Méthodologie

La DEPP a choisi de retenir 2201 établissements (dont les 2/3 sont publics – les autres sont privés sous contrat) préparant au baccalauréat général dont 90 % sont situés en zone urbaine.

L’étude note que « l’indice de position sociale (IPS) moyen de leurs élèves du 2d cycle GT est en moyenne de 116. La moitié des établissements ont un IPS entre 106 (1er quartile) et 125 (3e quartile) ». Quant à l’IPS des établissements privés sous contrat « il est plus souvent plus élevé qu’ailleurs ».

Elle a restreint son étude aux « données les plus robustes ». Ainsi les auteurs de l’étude ont choisi un seuil « pour un établissement et pour une discipline ou un enseignement donné, d’au moins 10 élèves concernés par la discipline, dont 90 % ont une note dans LSL ».

Les disciplines et enseignements pour lesquels plus de 80 % des établissements sont au-dessus du seuil ont été retenus dans l’étude (Philosophie – Histoire-géographie – HGGSP – Mathématiques – Physique-Chimie – SVT – SES – LLCER et EPPCS).

L’étude a été faite en comparant les moyennes de contrôle continu avec les résultats aux épreuves terminales du baccalauréat général de la session 2023. A noter qu’en mars 2025, « l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) » a, de son côté, publié un rapport sur les « Pratiques d’évaluation en physique-chimie dans le cycle terminal de la voie générale ». Vous trouverez un lien en fin d’article vers ce document (dont la lecture est parfois agaçante – même si en creux il acte la victoire obtenue en 2021 par le SNES-FSU sur la question du projet local d’évaluation) et l’analyse qui peut en être faite. Les deux études sont à la fois cohérentes et complémentaires.

Pour son étude, la DEPP a observé les données suivantes :

  • les moyennes annuelles des notes de contrôle continu des élèves de l’établissement,
  • les notes obtenues par ces mêmes élèves à l’épreuve terminale du baccalauréat,
  • l’écart pour chaque élève entre sa moyenne annuelle de contrôle continu et sa note à l’épreuve terminale du baccalauréat.


Résultats

Le rapport note qu’à la session 2023 du baccalauréat général, les écarts entre contrôle continu et notes aux épreuves terminales sont variables selon les disciplines et enseignements : meilleures notes en CC en Philosophie ou SES et moins bonnes en Mathématiques.

En physique-chimie l’écart est plutôt faible mais la dispersion des notes aux épreuves terminales est plus grande qu’au contrôle continu.

La DEPP remarque que « dans toutes les disciplines et tous les enseignements, plus la note moyenne à l’épreuve terminale de l’établissement est élevée, plus l’établissement sous-note les élèves en contrôle continu ». Elle ajoute que « les établissements privés sous contrat et ceux accueillant une population plus favorisée ont tendance à davantage sous-noter en mathématiques » (voir le premier graphique de la figure 2 ci-après) et « qu’à contrario, en physique-chimie, dans les établissements dont les élèves sont en moyenne plus défavorisés, l’écart de notation est plus souvent en faveur du contrôle continu » (voir le troisième graphique de la figure 2).

Aucune différence de comportement de notation selon l’existence d’une offre post-bac dans l’établissement (voir le cinquième graphique de la figure 2). En revanche,  il est observé que « l’écart de notation est un peu plus souvent en faveur du contrôle continu dans les établissements ruraux et ceux ayant une offre pédagogique réduite ». Cela serait un peu plus le cas en physique-chimie que dans d’autres disciplines (voir les deuxième et quatrième graphiques de la figure 2).

Un écart de notation nul en moyenne dans un établissement peut masquer des réalités différentes selon le profil des élèves. La note indique que « l’hétérogénéité des écarts de notation parmi les élèves est en général plus importante en HGGSP, SES, philosophie et SVT, un peu moins en EPPCS, LLCER, mathématiques et physique-chimie ».

De manière générale, plus la moyenne par établissement à l’épreuve terminale est élevée, plus l’écart moyen est faible. Les lycées ayant des élèves obtenant des notes élevées aux épreuves terminales « sous-notent » plus que les autres. L’inverse est vrai aussi. La DEPP note que « ce lien est particulièrement fort en physique-chimie et en mathématiques ».

Le document indique que « les établissements dans lesquels l’écart de notation va dans le même sens pour toutes les disciplines et tous les enseignements (…) sont au nombre de 46, soit 2,1 % de l’ensemble ». Dans la plupart des lycées, les écarts sont donc variables d’une discipline ou d’un enseignement à l’autre. On sent bien que l’étude pourrait être récupérée par les corps d’inspection et/ou les chef·fes d’établissement pour justifier de revenir sur le projet local d’évaluation (voir ici et ) afin « d’homogénéiser » les pratiques d’évaluation et aboutir à une « politique d’établissement », quitte à rogner sur la liberté pédagogique des enseignant·es.


Défendre son métier et ses pratiques

La note de la DEPP a pour intérêt d’objectiver le ressenti des enseignant·es. Elle enfonce globalement des portes ouvertes en constatant que la majorité des enseignant·es ont tendance à encourager les élèves aux profils les plus fragiles en évaluant avec plus de « bienveillance ». Sont aussi clairement évoquées les différences observées entre les établissements publics et ceux relevant du privé sous contrat. Il serait sans doute utile d’approfondir le travail en portant une attention particulière aux éventuelles inégalités de traitement liées au genre des élèves. Par ailleurs, il serait bon que l’institution s’intéresse également aux séries technologiques et pas uniquement à la voie générale.

Quoi qu’il en soit, chacun a pu mesurer ces dernières années combien le contrôle continu avait abîmé le lien pédagogique entre des élèves, dont le travail est perpétuellement évalué, et des enseignants devenus juges et parties. Dans ce contexte, comment alors ne pas s’inquiéter de ce que l’institution pourrait faire de la note de la DEPP (ou du rapport de l’IGESR sur l’évaluation en physique-chimie) ?

En effet, dès les premières sessions du BAC « Blanquer », des tentatives d’uniformisation des pratiques avaient eu lieu localement (à l’échelle d’établissements ou d’académies pour certaines disciplines) dans le cadre d’un bilan du contrôle continu. Le SNES-FSU continue de lutter contre ce type d’initiatives et défend la vision de l’enseignant·e comme concept·eur·rice de son métier.

Lien vers la note de la DEPP.

Lien vers le rapport de l’IGESR et ci-dessous son analyse par le groupe physique-chimie du SNES-FSU.


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