collège Fleury Nord

Au Sénat, la secrétaire d’État à l’Éducation prioritaire (EP) a présenté un projet ministériel à deux échéances : délabellisation des REP à la rentrée 2022, expérimentation de contractualisation dès 2021.

Expérimentation : le coup des CLA

Des Contrats locaux d’accompagnement (CLA) sont actuellement proposés à titre expérimental dans les académies d’Aix-Marseille, Lille et Nantes. Sélection sur appel à projet ou sollicitation directe par les DASEN, des établissements et écoles sont priés de ficeler des projets express. Ils ont en commun d’être proches des critères de l’EP ou d’avoir été classés avant 2014 pour les lycées, la ruralité pouvant aussi jouer. Le CLA s’accompagnerait d’un abondement des moyens.

L’expérimentation étant annoncée à coût constant dans un contexte général de suppressions d’emplois dans le second degré, la poignée d’heures promise ne pourra provenir que d’une redistribution entre établissements. Par ailleurs, le contrat fait entrer dans une logique d’objectifs et de résultats avec mainmise du rectorat sur le projet d’établissement et les pratiques pédagogiques, renforçant la pression sur les personnels et la concurrence entre établissements.

C’est pourquoi le SNES-FSU appelle à ne pas entrer dans cette démarche, dont les objectifs sont, une fois de plus, la mise au pas des équipes, auxquelles l’administration fait miroiter quelques moyens sans garantie de pérennité. Les CLA ne répondent en rien aux besoins de l’EP, qui demande de l’investissement sans pour autant corseter les équipes. Il est possible de refuser ces contrats, notamment en exigeant l’accord préalable du CA. En effet, l’article D314-4 du code de l’éducation précise clairement que cet accord doit être reçu pour les expérimentations engagées au niveau national dont le ministère a défini les grandes orientations.

2022 : peau de chagrin

Si le label national REP (deux tiers des établissements classés) était supprimé, rien ne garantirait plus de dotation supplémentaire, ni indemnité ou bonifications mutations pour les personnels. Les équipes de REP se verraient obligées d’accepter un CLA pour conserver des moyens et la carte de l’EP serait gommée.

Simultanément, les REP+ sont peu à peu phagocytés par le label des cités éducatives, qui passent de 80 à 120 à la rentrée 2021. Le principal du collège tête de file, un adjoint de la collectivité locale et le préfet pilotent le projet éducatif sans consulter les équipes enseignantes. Elles semblent des coquilles vides mais sont les incubateurs de déréglementations. Déjà, la section académique du SNES-FSU de Lille a fait reculer le projet du rectorat d’en profiler tous les postes vacants.

Le SNES avec la FSU organise des états généraux de l’éducation prioritaire dans les départements, dont les délégués porteront propositions et revendications le 28 janvier au niveau national. La grève du 26 janvier sera aussi l’occasion de manifester contre cette réforme.


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