Pendant que le Ministère imaginait des formes d’organisation pour les heures de soutien ou d’approfondissement à partir du texte, lançant des suggestions spontanées à partir de leur nouvelle prescription, les représentant·es du personnel FSU anticipaient et objectaient le travail réel. La charge supplémentaire, les accommodements, les bricolages, individuels comme collectifs, à l’échelle des établissements et des écoles qui seraient nécessaires… et invisibles au Ministère. Toutes cette énergie dépensée qui ne le sera même pas pour rendre cette décision unilatérale profitable aux élèves (les problèmes de conception initiaux sont trop profonds), mais pour limiter les impacts négatifs de cet énième changement dans l’urgence qui bouleversera les équilibres trouvés en matière d’apprentissages par les équipes.

C’est alors que la DGESCO a quitté le texte, et peut-être le sol. Elle nous a exposé que ces heures de soutien/approfondissement, grâce à l’implication des professeur·es des écoles (PE) dans les collèges, permettraient pour la première fois la création d’ « espaces d’interactions pédagogiques autour des élèves », et qu’elle en était fière. Si nous avons bien compris, les enseignant·es (d’élémentaire et de collège) qui interviendraient sur cette unique heure hebdomadaire élève, dans la « vision » de la DGESCO, trouveraient le temps de se concerter pour échanger et élaborer ensemble les outils et le contenu des séances fortement personnalisés à partir des besoins individuels des élèves ! Ce n’est pas du travail prescrit puisque ce n’est pas écrit pour le moment. C’est bien sûr loin, très loin des conditions du travail réel… d’autant qu’aucun temps de concertation n’est bien entendu accordé.

Apparemment la DGESCO n’a pas retenu le contenu des notes de la DEPP (service statistique de son ministère) qui en octobre établissait la médiane du temps de travail hebdomadaire des PE et des enseignant·es du secondaire à 43 heures. Si elle imagine des choses, elle n’a pas encore imaginé ce que pouvait représenter comme temps de travail l’accumulation des tâches ou des injonctions à l’innovation qu’elle impose aux personnels. Pourtant une autre note de la DEPP indiquait que plus de 50 % de personnels de l’Éducation (60 000 répondant·es) évaluaient leur sentiment d’épuisement à 8 ou plus sur 10.

Entre le travail prescrit (ce qu’on nous demande), et le travail réel (ce que ça nous demande), une nouvelle dimension s’est ouverte quelque part : le travail chimérique, soit ce que des personnels épuisés et méprisés pourraient faire en plus grâce aux injonctions bienveillantes du Ministère dans un monde affranchi du temps, de l’espace et des conditions matérielles.

Ramener les prescripteurs sur le terrain de nos réalités professionnelles et outiller nos collègues pour qu’ils puissent affronter collectivement, sans culpabilité insidieuse, les injonctions déconnectées restent donc des axes de l’action du SNES-FSU.


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