Ce sommet s’inscrit dans la continuité des travaux du GIEC (Groupe d’experts international sur l’évolution du climat). Le rapport de synthèse du sixième cycle de travail du GIEC a été adopté le 19 mars 2023. Il résume les données des rapports thématiques publiés d’août 2021 à avril 2022 : un réchauffement planétaire moyen de 1,1 °C depuis l’ère préindustrielle ; la poursuite de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES), la poursuite d’investissements dans les énergies fossiles bien supérieurs à ceux dans les énergies renouvelables ; la vulnérabilité croissante des populations humaines (la moitié des habitant·es de la planète) et non-humaines. Fait nouveau, les décideurs ont accepté de laisser dans le rapport la mention des effets positifs qu’aurait une « baisse de la demande » mondiale (construction, transport, électricité, alimentation). Cette sobriété s’ajoute donc aux mécanismes financiers et techniques nécessaire à l’atténuation (faire baisser les émissions de GES) et à l’adaptation climatique (poursuite des activités humaines dans le contexte du réchauffement).
Les débuts d’une réflexion globale
Le sommet d’Adélaïde est passé sous les radars médiatiques français. Il s’agit pourtant d’une première importante. Le GIEC définit les politiques de sobriété comme un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui réduit la demande en ressources naturelles tout en assurant le bien-être humain pour toutes et tous à l’intérieur des frontières planétaires. Il s’agit donc bien de travailler tous les champs de l’exploitation de la planète dans un double souci : réduction des impacts nocifs de l’humanité sur la planète, justice sociale et bien-être pour toutes et tous. Or les gouvernements s’en préoccupent peu. Le sommet a travaillé trois questions : bâtiments et urbanisation, alimentation, habillement et industrie de la mode. Alors que la mondialisation est un frein important à la transition écologique, lancer la construction d’un corpus international scientifique et politique sur ces questions est une première étape importante.
La France, avant ou arrière-garde ?
Lançant le 11 mai le plan Accélérer notre reconquête industrielle, le Président Macron a demandé « une pause dans la réglementation européenne » sur la transition écologique. Cette « réindustrialisation » passe sous silence sa nécessaire mise en cohérence avec les engagements climatiques de la France. Comme le demandent le SNES et la FSU avec l’Alliance écologique et sociale, l’autosuffisance et l’emploi doivent se penser en lien avec l’urgence environnementale. Le GIEC s’est appuyé sur les travaux de l’Agence française de la transition écologique, l’Ademe, pour rédiger ses conclusions sur la sobriété.
Les outils sont là, à quand la volonté politique ?