Le ministère a fait la publicité du privé sous contrat en publiant des données sur les collèges dont leur taux de réussite au DNB, lié à un indice de valeur ajoutée du collège (IVAC). Le taux d’accès n’y est pas pris en compte, alors que le privé écarte des élèves avant la Troisième. Ainsi, il sort gagnant des « palmarès » alors que l’éducation prioritaire, par exemple, a des résultats plutôt supérieurs aux attendus.
La publication des IPS (indicateur de positionnement social) est venue confirmer officiellement que le privé sélectionne ses élèves et participe massivement d’une ségrégation sociale et scolaire. Sur les 200 collèges ayant les IPS les plus bas, 98 % sont publics.
L’État sous la dictée
Face aux velléités ministérielles et aux vérités statistiques, le secrétariat général de l’enseignement catholique a mené une campagne signifiant son refus de toute exigence de la part de la puissance publique qui le finance pourtant à 75 %. Le ministre a accepté de parapher un protocole d’accord avec un organisme catholique alors que la loi ne reconnaît que des établissements. Le réseau privé catholique, ne s’y engage en rien, ne tolère aucune obligation sur la mixité sociale ou scolaire et obtient du gouvernement qu’il place l’État à son service.
Ce dernier va faire sa publicité auprès des bons élèves défavorisés socialement, rechercher de nouvelles faveurs fiscales pour son bâti scolaire ou inciter les collectivités territoriales à financer ses cantines alors qu’elles n’en n’ont pas l’obligation légale. Tout cela a pour objectif d’encourager le siphonnage de l’école publique. En signant ce protocole, l’État semble reconnaître le privé catholique comme membre de plein droit du système scolaire public. C’est une faute politique lourde de sens et de conséquences pour la République.
Besoin d’école laïque !
Ce protocole honteux forme l’horizon paradoxal d’une extension de la loi Debré à tous les établissements, accomplissant une indifférentiation-territorialisation-privatisation de l’école publique. C’est le grand marché scolaire, point d’aboutissement des politiques initiées par Jean-Michel Blanquer. Dans ce contexte, ses soutiens doivent avoir pour boussole le rappel des belles différences du projet scolaire de l’école publique, laïque, gratuite et obligatoire : accueillir partout tous les élèves sans distinction d’aucune sorte, être ambitieux pour chacun, respecter et participer à une véritable liberté de conscience notamment par la construction de l’esprit critique autour de savoirs scientifiquement validés. L’heure est aux réponses politiques comme quotidiennes des acteurs et défenseurs de l’école laïque. Le SNES-FSU sera à l’offensive pour rendre ces réponses majoritaires dans l’école et dans le pays.