
En ce début mars 2025, la « Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance (DEPP) » a publié une nouvelle note portant sur « les choix d’enseignements de spécialité et d’enseignements optionnels à la rentrée 2024 ».
Choix de spécialité : la physique-chimie a-t-elle le vent en poupe ?
Dans le cadre de la réforme du baccalauréat, depuis la rentrée 2019, les élèves qui entrent en Première générale optent pour trois enseignements de spécialité obligatoires dont l’un qu’ils doivent abandonner en fin d’année pour n’en conserver que deux en Terminale.
En 2024 la spécialité physique-chimie a été choisie par 45,3 % des élèves en Première et par 31,7 % des élèves en Terminale. Nouveauté en Première : la physique-chimie dépasse les SES pour prendre la seconde place. En Terminale elle reste le troisième enseignement de spécialité le plus choisi.
Sur ces trois dernières années, un mouvement de fond semble favorable à la physique-chimie.
La physique-chimie reste constitutive de la triplette la plus choisie en Première (Maths/PC/SVT – 23,9 % – valeur en augmentation à +0,9) et de 2 des 3 doublettes les plus choisies par les élèves en Terminale (Maths/PC – 21,1 % en hausse de +0,7 et PC/SVT – 9,7 % – en baisse de 0,1 %).
On voit que sur le niveau Première, c’est la triplette Maths/PC/SVT qui bénéficie le plus du choix plus fréquent de la spécialité physique-chimie. Cela ne va-t-il pas encore plus dans le sens d’un retour vers le passé avec une série S-SVT retrouvée ?
En terminale, la physique-chimie n’apparaît que dans deux des doublettes les plus fréquentes. Les choix de combinaisons « exotiques » ne sont pas faits par les élèves ayant choisi la physique-chimie comme spécialité. Pourquoi ? Ces élèves seraient-ils issus de milieux « plus favorisés » et « mieux informés » ?
A noter que le taux d’abandon entre la Première et la Terminale est en baisse constante ces quatre dernières années : il est passé de 28,2 % (2020/2021) à 27,7 % (2023/2024). Fait remarquable, les filles abandonnent moins la discipline que les garçons (25,5 % contre 29,5 % en 2023/2024).
Des choix socialement (de plus en plus) marqués
En septembre 2024, il y a toujours un écart assez fort entre les choix des élèves selon leur milieu social d’origine. Près de la moitié (48%) des élèves ayant choisi la spécialité physique-chimie en Terminale sont issus de milieux très favorisés. Cette proportion est en légère augmentation entre 2022 et 2024.
En fait, les élèves issus de milieux très favorisés choisissent de plus en plus les spécialités mathématiques (53 % en 2024) et physique-chimie (38 % en 2024). Une forme de hiérarchisations des enseignements scientifiques perdure…
Des choix genrés ?
La part des filles en spécialité physique-chimie en Terminale a légèrement augmenté en 2024 pour atteindre 47 %. On retrouve le niveau de 2022 (46,9%) après la baisse de l’an dernier (46,2 % en 2023). On reste en deçà de la proportion des filles sur la cohorte qui est de 55 %.
Elles représentent 37,7 % des élèves ayant choisi la combinaison Maths/PC en Terminale et 66,4 % pour PC/SVT.
En Première, elles constituent 59 % des élèves ayant choisi la triplette Maths/PC/SVT, 14,4 % en Maths/PC/NSI et 15,3 % en Maths/PC/SI.
Force est de constater que la réforme Blanquer du lycée continue de produire ses effets délétères. Le « choc des savoirs » qui a pour fondement le tri social en est la continuation. L’une comme l’autre doivent être abrogés. Construisons ensemble un système éducatif au service de la réussite de tous les élèves.
Les notes de la DEPP sur les choix d’enseignements de spécialité