Nous récapitulons ci-dessous l’ensemble des points très inquiétants de ce rapport concernant spécifiquement les Sciences de la vie et de la Terre – qui s’appelleront peut-être bientôt d’ailleurs SVTE, « E » pour environnement, proposition particulièrement « pertinente » (ironie) et paradoxale de ce rapport (p. 33).
Dans une première partie du rapport, la place des sciences expérimentales semble vouloir être confortée :
– par la suggestion du maintien des ECE (p. 20) ;
– par la définition des principes et objectifs : “6. relever des enjeux sans doutes classiques ” en ” prenant en compte le niveau […] en sciences ” (qui n’est pas plus explicitée que cela), et en portant une ” attention à un culture scientifique (majorée par le développement des fake news …” (p. 24) ;
mais rapidement le doute s’installe, notamment avec :
– ” la mise en place réelle et avérée d’enseignements pluridisciplinaires ” (p. 25) cf. propositions ci-dessous, principalement un enseignement de ” sciences ” en 2nde (p. 32) ;
– ce que peut recouvrir une ” culture de ” l’honnête homme ” ” (p. 26), alors qu’une bonne partie d’enseignement des Sciences est exclue de ” l’Unité Générale ” (=Unité 1) en première…
• L’organisation proposée du nouveau lycée ne laisse aucun doute sur le sort fait aux Sciences de la vie et de la Terre :
En classe de 2nde :
– le 1er semestre contiendrait des ” sciences “, certes avec des SVT : on pourrait supposer/espérer que les 25h globales allouées à l’Unité 1 laisseraient la place à un enseignement de 1h30 à 2h de SVT, comparable à l’horaire actuel, mais le point précédent et la logique qui a tenté de s’instaurer dans la réforme du collège fait craindre le pire quant à une forme de fusion interdisciplinaire de la Physique-Chimie et des SVT à ce niveau ; (p. 32)
– au 2ème trimestre, la disparition des sciences expérimentales, SVT et PC, de l’Unité 1 est proposée : il restera le choix possible des SVT en Majeure de l’Unité 2 (quel horaire hebdo sur les 7h globales de cette unité ? – l’Unité 2 regroupe 2 Majeures et 2 Mineures, on peut supposer leur poids respectif de 2h / 1h) ; ou le choix possible d’une Mineure SVT (si non choisi en Majeure), voire SL ou MPS… là ça se corse, les choix commencent à largement se complexifier et il faudra certainement s’attendre à des redéfinitions de ces futur-ex-enseignements-d’exploration. (p. 32)
En cycle Terminal :
– la disparition des sciences expérimentales de l’Unité 1 en 1ère entérine leur disparition précédente en 2nde (p. 35) ;
– par contre, on peut se questionner sur la (ré)apparition d’une ” culture et démarche scientifique ” dans cette même Unité 1 en Terminale (p. 35)- voit-on arriver un cours spécial ” anti FakeNews “, mais aussi environnement/santé… (du type de ce qui a fleuri dans les programmes de collège, ” Éducation à… “), totalement ad hoc dont le contenu, après une interruption possible d’une année et demi de tout enseignement scientifique pour un certain nombre d’élèves, peut susciter quelques interrogations…
– les SVT sont prévues dans l’Unité 2 :
- dans un binôme de Majeures : seule l’association SVT(E)/PC est proposée dans la définition nationale des majeures ” sciences et ingénierie “… mais des proposition plus ” disruptive ” (sic) sont présentées, par exemple la Majeure ” SVT/HG ” qui pourrait être proposée nationalement (p. 40), voire SMS/SVT (p. 41) ;
- en tant que Mineure, sans davantage de précisions.
– Il est difficile de projeter un horaire disciplinaire précis pour les disciplines à partir de ce rapport, pour autant cela va être difficile d’atteindre les 6h pour chacune des disciplines Majeures en Terminale (chiffre qui a été plusieurs fois émis dans la phase de ” concertation “), la somme de l’horaire de l’U2 devant atteindre 15h avec 2 Majeures et 2 Mineures…
Outre l’ensemble des conséquences d’une telle réforme sur le lycée (voir ci-dessous), les inquiétudes sont vives sur les pertes de postes, spécifiquement en SVT, en lycée.
• Moins spécifiquement, l’inquiétude est forte effectivement sur (remarques à compléter avec les analyses générales du SNES-FSU sur la structure et l’organisation du lycée :
– l’impact sur les services ;
– la désorganisation des groupes classe – encore que, p. 36, une proposition croustillante de regrouper les ” Scientifiques ” ensemble, ainsi que d’un autre côté les ” non scientifiques (majuscules respectées…), tout du moins ceux qui ne font pas de ” sciences dites dures “… ;
– ce que l’on va bien pouvoir faire durant 2 ans dans un maxi-TPE dont l’objectif est au final la préparation d’un oral (là, je trouve qu’il y une forte confusion entre objectif et solution proposée)… (p. 14-15) ;
– les très nombreuses références à un ” tout numérique qui résoudra tout ” (” heureusement ” que les régions n’ont pas les moyens pour équiper les établissements à la hauteur des suggestions…) ;
– le problème de la place faite à l’orientation, omniprésente… ;
– l’écriture puis la mise en œuvre de programmes à ” entrées multiples ” (p. 36) pour les adapter aux Majeures/mineures/U1… là-dessus les math vont être en particulièrement en première ligne, mais un enseignement de ” culture et démarche scientifique ” poserait certainement des problèmes similaires…