Grande inégalité de traitement en fonction des académies
Dans certaines académies aucune formation n’est prévue. C’est le cas à Besançon, Lille, Montpellier, Versailles. Au mieux, quelques minutes des journées Lettres ont permis d’aborder les difficultés liées à l’enseignement des LCA suite à la réforme et les messages transmis par les IPR -dont certains de Lettres Classiques- ont parfois écœuré les collègues présents, notamment lorsqu’ils ont entendu qu’il fallait avoir du « charisme », ou des « projets bien ficelés » pour obtenir des moyens supplémentaires, mais aussi qu’enseigner les LCA était « à la portée de tous », qu’il n’était pas prévu de dispenser un enseignement linguistique.
Parfois, la formation est encore à venir, à plus ou moins longue échéance. C’est le cas à Strasbourg ou Poitiers où l’on attendra septembre, ou le premier trimestre. A Grenoble, elle est annoncée entre octobre et novembre, comme s’il était possible de patienter jusque là pour construire des progressions avec des programmes lourds et des horaires en baisse ! A Toulouse, il est seulement question d’une formation M@gistère en ligne, ultérieurement. La formation Lettres qui a été proposée selon les mêmes modalités dans cette académie était sans intérêt et devait être faite pendant des vacances !
A Créteil, lorsque les chefs d’établissement n’ont pas inscrits leurs professeurs de Lettres Classiques sur GAIA, ceux-ci n’ont pas été convoqués.
Un point commun : la vacuité des formations
Lorsqu’ils ont eu lieu, les temps de formation spécifiques aux Lettres Classiques se sont souvent révélés décevants. Résumé des programmes, parfois simple tour d’horizon déprimant de la situation des LCA, ou pire, formation à distance complètement inopérante à Nancy-Metz. Dans ce dernier cas, chacun était devant un ordinateur avec un long diaporama et les collègues en « chat ». La connexion avec les formateurs est restée impossible à établir…
Quelques académies ont toutefois profité de cette opportunité de formation pour offrir aux professeurs de collèges et de lycées des temps de rencontre très appréciés et nécessaires pour espérer maintenir un enseignement en lycée.
Une réforme à géométrie variable
Les moments de formation en Lettres ont également montré, s’il en était besoin, les inégalités, les différences d’interprétation des textes d’une académie à l’autre. Certains ont entendu que le latin n’était pas subordonné à l’ouverture d’un EPI LCA déclencheur, quand on a dit à d’autres que les élèves devaient suivre l’EPI LCA sur trois ans pour suivre l’enseignement de complément. Les IPR eux-mêmes font le constat que les chefs d’établissement sont rois et organisent comme ils le souhaitent les enseignements, même si c’est pédagogiquement contestable. Dans des académies comme Toulouse, le Rectorat donne 3h en plus de la marge pour financer les heures de LCA, à charge au collège de financer les 2h restantes. Cependant cette dotation supplémentaire est la même, quelle que soit la taille de l’établissement, quel que soit le nombre de groupes existant actuellement.
Les professeurs de Lettres Classiques oscillent entre la colère, la déprime, le sentiment de harcèlement. Beaucoup voudraient renoncer à leur spécificité, au latin et au grec, qui ont fait leur identité professionnelle pendant des années, pour devenir professeurs de Lettres Modernes. Outre les problèmes liés à la réforme, les mutations en Lettres Classiques sont en effet devenues impossibles dans de nombreuses académies.