Quel que soit le statut des femmes qui subissent des violences, l’employeur a l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour faire cesser ces agissements au travail. Au quotidien, des militantes et militants du SNES-FSU accompagnent les collègues victimes à mettre les mots, qualifier les faits et interpeller les employeurs. En parler et se faire accompagner, c’est le premier pas pour que cessent les violences faites aux femmes sur leur lieu de travail.
Violences sexistes et sexuelles : états des lieux et luttes syndicales
À la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, force est de constater que ni les employeurs publics ni les employeurs privés ne prennent toutes les mesures nécessaires (moyens budgétaires, structurels et humains) pour prévenir, lutter et faire cesser les violences faites aux femmes sur le lieu de travail. Selon les résultats d’une enquête de l’Institut national d’études démographiques (INED) publiée en 2020, 16,5 % des femmes fonctionnaires sont victimes de violences au travail. La Fonction publique ne garantit pas une protection contre la violence au travail pour les femmes ; loin s’en faut. Par ailleurs, les hiérarchies sont surreprésentées parmi les agresseurs. Cette étude pointe encore qu’il est difficile pour une femme qui subit des violences dans son travail d’interpeller son employeur et d’obtenir de sa part les mesures qui devraient immédiatement s’imposer.
Depuis la signature de l’accord égalité professionnelle de la Fonction publique signé en novembre 2018, chaque ministère doit déployer un dispositif de signalement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel et des agissements sexistes.
Trois ans après, l’Éducation nationale n’a toujours pas rendu les arbitrages nécessaires à la mise en œuvre d’un dispositif national. Malgré cela, les représentants de la FSU en CHSCT œuvrent au quotidien dans toutes les académies pour que des dispositifs locaux voient le jour. C’est chose faite dans plusieurs académies. Gageons que le ministère – mis sous pression dans les instances et par les mobilisations à venir et constatant les faits qui remontent du terrain – réponde aux enjeux par les moyens humains et financiers nécessaires à la réalisation de campagnes nationales d’information et par la mise en œuvre, partout, de dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Le SNES-FSU n’a pas attendu et s’est doté, il y a trois ans, d’une cellule de veille interne. Ses membres ont reçu une formation de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT). La cellule est ainsi en mesure de recueillir la parole et d’accompagner dans leurs démarches des collègues victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le cadre de leur activité syndicale. La cellule effectue aussi un travail de formation/prévention/conseil dans le syndicat. Un enjeu important est celui de la sensibilisation. Il importe de savoir distinguer entre la « blague » et le sexisme, entre le geste fraternel et l’agression. C’est ainsi que se construit une ambiance de travail conforme aux valeurs de respect des personnes que porte le SNES-FSU.
Les outils pour agir
Le site de l’intersyndicale FSU, CGT, Sud Education : https://stop-sexisme-education.org/
Les visuels du SNES-FSU en ligne
Les visuels de l’intersyndicale ci-dessous
Dans les académies
A Lille, permanences de la lutte
Nos militants et nos collègues témoignent : « Permanencière au S3 de Lille mais également représentante des personnels au CHSCT, j’ai constaté au fil des ans une multiplication des appels relatifs à des faits d’agissements sexistes voire de harcèlement sexuel. Afin de mieux comprendre et appréhender ces phénomènes de violence au travail, j’ai suivi plusieurs formations organisées par le SNES et la FSU. Fortes des conseils d’associations telle que l’AVFT, seule association spécialisée dans les violences sexistes et sexuelles au travail, nous avons constitué une équipe de trois militantes membres de CHSCT, afin de recevoir, d’écouter et d’accompagner des collègues victimes de violences sexistes et sexuelles au travail ou de guider des collègues témoins qui veulent agir au plus près du terrain. L’enjeu reste que les chefs d’établissements fassent cesser ces actes mais il faut parfois saisir la DRH pour qu’elle mène une enquête administrative débouchant parfois sur des sanctions administratives ou sur un renvoi au procureur de la République. Ce sont des démarches longues, souvent humainement difficiles, et d’autant plus compliquées que la hiérarchie intermédiaire n’y connaît rien et a tendance à sous-estimer la gravité et l’impact des faits. Cette année, une permanence VSS a été ouverte un matin par mois afin de répondre aux besoins ».
Paroles de collègue « Le SNES-FSU m’a été d’un grand soutien lorsqu’il a été nécessaire d’évoquer et de dénoncer la situation conflictuelle dans laquelle j’étais depuis plusieurs années avec un collègue. J’ai été recontactée rapidement par une représentante des personnels SNES-FSU. J’ai trouvé auprès de cette collègue une oreille attentive, bienveillante et un réel soutien humain. Mon dossier a été suivi très sérieusement. J’ai été conseillée dans mes diverses démarches, écoutée, épaulée, encouragée, accompagnée, que ce soit sur le plan psychologique ou lors des divers entretiens nécessaires, afin de faire cesser la situation de harcèlement dans laquelle je me trouvais. Prendre conscience d’une situation de harcèlement n’est pas simple, en parler non plus. Mes démarches ont abouti. J’ai pu reprendre le travail sereinement quelques semaines plus tard. Merci de m’avoir soutenue dans cette période délicate ».
A Nice, rude négociation
Malgré la volonté du recteur de présenter un plan académique pour l’égalité professionnelle en CTA sans dialogue social, les élus FSU ont obtenu six groupes de travail en septembre et octobre. Pour l’axe 5 (« Prévenir et traiter les discriminations, les actes de violences (dont violences sexuelles et sexistes), de harcèlement moral ou sexuel ainsi que les agissements sexistes ».), nous avons demandé une large diffusion de la circulaire du dispositif de signalement. Nous avons ensuite fait acter l’activation d’une cellule académique « Stop Violences » avec une boîte courriel dédiée et une cellule d’écoute à l’attention des victimes et témoins. À notre demande, une charte, précisant les règles générales, sera signée par les membres du dispositif d’écoute. Une élue FSU, désignée parmi les représentants des personnels du CHSCTA, exercera la fonction de référente « violences sexistes et sexuelles, harcèlement moral ou sexuel », avec un temps spécifique. Enfin, nous avons proposé des formations spécifiques pour tous : référents CHSCTA, stagiaires et représentants des personnels membres des dispositifs de signalement, personnels d’encadrement et de prévention. Le plan académique était contraint et limité par le plan national mais la FSU a su porter une parole constructive sur le sujet, au point que l’administration s’est fondée sur nos travaux.
A Rennes, le pari de la formation
L’académie de Rennes, entrée depuis trois ans dans une démarche de labellisation Égalité et Diversité, a mis en place une cellule « STOPDISCRI » de recueil des signalements des victimes d’acte de violence, de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel ou d’agissements sexistes. Elle a commencé à former l’encadrement, les personnels de prévention et RH ainsi que les membres des CHSCT. Lauréate du fonds en faveur de l’égalité professionnelle en 2020, elle a lancé en mars dernier, auprès des personnels, la campagne « Harcèlement, sexisme, sans façon » : des affiches et des clips vidéos décrivent des situations de violences sexistes et sexuelles au travail et invitent à saisir le dispositif « STOPDISCRI » pour y faire face. De grande qualité, cette campagne n’a sans doute pas rencontré un écho suffisant auprès des collègues, épuisés notamment par la crise sanitaire. En groupe de travail avec le rectorat, les militants du SNES-FSU ont demandé qu’elle soit prolongée. Ils ont insisté pour que, au-delà de la sensibilisation, tous les collègues volontaires puissent bénéficier d’une réelle formation. Ils porteront cette exigence lors de la rédaction du plan académique d’action pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes