FICHE 14 Le numérique et les ENT
14.1 La loi de refondation met en place le service public du numérique éducatif et transfère la maintenance informatique à la collectivité de rattachement. Ce volontarisme politique du développement d’une éducation numérique doit s’accompagner de prescriptions claires de l’État à destination des collectivités afin que le développement des ENT soit équilibré sur l’ensemble du territoire, en particulier en ce qui concerne équipement et raccordement des établissements. Cependant, parce qu’elles financent ce matériel, les collectivités territoriales ne doivent en aucun cas, outrepasser leurs compétences. L’injonction du tout numérique est bien souvent en décalage avec la réalité matérielle des établissements (matériel vétuste, non entretenu, connexion insuffisante …). Le développement du numérique doit donc s’accompagner des moyens financiers et humains nécessaires à son bon fonctionnement. Le SNES-FSU veillera à ce que les applications mises en place, et dont la qualité doit être améliorée, viennent en complément et en enrichissement de l’enseignement et de la vie scolaire, non en substitution, et à ce que la maintenance n’interfère pas sur les choix pédagogiques et éducatifs. Le SNES demande également qu’une réflexion approfondie soit menées sur les effets induits par l’utilisation accrue des écrans dans le cadre de l’enseignement. L’équipement informatique des personnels doit être financé par leur employeur. Les enseignants en charge de missions informatiques dans les EPLE doivent bénéficier de décharges.
14.2 Les enseignants et CPE sont des concepteurs. Le SNES-FSU exige qu’ils soient prescripteurs des solutions numériques les concernant, y compris en ce qui concerne les matériels (leur avis doit être pris en compte et le mobilier doit être adapté). La préférence doit être donnée, concernant les logiciels, aux solutions libres, ainsi qu’aux logiciels cautionnés par l’Éducation nationale. Le choix des manuels numériques relève des conseils d’enseignement et des équipes pédagogiques, en veillant à ne pas aggraver les inégalités des élèves dans l’accès au numérique depuis leur domicile, ce qui exclut la suppression autoritaire des manuels papiers avec la dotation correspondante. Le SNES-FSU demande la création de logiciels au service de la pédagogie, de l’intérêt des élèves, non de celles des seuls éditeurs.
14.3 Le numérique doit être citoyen : les personnels doivent être informés des données les concernant qui sont utilisées dans les fichiers (nationaux ou locaux). Ils doivent aussi connaître les paramétrages utilisés dans les ENT et pouvoir faire modifier ceux qui les concernent. Ils doivent pouvoir bénéficier d’une formation pour s’approprier les applications qui les concernent dans leur établissement. Ils doivent aussi bénéficier de formation aux droits du numérique, notamment en ce qui concerne les droits d’auteurs. Ces formations, en présentiel, ne doivent pas se généraliser hors du temps de travail des personnels. Aucune application numérique, aucun renseignement pédagogique enregistré ne doit servir d’outil de surveillance ou de management du travail des personnels, ni devenir intrusive dans la vie privée. Le SNES-FSU demande la création de serveurs et d’espaces de stockage numériques académiques indépendants des géants du net (google,…). Il en va de l’autonomie et de l’indépendance des enseignants. Les chartes ENT doivent être travaillées avec l’ensemble des utilisateurs et non imposées par le prestataire.
14.4 Les formations continues en ligne tendent à se développer. Le SNES-FSU constate leur inefficacité. Elles ne doivent pas se substituer aux formations en présentiel ni empiéter sur le temps libre des personnels.
14.7 L’usage des TICE dans les établissements scolaires ne doit pas se limiter uniquement à la facilitation d’un accès aux ressources et aux outils. Il doit constituer un enjeu citoyen par une EMI (Éducation aux médias et à l’information) assurée en partie par les professeurs documentalistes dans les CDI ou en co-intervention avec un autre enseignant.
(…)
Les « port folio » ou « web classeur » utilisés dans la préparation du projet d’orientation et du PEAC contiennent un suivi des expériences des élèves sans qu’il y ait de garanties suffisantes sur la confidentialité et les possibilités d’accès à ces données : finalités et mises en oeuvre de ces dispositifs doivent être revus.
14.8 Si l’informatique et les technologies numériques doivent être avant tout un outil pour nos métiers, on ne peut se contenter, pour les élèves, d’en introduire l’usage au sein des disciplines : il leur faut une approche progressive, notionnelle, réflexive et critique, encadrée par des enseignants formés et qualifiés. La question d’une discipline à part entière ou l’intégration dans une discipline existante sera l’objet d’un mandat d’étude du SNES.