Les attaques se multiplient contre le baccalauréat, tant par de nouvelles épreuves qui remettent en cause son caractère national que par la multiplication de discours idéologiques sur sa prétendue inutilité. Trop lourd, trop cher, le premier grade universitaire serait obsolète ! Or, cet examen conserve tout son sens comme diplôme national qui sanctionne la fin des études secondaires et ouvre la voie au supérieur.

Un peu d’histoire
(Re)créé en 1808, il consacre la fin des études en lycée et constitue le premier grade universitaire (l’examen, essentiellement oral au départ, se passe à l’Université). Exclusivement dominé par les « humanités » au xixe siècle, le bac se diversifie lors de la réforme de 1902 qui crée, dans une ambiance houleuse, une série « sans latin », mais avec des sciences. Les domaines d’études, les séries et voies, la nature des épreuves, se multiplient et se recomposent tout au long du xxe siècle.

Diversification et démocratisation
La démocratisation de l’accès au baccalauréat est le résultat de la diversification des voies : création des bacs technologiques en 1968 et professionnel en 1985. Elle se fonde aussi sur la diversification des séries au sein des voies. La création du bac B à la fin des années 1960 en est un exemple. Cette diversification des voies et des séries permet de combiner adaptation à la diversité des élèves, maintien d’un cadre d’enseignement à la fois commun, large, mais partiellement spécialisé, et volonté de construire une culture commune au-delà des différenciations de parcours. Mais la diversification pose le problème des choix d’orientation (trop souvent déterminés par l’origine sociale des élèves, et liés à une hiérarchie implicite des voies et séries), et des possibilités de « passerelles » en cours de formation.

Un examen menacé ?
La réforme du lycée de 2010 a profondément déstabilisé certaines séries, notamment les séries technologiques industrielles, en appauvrissant la diversité des formations.
Depuis plusieurs années, des épreuves de bac sont évaluées en « CCF » (contrôle en cours de formation), ou par des dispositifs proches (par exemple, les épreuves orales de langues vivantes en « évaluation en cours d’année »). Ce développement du contrôle local engendre une charge de travail très importante pour les enseignants, et remet en cause des règles essentielles : anonymat pas ou peu respecté, disparités dans les règles appliquées d’un établissement à l’autre… les risques d’inégalités de traitement des candidats sont importants. Tout concourt à affaiblir la confiance que l’ensemble des acteurs du système, enseignants, parents, élèves, ont dans l’école, et dans la valeur du diplôme.

Le bac coûteux ?
Avec un grand nombre de séries et de disciplines, une diversité des épreuves (écrites, orales, pratiques…), la mobilisation des personnels pour les jurys, « l’intendance » et la « logistique » nécessaires à des épreuves qui s’étalent sur plus d’un mois, certains ont bon compte de dénoncer le coût supposé exorbitant du baccalauréat. Un syndicat de chefs d’établissement l’évaluait récemment à 1,5 milliard d’euros… alors même qu’il est communément admis que les frais d’organisation oscillent entre 50 et 100 millions d’euros. Trop cher, trop lourd, les détracteurs du bac invoquent souvent ces arguments pour en appeler à sa disparition, tout au moins dans sa forme actuelle, en se gardant bien de révéler les véritables raisons qui les animent.


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