entrée des élèves dasn un collège d'éducation prioritaire

Nathalie Elimas, nouvelle secrétaire d’État en charge de l’éducation prioritaire, semble avoir abrégé la phase d’observation et d’écoute de son tour de France de l’éducation prioritaire pour communiquer à la presse les décisions supposées prises au ministère. La réforme prévue est repoussée d’une année. La rentrée 2022 verrait alors le périmètre de l’éducation prioritaire drastiquement restreint par la suppression du label REP (730 collèges). Cela correspond aux préconisations du rapport Azéma-Mathiot commandé par Jean-Michel Blanquer à l’automne 2018 et publié à l’automne 2019.

Dès la rentrée 2021, trois académies (Lille, Nantes, Marseille) testeront un nouveau dispositif . Un contrat de trois ans sera établi entre des établissements et leur rectorat, avec une clause de revoyure pour les prolonger si besoin. Si la main est laissée à chacune de ces académies, un cadre et une grille d’indicateurs nationaux devraient faire office de référence. La liste des établissements concernés devrait être publiée en janvier, quelques-uns des lycées classés avant 2014 pourraient y figurer, notamment dans l’académie de Marseille. Depuis, elle a expliqué au Sénat que cette expérimentation se ferait à moyens constants. On comprend donc que les moyens supplémentaires alloués à ces établissements seront donc prélevés sur les dotations d’autres. Une fois de plus, on déshabille Paul pour habiller Pierre.

Délabellisation, contractualisation : quels risques ? Quelles conséquences ?

Si Nathalie Elimas confirme que le cercle des 364 collèges REP+ sera maintenu à la rentrée 2022, rien ne dit que cela durera. 2022 est l’année de la révision des quartiers politiques de la ville (QPV), dont le nombre a été restreint lors de la dernière révision de 2014, et le rapport Azéma-Mathiot appelle à une plus grande cohérence de ces deux cartes. C’est aussi dans ces quartiers qu’ont été labellisées 80 cités éducatives, ouvrant la porte à la mainmise des collectivités locales sur les projets d’établissement. Des collectivités locales candidatent actuellement pour obtenir ce label. En effet, il y en aura 40 de plus à la rentrée 2021. Ce développement est l’autre pan de la réforme de l’éducation prioritaire qui vise à transformer les REP+ en lieu de dérégulation.

Délabelliser les REP, c’est permettre à chaque académie de modifier ses priorisations en fonction des enjeux politiques locaux, à l’inverse d’une carte nationale construite sur des critères transparents. Les moyens des REP pourraient être ponctionnés pour financer des problématiques différentes de celles qui relèvent d’une concentration d’élèves en grande difficulté sociale et scolaire, mais aussi pour financer davantage des établissements privés sous contrat ruraux. L’indemnité des enseignants de REP qui continueront pourtant à travailler dans des conditions difficiles est aussi remise en cause, ainsi que les bonifications afférentes.

Quel est le danger d’une contractualisation ? La contractualisation met à mal, de fait, le concept même de réseau puisque chaque unité éducative devra passer un contrat avec le rectorat (écoles, collèges voire lycées). S’il n’y a plus de réseau alors c’est qu’on ne pense plus l’ensemble de la scolarité de l’élève mais qu’on la considère de façon ponctuelle comme relevant ou non de l’éducation prioritaire. Cela a déjà commencé en 2014 lorsque les lycées ont été exclus du label. Les personnels subiront un pilotage vertical à base d’indicateurs, qui les culpabilisera si les objectifs ne sont pas atteints. Une telle ambiance empêchera un réel travail de fond en équipe pour la réussite des élèves. L’évaluation induite renforcera la concurrence des établissements.

Des réformes qui font système

Dans le même temps, le ministère commence à appliquer la partie de la loi « Pour une école de la confiance » qui concerne l’évaluation systématique des établissements. Alors que les équipes pédagogiques sont épuisées par les difficiles conditions de travail dans cette période de crise sanitaire, 20 % des établissements doivent effectuer une autoévaluation et produire un diagnostic. Une fois qu’ils auront pointé leurs forces et leurs faiblesses, une évaluation externe sera dépêchée à grand renfort d’inspecteurs et de chefs d’autres établissements. A partir de cet audit, l’administration pourrait forcer les équipes à modifier leur contrat d’objectifs et imposer un mode de fonctionnement différent. Cette évaluation des établissements risque de mener à une allocation de moyens reposant sur des projets et non sur les difficultés sociales des élèves accueillis.

Ouverture de BAR pour les élèves défavorisés

Cerise sur le gâteau, Nathalie Elimas annonce la mise en place de « Bureaux d’aide rapide » pour les élèves défavorisés des écoles et collèges hors éducation prioritaire. Il s’agirait d’un service d’aide numérique « dans lequel des enseignants répondent aux questions des élèves » pour faire leurs devoirs. Certes , son utilisation ne consommerait pas le forfait internet mais cela ne résoudra en rien le manque de matériel informatique et d’espace pour s’isoler le temps des devoirs qui existe dans de nombreuses familles. Au lieu de mettre en place les conditions d’une aide efficace en classe, ce dispositif à l’acronyme improbable est encore une fois le fruit de l’idéologie de l’individualisation.

Se mobiliser contre le démantèlement de l’éducation prioritaire.

Face à ce paysage qui s’esquisse d’une éducation prioritaire réduite à peau de chagrin, il est nécessaire de se mobiliser. Dans un premier temps, la FSU organise des états-généraux de l’éducation prioritaire afin de porter la voix des acteurs de terrain jusqu’au ministère. Il s se déroulent actuellement dans les départements ou les académies. Vous pourrez prendre date auprès de vos sections locales. Le 28 janvier 2021, des délégués transmettront les propositions des équipes et leurs besoins pour compenser les inégalités scolaires lors de la session nationale des états-généraux.

Avec la FSU, le SNES mobilisera les collègues contre les projets du ministère qui iraient dans le sens du démantèlement de l’éducation prioritaire. Tout l’enjeu est au contraire de déployer une politique d’éducation prioritaire plus ambitieuse et d’élargir la carte actuelle en toute transparence aux établissements donc les critère sociaux et scolaires en relèvent aujourd’hui, notamment aux lycées qui étaient classés avant 2014.

Etats-généraux de l’éducation prioritaire:

La Réunion: 27 octobre 2020

Bas-Rhin: 18 novembre 2020

Lorraine: 26 novembre 2020 en visioconférence

Haut-Rhin: 28 novembre 2020

Ardennes: 30 novembre 2020 en visioconférence

académie de Grenoble: 8 décembre 2020

académie de Toulouse: 8 décembre 2020

académie de Lyon: 6 janvier 2021

Seine Maritime: 5 janvier 2021

Seine St Denis: 12 janvier 2021

Eure et Loir: 14 janvier 2021

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