Négociations sur le statut des profs
Si c’est le cas, faisons attention. Si on veut faire un projet précis, ou bien on en reste à des revendications moyennes qui ne satisferont personne, à cause de la diversité de nos situations, ou bien on essaie de tout prendre en compte. Et dans ce cas, plus ce sera détaillé, et plus on risque de rencontrer des difficultés et des contradictions. Le diable est dans les détails ; les collègues sauront nous reprocher les conséquences de ce que nous dirons.
Le sens du combat syndical reste pour moi ce qu’il a toujours été, d’avancer des revendications et de créer des rapports de force, mais pas de se diluer dans une cogestion dont les conséquences seraient désastreuses pour le SNES et le syndicalisme en général. Ce qui veut dire aussi qu’après les négociations, il ne faudra pas signer des accords de « moindre mal » ; ce serait tomber dans le piège tendu par le Ministre.
Dans ces négociations, nous sommes le SNES, c’est-à-dire que nos représentants porteront les mandats de l’ensemble des profs du second degré. Beaucoup de nos revendications ne sont pas spécifiques aux CPGE : risques d’annualisation partielle, revendications salariales, retraites, effectifs, et nouvelles « missions » qui vont nous être imposées. Ne négligeons pas cette dernière question : les profs de prépa nommés par l’IG peuvent sur certains points tenir tête à leur proviseur, pas ceux du secondaire.
Salaires et ORS:
Si nous voulons rester résolument ancrés dans le secondaire, ce qui est préférable, il vaut mieux éviter un statut spécial, et, pour éviter d’avoir des hsa qui n’en sont pas vraiment, en transformer au moins une partie en bonifications indiciaires, comme le propose effectivement le texte préparatoire.
La décharge pour effectifs pléthoriques est justifiée. On pourrait lui ajouter une autre heure en cas d’effectifs « géants ». Les collègues qui voient chaque semaine plus de 150 étudiants, avec paquets de copies en conséquence, comprendront.
Plutôt que d’ergoter sur le taux des hsa, il vaudrait mieux remettre sur la table des revendications salariales générales communes à tous les fonctionnaires, et les pertes de pouvoir d’achat subies dans les dernières années, dues au blocage du point d’indice.
Demander la généralisation des chaires sup, oui. Mais les demandes d’accès à l’échelle B n’ont à mon sens aucun intérêt. A force d’avancer des revendications trop catégorielles, nous allons nous isoler un peu plus dans les salles des profs.
Effectifs : il faut d’abord arriver à rééquilibrer les effectifs entre classes prépas de même filière géographiquement proches. On peut utiliser APB pour cela.
Et si on ne peut pas empêcher des journaux de publier chaque année, que ce soit pour les résultats du bac ou des concours, des palmarès et des classements entre lycées, aussi absurdes que ridicules, il est de notre devoir de dénoncer, individuellement et collectivement, cette mise en concurrence entre les fonctionnaires de la République que nous sommes, et de demander au ministère de le faire aussi.
Démocratisation : parlons-en aussi. J’enrage de voir chaque année certains de mes étudiants, aux prises avec des difficultés de logement ou de transport, obligés d’avoir une activité salariée pendant la semaine, ou empêtrés dans des démarches compliquées entre les services sociaux du lycée et le CLOUS, et finir par abandonner la prépa, complètement découragés.
Je suis aussi désolé de voir, pour les inscriptions multiples aux concours, les étudiants non boursiers, mais pas nécessairement aisés, qui veulent mettre toutes les chances de leur côté, débourser des sommes importantes, jusqu’à 1000 euros.
A quand la création d’un statut de l’étudiant, promise il y a quinze ans, mais jamais mise en oeuvre ? Le SNES fait partie de la FSU, ce serait l’occasion de mener une campagne en lien avec nos collègues des universités.
Pour finir, quelques remarques de langage :
Je n’aime pas le terme de « filières d’excellence » appliquées à nos classes, car je ne me suis jamais considéré comme un « excellent » prof, mais simplement comme un fonctionnaire qui essaie de faire correctement le travail auquel il s’est engagé devant ses étudiants.
Vu le petit nombre de mes étudiants qui sont arrivés à intégrer des « écoles prestigieuses », j’évite de même ce terme.