Vous avez été mal renseigné, Monsieur le premier ministre.
Gabriel Attal essaye d’abord de rassurer en indiquant qu’il n’y a pas de remise en cause des classes préparatoires. Mais il assume, tout de suite après, le discours du recteur de Paris, comme s’il s’agissait d’un épiphénomène isolé. Or, ce qui se prépare à Paris pourrait avoir à l’avenir des effets désastreux dans tout le pays (voir ici). Les fermetures semblent entérinées dans ses propos mais, aujourd’hui les projets du rectorat de Paris n’ont pas encore été signés.
Pas besoin des prépas littéraires ?
Gabriel Attal déclare : “Je regarde s’il y a des classes prépas dont on a moins besoin, notamment celles comme on dit orphelines, il y a hypokhâgne et pas khâgne. Il y avait peu d’inscrits aussi.”
Les effectifs des classes préparatoires littéraires sont en hausse constante, comment le premier ministre peut-il déclarer que la France en a moins besoin ?
Quoi qu’on puisse penser des prépas orphelines – on peut certes constater que les établissements ayant de gros pôles de prépas permettent de meilleures synergies et d’offrir des services complets dans un même établissement pour les professeurs et non sur deux ou trois- il est scandaleux d’en faire un argument pour justifier des fermetures, surtout dans une classe qui affiche 46 étudiants.
Peu d’inscrits vraiment ? Le scandale de la théorie des places vacantes
Comment affirmer que les classes qui ferment à Paris ont peu d’inscrits alors que l’hypokhâgne de Lamartine, la khâgne de Chaptal et l’ECG de Decour dépassent les 35 étudiants et que l’ATS Bio de Pierre-Gilles de Gennes a 22 étudiants pour 24 places ?
Il n’est pas admissible que le premier ministre reprenne les propos du DASEN de Paris qui, pour justifier les projets de quatre fermetures du rectorat a développé une rhétorique délétère, à terme, pour les classes préparatoires du pays, en additionnant les places « vacantes » comptabilisées en-dessous de 48 dans toutes les CPGE de l’académie , quelles qu’elles soient. Alors que la moyenne des effectifs approche les 43 étudiants par classe, le rectorat de Paris tente de faire croire dans la presse qu’il y a un problème de recrutement en CPGE à Paris et qui rendraient indolore les fermetures de classes programmées. Dans un renversement complet, le chiffre de 48 qui est normalement un maximum devient un plancher. Cette nouvelle façon d’aborder les effectifs a tout de suite soulevé beaucoup d’inquiétudes dans toutes les CPGE de tout le pays. Que se passerait-t-il à l’avenir dans toutes les académies si des classes qui recrutent bien venaient à fermer à la rentrée 2024 à Paris ?
Des propos qui inquiètent, une audience s’impose
Le premier ministre cherche à rassurer en précisant qu’il n’y a pas de remise en cause des classes prépas mais ces approximations et ces propos problématiques inquiètent, au contraire, la profession.
L’intersyndicale demande à être reçue par la ministre depuis la nomination de cette dernière afin de pouvoir l’éclairer sur les enjeux des fermetures de CPGE à Paris. Visiblement, il conviendrait de rencontrer également le premier ministre. Le SNES-FSU y est disposé.
Il faut annuler les projets de fermeture de CPGE de Paris
Rappelons que le Conseil Supérieur de l’Éducation, a l’initiative, entre autres, de la FSU, a adopté un vœu demandant l’annulation des projets de fermeture des CPGE de Paris.