Un plan pour l’école était attendu. Ce devait être une des principales annonces du déplacement présidentiel à Marseille. A la surprise générale, Emmanuel Macron a surtout déroulé un programme pour l’Ecole de futur, probable, candidat à l’élection présidentielle. L’annonce d’une expérimentation du recrutement des enseignants par les directeurs d’école est dangereuse. Elle ouvre une brèche dans le fonctionnement du service public d’éducation : Emmanuel Macron cherche à substituer aux mutations régies par des règles connues de tous un recrutement sur profil, ouvrant la porte à l’opacité et au clientélisme.
Aucune mesure chiffrée, aucun plan de financement….pour le second degré, le président de la République n’a fait qu’évoquer des projets de micro collèges et micro lycées, très loin des attentes pour un plan d’urgence pour l’académie.
Recyclage de mesures qui ont échoué
L’idée d’un recrutement par le supérieur hiérarchique directe n’est pas nouvelle. Elle a déjà été expérimentée dans le second degré en Education prioritaire, dans le cadre du programme ECLAIR menée pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, et alors que Jean-Michel Blanquer était le DGESCO, c’est-à-dire le numéro 2 du ministère de l’Education nationale. Après l’abandon du programme ECLAIR, certains Rectorats ont persisté et organisé un mouvement spécifique sur des postes en REP+, avec en particulier un avis du chef d’établissement. Dans les deux cas, ces mesures ont été un échec : postes non pourvus, peu de candidats.
Des ECLAIR aux annonces d’Emmanuel Macron, en passant par les postes profilés en REP+, l’Éducation prioritaire apparait comme le laboratoire des politiques libérales. Comme si les élèves des milieux les plus défavorisés devaient être les cobayes des politiques de déréglementation qui reviennent surtout à affaiblir le service public là où on en a le plus besoin.
Ainsi, les projets en cours, par exemple l’expérimentation des CLA (contrats locaux d’accompagnement) dans 3 académies, sont sous-tendus par les mêmes logiques. Dans les CLA, la contractualisation des moyens (lier des moyens à des objectifs locaux) dissimule, à peine, une réduction massive du périmètre de l’Education prioritaire. Voir notre article du printemps dernier “le coût des CLA”
Dynamitage du statut : un projet politique assumé par ce gouvernement
Ce n’est pas la première fois que ce gouvernement introduit de l’opacité et de l’arbitraire dans la gestion des personnels : il est aussi celui qui a conduit la loi de Transformation de la Fonction publique. Plus aucun contrôle des instances paritaires n’est possible sur les opérations de gestion collective, en particulier sur les mutations.
Le mouvement est potentiellement entaché d’erreurs, les passe-droits sont désormais possibles. L’objectif était clair : mettre à mal le statut de Fonctionnaire, ouvrir la porte à l’arbitraire et l’opacité, soumettre l’individu au fait du prince. Le paritarisme, garant des principes fondateurs de la Fonction Publique, a ainsi été foulé aux pieds par un gouvernement qui n’a cessé de confirmer sa volonté de démanteler toutes les protections collectives dont bénéficient les individus dans notre modèle social.
Agir !
Emmanuel Macron a annoncé que cette expérimentation marseillaise pourrait être généralisée. Cette annonce a donc tout de la préfiguration d’un projet dangereux pour le service public d’Education : un projet inspiré de logiques managériales venues du privé. Or, la logique du service public n’est pas celle du privé : les services publics sont les garants de l’égalité, au service de l’intérêt général pour faire vivre les promesses républicaines.
La FSU exige que des moyens à la hauteur des enjeux soient débloqués pour garantir à tous les élèves un même droit à l’éducation et à tous les usagers un égal accès aux services publics, sur tout le territoire. Elle appelle les personnels à se mobiliser le 23 septembre, à l’appel de l’intersyndicale de l’éducation, et le 5 octobre à l’appel de l’intersyndicale interprofessionnelle pour l’emploi, les rémunérations et les conditions de travail.