Le SNES-FSU avait déposé de nombreux amendements visant à préciser le “caractère littéraire plus affirmé” de la spécialité (nous n’en saurons pas plus à ce sujet), ou encore à faire disparaître du programme les nombreuses restrictions de la liberté pédagogique qu’il comporte. Le seul de nos amendements retenu visait une faute de syntaxe dans la rédaction du programme !
Absence d’objectifs clairement définis
Résultat des courses, le professeur de Lettres classiques qui lit ce programme ne sait toujours pas ce qu’un élève doit savoir faire à la fin de la classe de première, après avoir suivi pendant un an l’enseignement de spécialité, et n’a pas non plus de perspective sur ce qu’il devra savoir faire à la fin de la terminale. Aucune information sur les possibles épreuves de bac (une majeure et une mineure bien mystérieuses sont évoquées). Les axes de travail qui permettent d’aborder les objets d’étude sont intéressants : confrontation des oeuvres antiques et modernes ou contemporaines, étude de mots concepts, étude de grands personnages, repères historiques et chronologiques et repères géographiques. Mais rien n’est dit sur leur articulation, ni sur les objectifs poursuivis à travers eux.
De nombreuses injonctions
Les injonctions en matière d’évaluation sont très fortes : “Il importe également, dans les évaluations, de donner pleinement leur part à des questions portant sur la compréhension et l’interprétation des textes antiques, modernes et contemporains proposés en confrontation, et d’offrir la possibilité à l’élève de rédiger un texte personnel lié à la thématique étudiée.”, peut-on lire p.2. Si on y ajoute le port-folio, toujours présent malgré nos amendements visant à le supprimer, les épreuves de bac qui finiront bien par nous donner le cadre, que nous reste-t-il comme liberté pédagogique dans la conception de nos évaluations ?
La pédagogie différenciée fait aussi son entrée dans nos programmes dans le domaine de l’étude de la langue. Si on peut entendre qu’à l’entrée en seconde les élèves ont des connaissances différentes selon leur établissement d’origine, on peut espérer qu’avec le temps les écarts se réduisent. Devra-t-on perpétuellement travailler en décalé avec nos classes de latinistes ou d’hellénistes ?
Quelle place pour la traduction ?
La place de la traduction et le niveau attendu en la matière continuent à poser question. Le port-folio demandé en spécialité ne se distingue en rien de celui demandé en option facultative. Les exigences en langue du programme paraissent complètement incongrues dans le cadre de celui-ci puisqu’on ne comprend pas comment l’élève devra mettre ses connaissances en oeuvre. Un grand nombre de nos amendements proposaient de préciser qu’un niveau d’exigence supérieur à celui de l’option était attendu en spécialité dans ce domaine.
En conclusion
Pour finir, le seul paragraphe ajouté à la version précédente est le dernier. Il est aussi le deuxième paragraphe du programme de HLP et il est si vague que l’on se demande s’il est réellement adapté à l’un ou l’autre ! Son contenu est le suivant :
“Comme tous les enseignements, cette spécialité contribue au développement des compétences orales à travers notamment la pratique de l’argumentation. Celle-ci conduit à préciser sa pensée et à expliciter son raisonnement de manière à convaincre. Elle permet à chacun de faire évoluer sa pensée, jusqu’à la remettre en cause si nécessaire, pour accéder progressivement à la vérité par la preuve. Si ces considérations sont valables pour tous les élèves, elles prennent un relief particulier pour ceux qui choisiront de poursuivre cet enseignement de spécialité en terminale et qui ont à préparer l’épreuve orale terminale du baccalauréat. Il convient que les travaux proposés aux élèves y contribuent dès la classe de première.”
Si vous aviez déjà lu le programme de spécialité, inutile donc d’y retourner dans l’immédiat puisque le seul changement vous a été révélé !
Tout n’est cependant pas négatif dans la mesure où les objets d’étude sont pertinents et susceptibles d’entraîner les élèves dans des apprentissages riches mais il aurait fallu davantage de clés dans le texte pour comprendre comment mettre en oeuvre les nouvelles perspectives de l’enseignement des LCA. Sachons nous saisir de ces lacunes pour faire valoir notre liberté pédagogique !