Jusqu’à quand cette image nous semblera-t-elle le reflet de notre quotidien ?
En dix ans, la situation n’a fait qu’empirer ! Le SNES-FSU rappelle ses mandats : pas plus de 24 élèves par classe (et 20 en éducation prioritaire) et une baisse de ces effectifs lorsque des élèves à besoins particuliers sont inclus.
Le sureffectif des classes de collège au fil du temps
Les graphiques tracent l’évolution des effectifs par classe depuis 2010 et montrent la dégradation des conditions d’études et de travail au collège. Les deux gouvernements Fillon ont permis une augmentation de 7,5 points du nombre de classes de plus de 24 élèves ( de 49,2 à 56,4%) dans le secteur public. Le gouvernement Hollande a entériné cette augmentation sans l’aggraver. En juin 2013, Vincent Peillon expliquait à l’Assemblée Nationale : « En 1999, la France avait déjà le plus mauvais taux d’encadrement de toute l’OCDE. Mais alors qu’il s’est amélioré partout ailleurs, en France, il s’est encore dégradé »
L’arrivée de JM Blanquer au ministère a impulsé une nouvelle vague d’augmentation de 4,9 points en cinq ans ( dont + 2,4 points pour les classes de plus de 30 élèves).
En dix ans, il y a en moyenne 1,2 élèves de plus par classe dans les collèges publics (alors que l’augmentation n’a été que de 0,9 élèves dans le privé) et il y a maintenant 7 % des classes avec plus de 30 élèves (contre seulement 2,6 % en 2011).
Les variations démographiques ont bon dos
Les rectorats s’emparent d’une baisse du nombre de collégiens (- 5364 à la rentrée 2020) pour justifier de nouvelles pertes de moyens. Alors que les DGH (dotations globales horaire) parviennent dans les établissements, les collègues mesurent une fois de plus les effets des 440 suppressions d’emplois prévues pour la rentrée 2022. En effet, le nombre d’élèves par classe augmente, le gouvernement fait le choix de supprimer des classes plutôt que de permettre de travailler avec un effectif raisonnable dans les collèges concernés.
Dans les établissements, il va falloir sacrifier des enseignements ou les quelques rares groupes à effectif réduits qui demeuraient pour expérimenter ou aider les élèves en difficulté au sein de la classe. Certains collèges font même le choix de fermer de classe de pour récupérer des heures sur la marge d’autonomie mais au prix d’autres classes surchargées. Chaque année de nouveaux dilemmes s’imposent.
Une photographie des classes de collège ?
En décembre 2021 la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) a publié la note n°21-47 concernant les effectifs d’élèves pour une heure de cours dans un établissement du second degré en 2020. Attention cependant, la note traite du nombre d’élèves par structure (E/S). Les données prennent en compte les heures en groupes à effectif réduit. Les moyennes obtenues sont donc inférieures de 1,5 points environ au nombre d’élèves par classe ( le nombre de collégiens par classe (hors SEGPA) est de 25,6 mais le coefficient E/S est de 24). Malgré cette pudique touche de fard sur la réalité de la surcharge de nos classes, on y apprend que :
→ Dans les collèges publics hors SEGPA, le quotient E/S est de 23,5 contre 26,2 dans le privé sous contrat.
→ En 3 ans, le quotient E/S dans les collèges a augmenté de 0,3 points (de 23,7 à 24), ce est très conséquent rapporté au 3,5 millions d’élèves. Il a augmenté de 0,6 points en SEGPA alors que cette structure regroupe des élèves en très grande difficulté scolaire.
Au niveau national, la génération pléthorique de 2006 quitte le collège, remplacée par celle de 2010. A cela s’ajoute une fuite de plus en plus importante des élèves vers le privé, des départs à l’étranger plus importants, probablement plus d’instruction à domicile, le ministère est bien en peine de justifier la totalité de la baisse d’effectif global en collège à la rentrée 2020 : 5364 collégiens de moins. Le privé voit une hausse de 4727 élèves (surtout en Sixième) et les établissements hors contrat ont la cote (+ 15,6 points). On mesure là l’effet des attaques répétées contre le service public d’éducation. (source : note n°21-47 de la DEPP).
Une hétérogénéité toujours plus complexe à gérer
La dégradation est donc bien réelle depuis dix ans et le nombre de classes surchargées ne cesse de croître. La classe doit pourtant être le principal lieu du travail collectif et individuel de tous les élèves de collège. Sur cette période, le nombre d’élèves à besoin éducatifs particuliers, que les professeurs devraient pouvoir prendre en compte, n’a cessé d’augmenter. Or, pour apporter l’aide nécessaire à tous les élèves en difficulté, les professeurs ont besoin de disponibilité et de temps. L’inclusion ne peut pas être réussie si l’institution n’y met pas les moyens. Sur le terrain, il manque toujours de nombreuses AESH et les dispositifs d’accompagnement sont de plus en plus considérés comme des variables d’ajustement par les rectorat (baisse des heures de suivi UPE2A, fermeture de SEGPA, ULIS…).
La représentante de l’Écosse au Colloque international CNESCO sur l’inclusion scolaire en 2016 indiquait que « L’inclusion en milieu ordinaire demande des moyens à la hauteur, sans quoi l’inclusion se transforme en exclusion au sein même de la classe – il n’y a rien de pire ». En Écosse, 97 % des élèves handicapé.e.s sont inclus.e.s…
Ce que demande le SNES-FSU
Le SNES-FSU revendique un effectif maximal de 24 élèves par classe en collège (20 en éducation prioritaire). Ces effectifs doivent être diminués quand des élèves à besoin éducatifs particuliers sont inclus. Des groupes à effectifs réduits doivent être inscrits dans les grilles horaires nationales dans toutes les disciplines.
Il faut d’urgence un plan de recrutement des AESH mais aussi de l’ensemble de l’équipe pluri-professionnelle pour permettre une inclusion réussie.
Source : RERS de 2010 à 2021