Louis Boyard, président du syndicat lycéen UNL, revient sur la mobilisation de la fin de l’année dernière et appelle à un mouvement durable et victorieux.
L’US : Où en est la mobilisation des lycéens en ce début d’année ?
Nous avons débuté l’action dès le 30 novembre dans la foulée des Gilets jaunes pour faire entendre nos revendications. Des centaines de lycées se sont mobilisés en décembre. Nous sommes touchés de plein fouet par les politiques libérales qui visent à démanteler le service public d’éducation. Des postes de professeurs ont été supprimés en masse par le passé et le ministre poursuit sur la même lancée. Le contexte social actuel nous donne l’opportunité de gagner contre un gouvernement qui cède difficilement. En ce début d’année, nous travaillons de concert avec les organisations syndicales enseignantes pour construire un véritable rapport de force. Une journée nationale d’action est prévue le 17 janvier pour préparer la grève du 24 et en faire une date majeure dans la mobilisation.
L’US : Face au train de réformes qui touchent le secondaire et le supérieur, quelles sont les inquiétudes des lycéens ?
Elles sont nombreuses. D’abord, nous refusons la sélection à l’Université. Puis, nous nous opposons à la réforme du baccalauréat et à l’introduction de 10 % de contrôle continu. Selon l’établissement fréquenté, le bac n’aura pas la même valeur. Nous dénonçons aussi la réforme du lycée qui renforce les inégalités sociales et territoriales. À Paris, la plupart des lycées disposent de huit spécialités sur les 12 proposées ; en banlieue, le choix se réduit à 4 ou 5, dans les lycées ruraux, à 3 ou 4. Par ailleurs, la réforme de la voie professionnelle interdit définitivement l’accès au supérieur à des élèves qui voudraient changer de voie. Enfin, nous refusons le Service national universel (SNU), censé, nous dit-on, favoriser la mixité sociale et l’égalité. Ce sont deux missions de l’École mais celle-ci n’est plus en mesure de les assurer faute de moyens. Avec le SNU, qu’il faut abroger, il y a une manne de cinq milliards que l’on peut réinvestir dans le secondaire et le supérieur.
L’US : Vous dénoncez très vivement les violences policières qui ont émaillé les mobilisations.
Nous n’avons pas été épargnés. À Mantes-la-Jolie, tout le monde se souvient des lycéens contraints de se tenir à genoux, mains sur la tête. Très largement relayée sur les réseaux sociaux, cette image est devenue un symbole, mais Mantes-la-Jolie n’est pas une exception. Notre réaction aux violences a été de porter plainte contre procureur, préfet, forces de police. Nous travaillons avec le Syndicat des avocats de France (SAF) qui nous aide beaucoup.
L’US : En quoi une mobilisation commune lycéens-professeurs vous semble-t-elle nécessaire ?
Lorsque seuls les professeurs manifestent, le ministre a beau jeu de les culpabiliser, de leur reprocher de priver leurs élèves de cours. Quand les élèves agissent seuls, on prétend qu’ils veulent sécher les cours.
Si professeurs et lycéens sont unis, l’argumentaire du ministre ne tient plus. Tout le secondaire doit se mobiliser. On ne demande pas un recul de ces politiques, on demande un changement radical.
Propos recueillis par Hamda El Khiari