Le projet de réforme du baccalauréat et du lycée, porté par la mission pilotée par Pierre Mathiot, émerge de plus en plus clairement des quelque 70 audiences réunies à ce jour.

La mission sur la réforme du bac et du lycée vient de clore sa phase de consultation et entame une phase d’études déconcentrées et d’observation dans les académies et en Italie. La consultation a été élargie à tous les lycéens, invités à répondre à une enquête en ligne.

Les scénarios possibles

Le principe des quatre épreuves nationales en Terminale semble inamovible : deux épreuves écrites sur les deux disciplines de la majeure à la fin du premier semestre avec communication précoce des résultats aux universités via Parcoursup, grand oral dans ces deux disciplines et épreuve de philosophie en juin. Le grand oral porterait sur un sujet choisi par l’élève, éventuellement préparé collectivement, que l’élève passe seul devant un jury de trois personnes dont un non-enseignant. Ce dernier point semble encore à l’étude. L’épreuve de philosophie pourrait soit être distincte en fonction de la majeure, avec des programmes voire des sujets différents, soit identique pour tous avec des critères de correction différents. Les épreuves anticipées de français resteraient en Première.

Concernant les autres disciplines, les mineures et les disciplines de tronc commun, elles ne seraient pas évaluées de la même façon que les précédentes. De l’aveu même des membres de la commission, les différentes formes de contrôle local, que ce soit des contrôles en cours de formation, des épreuves en cours d’année ou du contrôle continu, posent problème. L’hypothèse de partiels anonymes avec épreuves académiques ou nationales est envisagée, tout comme celle d’une sorte « bac blanc académique » concentré sur une semaine d’épreuves.

L’année serait rythmée par les semestres. Les volumes horaires seraient ramenés à 27 heures de cours pour les élèves, réparties en 15 heures de tronc commun et 12 heures pour les majeures et les mineures en Première, et l’inverse en Terminale.

Une organisation sur le modèle universitaire

En Seconde, le tronc commun occuperait l’intégralité des enseignements du premier semestre, et l’élève pourrait choisir des modules au deuxième semestre sous la forme d’une coloration. L’accompagnement personnalisé des élèves serait davantage centré sur la méthodologie et l’orientation.

Concernant les disciplines classées comme « majeures » calibrées à 3 heures par semaine en Première et 6 heures en Terminale, il y aurait, à ce jour, neuf doublettes associées à deux disciplines « mineures », mais la liste n’est pas fermée car l’idée de laisser le champ à l’autonomie des établissements pour proposer d’autres appariements fait son chemin : maths/physique-chimie, maths/SVT, maths/informatique, maths/SES, sciences de l’ingénieur/physique-chimie, lettres/langues, lettres/arts, SES/histoire-géo, lettres/philo… Ces hypothèses laissent néanmoins beaucoup de zones d’ombre. Quel devenir, par exemple, pour les options, les LV2 ou la voie techno­logique ? Pour l’instant, il n’y a pas de réponse claire, seulement des hypothèses.

Claire Guéville

Genèse d’un projet Inutile de chercher bien loin pour faire l’archéologie de la réforme en cours. « Conserver des épreuves écrites terminales est essentiel pour assurer la fonction symbolique du baccalauréat auquel elles confèrent un caractère solennel. Mais réduire leur nombre faciliterait l’organisation et réduirait tant le coût de l’examen que la perte d’enseignement. » « L’argument principal évoqué pour refuser le renforcement de l’évaluation continue est l’absence d’homogénéité de la notation entre les établissements. » Mais ce serait possible avec « la réalisation obligatoire par les profs (…) de protocoles d’évaluation soumis au conseil pédagogique de l’établissement, et dont l’élaboration et la mise en œuvre seraient observées par les inspecteurs pédagogiques ». Il faut aussi des épreuves interdisciplinaires à l’instar du « colloquio » italien. Ceci n’est pas le rapport Mathiot en avant-première mais des extraits des propositions pour une évolution du baccalauréat, publiés dans un rapport de l’Inspection générale en 2011. Toute ressemblance avec un projet existant serait-elle purement fortuite ?


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