Après les années de mépris assumé par Blanquer qui ne prenait même plus la peine d’informer la profession des décisions qui la concernaient pourtant au premier chef, Attal semble vouloir poser les bases d’une communication plus directe. C’est en tout cas un des messages qu’il souhaite faire passer avec le courrier envoyé ce mardi. Voilà pour la forme.

Pour le fond, plusieurs points sont à retenir qui concernent entre autres, ou plus spécifiquement, les professeur.es de physique-chimie et de Sciences de la Vie et de la Terre.

PISA 2022

Quand on s’appuie sur un outil comme PISA 2022, il est nécessaire de connaitre la méthode de conception des questionnaires, mais le ministre semble en faire totalement abstraction. En effet, il omet de rappeler que les items de PISA sont en décalage total avec les attendus des programmes français. Le programme PISA ne cherche pas à évaluer la maitrise par les élèves d’un programme scolaire, mais à mesurer des connaissances et aptitudes « à relever les défis de la vie réelle et à réussir dans l’avenir ». Les tests sont donc plus tournés vers une automatisation de techniques standards, avec des situations-type, sans réelle capacité d’argumentation.

Par ailleurs, « l’habitude médiatique consistant à assigner une position déterminée d’un pays […] constitue une absurdité du point de vue statistique » (propos de Julien Grenet, économiste, directeur de recherche au CNRS, en 2007), car les scores moyens sont affectés d’une marge d’erreur, ce qui signifie un intervalle de confiance qui peut aller jusqu’à 10 points.

Pour les Sciences :

la performance moyenne mesurée en Sciences au niveau de l’OCDE est restée stable (moins 2) comparé à ce qui a été mesuré en Mathématiques (moins 15 points) et en Français (moins 11 points) par rapport à 2018.

Pour la France, en Sciences, on passe de 493 à 487 (soit moins 6 par rapport à 2018 à comparer à moins 21 en Mathématiques et moins 19 en Français). Les résultats baissent un peu, mais dans un contexte très difficile, entre la crise du Covid-19 et un manque cruel de moyens pour nos établissements scolaires.

Par ailleurs, en France, les filles réussissent légèrement mieux en Sciences que les garçons (487 contre 486).

Réorganisation du collège

Un vaste remaniement du collège a été lancé par le ministre avec notamment un nouveau socle commun qui s’appliquera à la rentrée 2025. Il serait réorganisé autour de compétences disciplinaires -entendre les mathématiques et le français !-, psychosociales et de repères de culture générale. Dans cette nouvelle définition, où serait la place des Sciences… ? Devons-nous comprendre que nos disciplines seront diluées sous la bannière « culture générale », au même titre que les langues vivantes, l’histoire géographie, les disciplines artistiques, l’EPS ?

Quelle sera la forme des évaluations posées « aux moments clés » ? Aurons-nous des évaluations nationales standardisées sur les attendus annuels, et donc une incitation à faire du « Teach to test » ?

En envisageant une « scolarité aménagée » pour les collégiens connaissant les plus grandes difficultés, le ministre annonce que « le volume horaire de ces disciplines [français et maths] pourra être sensiblement augmenté, avec une réduction temporaire des cours dans d’autres disciplines ». Ainsi, plusieurs questions se posent : quelles vont être les disciplines, considérées de fait comme secondaires, pour lesquelles l’horaire sera réduit ? La physique-chimie et/ou les SVT vont-elles, après la technologie, devenir la variable d’ajustement ? Comment un élève, déjà en difficulté, qui n’aura pas suivi son groupe classe pendant l’horaire complet d’une discipline, pourra récupérer efficacement les contenus manqués ? Prôner une « culture générale » pour tous les élèves et ne pas leur offrir l’ensemble des horaires des disciplines qui risquent d’y concourir ? Autant d’interrogations qui inquiètent quant à la mise en place effective de telles annonces…

Le diplôme national du brevet

« La note du contrôle continu sera calculée à partir de la moyenne des notes disciplinaires que vous attribuez aux élèves, et non plus par les « compétences » converties en points ». Doit-on comprendre qu’après toutes ces années à essayer d’imposer l’utilisation de la notation par compétences le ministère reconnait les limites de ces pratiques ? Ensuite, « les épreuves terminales représenteront 60 % de la note finale, au lieu de 50 % aujourd’hui », ce qui mécaniquement renforcerait le poids des disciplines qui se passent à l’écrit. Compte-tenu de la faible pondération du duo « Sciences et Technologie », il y a fort à parier que les mesures annoncées n’auraient que peu d’impact sur le poids de nos disciplines quant à l’obtention du brevet par les élèves. Il faudra de toute façon attendre les nouveaux textes réglementaires pour mesurer la réalité de ces annonces. Car elles soulèvent en effet plus de questions qu’elles n’apportent de réponses : l’épreuve écrite « Sciences et technologie » fera-t-elle toujours partie des épreuves terminales dans le diplôme National du Brevet qui ne manquera pas d’être remanié lui aussi pour s’adapter aux nouveaux piliers du socle ?

Le baccalauréat

Gabriel Attal annonce vouloir conforter le retour des mathématiques dans le tronc commun du cycle terminal du lycée en mettant en place, à compter de l’année scolaire 2025-2026, une nouvelle épreuve anticipée du baccalauréat dédiée aux « mathématiques et à la culture scientifique », en fin de Première générale et technologique, pour l’ensemble des élèves.

Le ministère entretient un certain flou autour de cette nouvelle épreuve.

Dans le dossier de presse on alterne entre une épreuve de « culture mathématiques et scientifique » et une épreuve de mathématiques appliquées.

Globalement, quelle articulation entre la nouvelle épreuve et les enseignements « scientifiques » de tronc commun comme de spécialité de la voie générale et des séries technologiques ? Doit-on s’attendre à de nouveaux programmes voire à des nouvelles grilles horaires ou même de nouveaux enseignements ?

Cette épreuve anticipée en Première sonne-t-elle la fin de l’Enseignement scientifique en Terminale ?

Le SNES-FSU continue de revendiquer une organisation du baccalauréat en exigeant la fin du contrôle continu et des épreuves terminales, nationales et anonymes en juin. La nouvelle épreuve va donc dans ce sens mais nous ne pouvons qu’être méfiants dans la mesure où nous en sommes encore au stade des annonces et qu’il faudra attendre de nouveaux textes réglementaires pour y voir plus clair.


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