Partant du constat que les programmes actuels présenteraient des lacunes en termes de structuration, de vocabulaire et de contexte culturel, entraînant une maîtrise limitée chez les élèves, de nouveaux programmes de la Sixième à la Terminale seront mis en place à partir de la rentrée 2025, avec un accent sur le vocabulaire essentiel, la grammaire, et les repères culturels spécifiques à chaque langue.
Pour optimiser l’apprentissage des langues, un accès gratuit à l’application Captain Kelly, utilisant l’intelligence artificielle, sera fourni aux enseignants du CP au CM2.
L’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’enseignement des langues sera différenciée selon le niveau de compétence linguistique de l’élève. Les enseignants pourront utiliser des IA génératives pour la différenciation pédagogique (A1-A2), les approches métacognitives et l’évaluation formative (B1-B2), et la créativité ainsi que le dépassement de soi (C1-C2), comme l’indique cette capture du dossier de presse:
En outre, dès le 8 janvier 2024, des partenariats d’innovation en intelligence artificielle seront lancés en collaboration avec des laboratoires de recherche, le programme France 2030 et la Caisse des dépôts et des consignations. Ces partenariats visent à déployer des outils d’IA pour les cycles 3 et 4 (CM1 – 3e) en langues vivantes.
Commentaires du SNES-FSU
La généralisation de l’application d’intelligence artificielle Captain Kelly du CP au CM2 apparaît comme une réaction implicite à la supposée inefficacité de l’enseignement de l’anglais en primaire, souvent considéré comme la seule langue incontournable à ce niveau. Cette approche soulève des questions sur la manière dont l’IA peut compléter ou remplacer l’enseignement traditionnel et sur l’articulation qui sera faite entre CM2 et Sixième.
L’utilisation de l’IA en anglais, espagnol, italien et allemand pour favoriser l’innovation et l’individualisation ressemble à une marche forcée vers une école numérique, mais les implications concrètes restent à éclaircir.
Au niveau du collège, l’accent est mis sur l’amélioration de la maîtrise de l’anglais, présentée comme « incontournable », au détriment d’autres langues. De plus, l’annonce de repères annuels de la Sixième à la Terminale suscite des interrogations sur une éventuelle modification des axes et thématiques des programmes, notamment sur les “domaines étudiés”.
L’accent particulier mis sur le vocabulaire et les structures grammaticales doit-il être interprété comme une victoire de l’approche cognitiviste face à d’autres ? Ce qui est certain, c’est que l’approche actionnelle n’est jamais mentionnée dans le document.
La « lassitude » des élèves et leur « maîtrise limitée » est invoquée comme prétexte pour tous ces changements, alors que c’est l’institution elle-même qui a demandé depuis des années de bannir les exercices structuraux des cours de langues. De plus, le texte semble confondre les programmes actuels avec une prétendue absence de repères culturels, historiques et géographiques dans les cours de LVER. Ces derniers existent évidemment mais c’est leur répartition et leur caractère « incontournable » qui est en jeu.
Enfin, la sortie des LV du futur nouveau socle commun soulève des questions sur leur place future, probablement intégrées dans les “connaissances de culture générale”. La distinction entre “connaissances” et “compétences” dans cette refonte du socle demande une clarification pour comprendre pleinement l’orientation souhaitée. L’évaluation des LVER reste un mystère car elle n’est pas abordée dans le document.