Depuis les années 2000, les réformes exacerbant la concurrence pour accéder à des formations reconnues ont fait entrer sur le marché le « coaching en orientation » dont les tarifs écartent une bonne partie des familles.

On assiste aujourd’hui à un changement d’échelle ! Désormais, ce sont les organismes privés, déguisés en associations, fondations ou start-up « innovatrices » qui entrent dans l’École.

Trois leviers sont utilisés

  • La régionalisation de l’information des élèves et des étudiants permet aux régions de mandater des organismes divers pour venir informer les élèves sur les métiers et les formations dans les EPLE. Séduire et convaincre plutôt qu’informer ! Avec quelle objectivité et fiabilité quand l’organisation de salons régionaux virtuels, portés par des médias privés comporte la récupération des données des jeunes et celles des PsyEN et Directeurs de CIO sommés d’y participer ?
  • L’apport d’un soutien financier, promotionnel et assumé du MENJS et du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation par le biais de conventions de partenariat ou dans le cadre d’appels à projets comme les PIA 3. Ainsi un grand nombre de start up en orientation, situées dans la galaxie des « Ed tech’ » et présentant une conception de l’aide à l’orientation basée sur l’intelligence artificielle, ont été promues depuis 2019. L’adéquation formation-emploi relookée par le numérique est présentée comme innovante par nature !
  • La transformation des missions de l’ONISEP vers une labellisation d’outils, ceux des mêmes « Ed tech’ », et la diffusion de « bonnes pratiques en orientation » !

Une aggravation des inégalités sociales !

Les risques sont grands pour les élèves, et en particulier celles et ceux des milieux populaires que, sous couvert d’un accompagnement à l’orientation personnalisé, soit renforcée l’idéologie de la responsabilité des acteurs et du mérite, indépendamment de l’origine sociale.

Exit la question de la réduction drastique des moyens dans l’Éducation et de la crise sociale qui livre familles et jeunes à la précarité.

La mise à l’écart de la psychologie pour appréhender les questions d’orientation, revient à considérer que la projection dans l’avenir n’est affectée, ni par le développement psychologique et social à l’adolescence, ni par les biais sociaux. C’est l’abandon délibéré d’années de recherches et de publications en psychologie et en sociologie de l’Éducation et de l’orientation.

C’est aussi le choix de la reproduction sociale et le renoncement à promouvoir l’ambition et l’émancipation de la jeunesse!


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