Les trois académies concernées ont des profils différents. L’académie d’Aix-Marseille comporte des lycées localement labellisés « éducation accompagnée », classés en éducation prioritaire avant 2014. L’académie de Lille est fortement ancrée dans l’éducation prioritaire. Enfin l’académie de Nantes présente un plus grand nombre de collèges ruraux. 

Des CLA : pour qui ?

Aucun moyen fléché ne sera attribué au niveau national, cette expérimentation se fera donc « à moyens constants » sur la base de l’enveloppe académique. Par ailleurs, Nathalie Elimas, secrétaire d’état chargée de l’éducation prioritaire, a déclaré que cette expérimentation ne prendrait pas sur le budget de l’éducation prioritaire. Pourtant dans l’académie de Lille, les collèges de REP et REP+ voient la dotation d’heures par élève (h/e) diminuer une fois de plus pour a rentrée prochaine. Le ministère publiera une liste des CLA le 18 février prochain.

Le choix des établissements par les rectorats utiliserait des indicateurs nationaux et des indicateurs locaux concernant les élèves, mais aussi les personnels (attractivité…). L’accompagnement accordé pourra prendre diverses formes (quelques heures postes ou supplémentaires, accompagnement de projets, …).Les établissements retenus signeront un contrat avec le rectorat pour trois ans. C’est la fin du cadrage national.

Comment seront lotis les établissements CLA ?

Dans l’académie d’Aix-Marseille, les établissements sortis de l’éducation prioritaire en 2014 se verraient proposer des CLA. Initialement donc, des établissements avec des critères comparables à ceux de l’éducation prioritaire seraient concernés, mais sur le terrain, d’autres critères s’ajoutent : attractivité des équipes, ruralité, turn-over trop rapide. Donc, la priorisation n’est plus faite sur les critères de l’éducation prioritaire. Il est aussi question d’y créer des postes spécifiques. 

Dans l’académie de Lille, la rectrice explique à la fois que les CLA n’ont pas de lien avec l’éducation prioritaire mais aussi qu’ils compensent les sorties de la carte de 2014 qui avait laissé des collèges sur le bas côté. Le rectorat choisira 8 ou 9 établissements dont l’indice e position social (IPS) est faible ainsi que quelques lycées. Dans l’urgence de la sélection, le type de projet n’entrera pas en compte et ce sont des projets préexistant qui seront financés. Il n’y a pas de vision globale, les établissements sont « individualisés ». Il n’est pas question de complément de dotation horaire mais plutôt d’accorder une indemnité de type REP aux personnels, voire d’alimenter le vivier 1 de la classe exceptionnelle mais pour certains d’entre eux seulement. C’est l’éclatement du cadre de gestion des personnels.

De même dans l’académie de Nantes, pas de complément de dotation horaire prévu, mais plutôt le financement d’interventions d’associations partenaires, notamment pour le dispositif « Devoirs faits ».

Comment agir ?

La logique de ces expérimentations s’inscrit dans la réforme de l’éducation prioritaire qui n’en est pas une, puisque le ministère programme son démantèlement à la rentrée 2022 en supprimant le label REP. L’objectif est de déréglementer le fonctionnement des établissements choisis en attribuant des moyens en fonction d’un projet et sous réserve de contreparties et de résultats. Le SNES-FSU invite les équipes éducatives à lutter collectivement pour refuser ces contrats locaux, notamment en exigeant l’accord préalable du CA au titre de l’article D314-4 du code de l’éducation qui précise clairement que cet accord doit être reçu pour les expérimentations engagées au niveau national.


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