république, sa motivation). Le but, explique-t-on à la DGRH, est d’échanger et de présenter ses compétences acquises. Il n’y aurait pas de support, pas de question préalable, et l’épreuve ne durerait qu’une demi-heure. Le contenu de cette épreuve, surtout détaillée pour le CRPE (où s’y associe une évaluation des compétences en EPS) reste pour le CAPES et le CAPET bien confus. Son poids dans la note finale (3/12) tout à fait disproportionnée en comparaison de celui des écrits (4/12 au total).
Il est difficile de mesurer précisément les changements induits par cette nouvelle organisation, puisque les déclinaisons disciplinaires ne nous ont pas été présentées. Les Inspections y travaillent, nous répète-t-on, mais si l’on en croit le texte que vient de publier le jury d’Histoire-Géographie, les jurys sont tenus à l’écart. Si le Ministère a répété que son souhait était que les étudiants qui se destinent à nos métiers s’orientent vers des masters MEEF, il semble avoir entendu, enfin, que beaucoup d’étudiants ne font pas forcément ce choix à l’issue de la L3. Cela implique à nos yeux que la forme du concours ne les pénalise pas. Pourquoi ne pas envisager d’instaurer, ainsi que le propose le SNES-FSU, des options correspondant aux différents cursus antérieurs, afin de préserver tant la richesse des viviers que leur volume ?
Période transitoire 2021- 2022
Le risque est grand de voir le nombre de candidats de la session 2022 s’effondrer. En effet les étudiants qui s’inscriront pour préparer le concours à la rentrée 2020 voudront réussir celui de la session 2021. Ils ne seront plus candidats à la session 2022. La DGRH compte augmenter le nombre des postes aux concours internes et ceux du 3ème concours.
Agenda des futures audiences
- Février multilatérales et CTMEN pour réviser le cadre du master MEEF
- mars-avril modification des décrets statutaires Certifiés, CPE, PLP, PE
- mars-mai rémunération des fonctionnaires stagiaires
- Mai-juin circulaire sur les contractuels alternants
Ce projet de réforme de la formation reste pour le SNES-FSU inacceptable. Toute élévation du niveau de recrutement doit s’accompagner de prérecrutements et d’une hausse de la rémunération. Le SNES-FSU rejette le principe d’une épreuve d’entretien sur la motivation, le stage en responsabilité durant le M2, et revendique l’entrée progressive dans le métier avec un tiers de service l’année de stage.