Il s’inscrit dans la réforme à étages de Blanquer visant à réformer la formation des personnels (création des INSPE, d’un référentiel de formation, mise en place de masters professionnalisés). Mettre en adéquation les contenus d’épreuves avec les exigences de l’employeur vise ainsi à achever la reprise en mains de nos métiers.

Quelques éléments d’analyse plus spécifiques au concours externe, les autres concours (spécial et interne) reprenant essentiellement les épreuves de l’arrêté de 2013.

Une absence de référence à la circulaire de missions des CPE inacceptable

Si le référentiel commun de compétences de 2013 est cité dans les attendus des épreuves, la circulaire de missions d’août 2015 est complètement escamotée. On devine pourquoi lorsqu’on sait combien le poids du SNES-FSU a été déterminant pour qu’elle valide la conception éducative du métier portée par la profession. De cette absence découlent plusieurs difficultés. Sur les trois domaines de compétences définis par le texte de 2015, seul l’axe « de la politique éducative » est abordé (épreuve d’admission n°1). Le terme « suivi de l’élève » n’est jamais utilisé alors qu’il constitue notre cœur de métier. Absence qui en dit long sur son manque de reconnaissance. Le terme « contribution à la réussite scolaire » qui a enrichi en 2015 la définition de la vie scolaire (acquis du SNES-FSU) n’est pas plus mentionné. Il n’est question que des « liens entre vie scolaire et formation de l’élève ».

L’absence du texte de 2015 n’est pas acceptable et laisse trop de latitude aux membres du jury pour imposer leur propre conception du métier de CPE.

Une composition du jury toujours problématique

Le jury de chaque concours comprend les membres des concours actuels (IG, IPR-EVS, enseignant chercheur, chef d’établissement, CPE, enseignants). Mais quid de la quotité de chaque catégorie dans la composition globale ? Au fil des années, la part des CPE s’est réduite considérablement, notamment pour les épreuves orales. Apparemment, il n’y a pas de cadre réglementaire contraignant pour le ministre qui choisit les membres sur proposition du président de jury.

La question de la composition des jurys reste posée, notamment pour celle des groupes d’examinateurs, constitués de « deux examinateurs au moins, sans pouvoir excéder quatre examinateurs ». Il y a là un risque que de nombreux groupes ne comprennent pas de CPE (comme c’est déjà le cas) et qu’un candidat se retrouve exclusivement devant des IG / IPR / chefs d’établissement avec tous les biais que nous connaissons en termes d’attendus de métier. De même, s’il est spécifié une double correction pour les copies des épreuves écrites d’admissibilité, aucune garantie que chaque binôme de correcteurs comprenne au moins un CPE.

Pour le SNES-FSU, la composition doit être rééquilibrée, faisant davantage appel à l’expertise des pairs tant pour la correction des épreuves écrites que pour les oraux d’admission. Une place particulière doit aussi y être faite aux universitaires, notamment pour les épreuves écrites. L’objectif étant de tendre vers une composition tripartite équilibrée entre institution, CPE et universitaires. Outre celle de l’émergence d’un véritable corps de formateurs CPE au sein des INSPE, cette approche de l’entrée dans le métier pose également la question de la création d”un corps d’Inspection enfin issu du corps, en lien avec celle d’une agrégation d’éducation.

Des épreuves toujours plus professionnalisées

La première épreuve d’admissibilité (la composition) est la seule à faire appel aux connaissances universitaires comme outil pour penser l’action éducative du CPE. La deuxième épreuve écrite (analyse d’une situation éducative) reste dans une tendance forte à la professionnalisation. La demande faite au candidat d’élaborer un projet en réponse à une analyse est problématique. Le SNES-FSU a déjà dénoncé cet aspect dans le référentiel de formation où il est demandé au stagiaire de mettre en œuvre un projet éducatif dans l’établissement. L’exigence « de conception et de mise en œuvre d’un projet » ne peut être une demande de concrétisation in situ faite au fonctionnaire/stagiaire en responsabilité. Il nous semble plus pertinent, en tant qu’axe de formation, de travailler à la maîtrise de la méthodologie de projet qui peut permettre justement d’outiller pour mener à bien une action éducative. C’est vrai, à plus forte raison, pour un candidat au concours.

Les épreuves orales d’admission s’inscrivent également dans cette logique de professionnalisation, notamment par le déséquilibre des coefficients et parce qu’une des épreuves ne permet pas de valoriser la connaissance du métier.

Dans la première épreuve orale (à partir d’un sujet et d’un dossier remis par le jury), il est question de « politique éducative d’établissement », notion fourre-tout que le SNES a contribué à définir dans la circulaire de 2015. Comment garantir au candidat qu’il ne se trouvera pas confronté à la vision toute personnelle des membres du jury ? Une nouvelle fois, il y a le risque que les attendus du concours demeurent en décalage avec la vision du métier portée par la circulaire de 2015. A noter une grande proximité entre cette épreuve 1 d’admission et l’épreuve 2 d’admissibilité (écrit). Les termes sont quasi identiques pour les deux épreuves, une demande « d‘un projet en réponse à… » (on peut de plus redouter à l’oral qu’il soit compris comme un « projet vie scolaire » dans la tête de certains jurés). Le SNES-FSU a défendu pour cette épreuve d’admission une véritable étude de cas, modèle d’épreuve de nature à ramener la dimension de « suivi individuel et collectif des l’élèves » dans le concours. Car en effet, au vu du contenu des épreuves, le risque est grand de voir fleurir les mêmes attendus de correction que portent les derniers rapports de jury, vibrants plaidoyers pour les réformes en cours avec des propositions de corrigés qui convoquent tous les poncifs du néo-management pourtant écartés par le référentiel et la circulaire de missions.

Une nouveauté fortement condamnée : l’épreuve d’entretien professionnel

D’une durée de 35 minutes et de coefficient 3, elle « porte sur la motivation du candidat et son aptitude à se projeter dans son futur métier au sein du service public de l’éducation » et sa capacité « à s’approprier les valeurs de la République ». Les CPE ont déjà connu l’entretien avec le jury, dit « de motivation », de triste mémoire. Peut-on encore s’interroger sur la « motivation » d’un candidat à un concours de niveau Master II ? Pour cette deuxième épreuve orale, la présence dans le jury d’un personnel administratif Ressources Humaines est envisagée. Le risque d’arbitraire nous paraît accru car cette simple éventualité de la présence d’un DRH laisse entendre qu’il ne s’agit pas de vérifier des connaissances et compétences, mais plutôt de procéder à un entretien d’embauche. L’absence de support (hormis la simple fiche de candidature) et de temps de préparation interroge sur le sérieux de cette épreuve où le candidat sera amené à réagir plutôt qu’à réfléchir. Comme pour les enseignants, Le SNES-FSU juge cette épreuve orale d’entretien professionnel inacceptable et en a, dès le début, demandé l’abandon.

Pour le SNES-FSU, le lien entre concours et formation est indissociable de la question du métier et de l’identité professionnelle. Aussi, ce dernier arrêté sur les modalités des concours s’inscrit bien dans un projet d’ensemble du ministre : fonder la formation sur la pratique, le compagnonnage et l’imitation, plus que sur les compétences disciplinaires et les capacités réflexives, au prix d’une entrée dans le métier par la précarité. Le SNES-FSU porte un tout autre projet.

Arrêté concours CPE


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