Alors que la mise en œuvre des réformes pèse sur les personnels comme sur les élèves, le ministère ouvre un comité de suivi dont l’objectif vise à faire accepter une nouvelle organisation des enseignements et du bac totalement bancale.

Le ministère ne lésine pas sur les effets d’annonces et les mesures hasardeuses comme « Les précisions relatives au nouveau bac seront apportées progressivement » (L’Étudiant, 21 octobre). Et de fait, l’enquête du SNES-FSU fait la démonstration d’un niveau d’impréparation inédit. Les premières épreuves du bac 2021 (E3C) vont avoir lieu dans moins de 3 mois, à partir de la mi-janvier 2020, pour les élèves de Première. À ce jour, la plus grande incertitude règne ! Qui sait comment vont se dérouler les épreuves ? Certainement pas les personnels, qui, comme les parents d’élèves, sont laissés dans l’incertitude. Dans 60 % des lycées, on ne sait pas si les cours seront banalisés comme pour le bac blanc ; dans 74 %, on ne sait pas comment seront organisées les salles d’examen ni même s’il y en aura ; dans 47 %, on ne sait pas comment vont se choisir les sujets. Ailleurs, on retrouve toutes les configurations possibles, d’un temps dédié à l’épreuve dans une salle aménagée en mode examen, jusqu’au déroulement sur l’emploi du temps habituel.

Bac Blanquer, bac mystère

Le ministère continue donc d’entretenir le mystère autour du nouveau bac et d’encourager des modalités variables d’organisation. La banque nationale de sujets ne sera pas accessible avant décembre et en l’état, les contenus des évaluations comme leur niveau d’exigence restent inconnus. Certes, tous les personnels ont reçu une note de cadrage, qui en réalité ne cadre rien. Les établissements restent libres d’organiser à leur guise les E3C. Un calendrier national se limite à fixer la date butoir pour la tenue des commissions académiques, les opérations de remontée et d’harmonisation des notes. Pour la première session d’E3C, avec le 13 mars comme horizon, « Il est souhaitable que les épreuves ne débutent pas avant le 20 janvier » est-il écrit avec la précision que seules les épreuves de langues vivantes « à faible diffusion » bénéficieront d’un calendrier national et resserré entre les 3 et 7 février. Même si le ministère dit préférer une épreuve sur un temps commun à tous et un sujet unique pour toutes les classes d’un même lycée, il ajoute que l’organisation de la session ne doit pas perturber les autres cours. Il faut reconnaître qu’il manie l’injonction contradictoire avec beaucoup de constance.

L’indemnisation des corrections en question ?

Le SNES-FSU continue de demander l’annulation de cette session d’épreuves locales et la transformation de la session de juin en épreuves nationales. À ce jour, si le ministère refuse encore l’éventualité de surseoir aux E3C de janvier, il semble désormais envisager une indemnisation des cor­rections. Or, les textes réglementaires existent déjà en la matière, nul besoin d’en inventer d’autres ! Plus précisément, la rémunération pour participation aux travaux des jurys des examens et concours est fixée par les arrêtés du 13 avril 2012 pour l’Éducation nationale et du 9 août 2012 pour l’Enseignement supérieur.

Le SNES-FSU exige l’application des textes en vigueur, ce dont le ministère s’affranchit souvent, et la revalorisation des indemnisations.

Vu du ministère, tout va bien

« La rentrée n’a pas été la catastrophe annoncée » martèle Pierre Mathiot dans la presse et au comité de suivi réuni le 9 octobre dernier. Exit la question des emplois du temps éclatés, des programmes infaisables, de l’affaiblissement de la voie technologique, du laminage des enseignements artistiques, de LVC et de LCA ! Tout cela ne compterait pas puisque la « liberté de choix » serait préservée. Au-delà du discours officiel, on nous promet des « ajustements » qui entérinent la disparition du groupe-classe et cherchent à pérenniser un lycée à la carte dont on mesure pourtant au quotidien les effets délétères.

Claire Guéville

L’organisation du bac 2019-2020, avec les E3C en Première, se révèle être une véritable usine à gaz.
La plus grande incertitude règne

Des référents à la pelle !
Avec l’éclatement du groupe classe, que peuvent devenir les conseils de classe et la fonction du professeur principal ? Le ministère dit envisager la désignation d’enseignants référents pour le suivi individuel des élèves, d’un coordinateur par classe et d’un autre encore pour la préparation à l’enseignement supérieur.


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