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Ce qui change : un virage éthique assumé !

– Contrairement à l’ECJS, l’EMC s’adressera désormais à l’ensemble de nos élèves, séries technologiques comprises (1ères et terminales). L’horaire annoncé étant celui de l’ECJS, les dotations horaires devront être hissées à la hauteur de cette ambition… – Si l’ECJS revendiquait déjà un questionnement moral (bioéthique en terminale), l’EMC affiche clairement la volonté d’articuler les « questions éthiques » aux questions « civiques », de la seconde à la terminale : « Pour chaque thème, les questions éthiques et civiques sont liées et aucune de ces dimensions ne doit être négligée. » – Réciproquement, bien que la dimension sociale ne soit pas totalement absente du programme de l’EMC (« égalité et discrimination » : « l’égalité des chances » en 2de), 2 des 4 thèmes de l’ECJS disparaissent en terminale : « Argent et société » dont « finance et éthique » (thème 3), « Violence et société » dont « la violence et le travail» (thème 4). La question « sociale » risque bien de faire les frais du virage éthique des nouveaux programmes … – La référence à l’évaluation est associée à 4 compétences omniprésentes dans le programme : « Au lycée, quatre types de compétences sont évalués : identifier et expliquer les valeurs éthiques et les principes civiques en jeu ; mobiliser les connaissances exigibles ; développer l’expression personnelle, l’argumentation et le sens critique ; s’impliquer dans le travail en équipe. » – Enfin, un programme d’EMC pléthorique, mais est-ce un changement ?

Notre analyse : L’EMC ? oui, mais…

– Le programme de philosophie permet explicitement d’aborder les questions politiques, éthiques et religieuses de façon « philosophique », c’est à dire précisément de manière « critique » et « argumentée ». Or, les horaires en classe dédoublée disparaissent tendanciellement avec la réforme du lycée dans les séries technologiques (pénalisant environ un tiers de nos élèves), alors que l’horaire en terminale scientifique a été amputé d’une heure (pénalisant un second tiers de nos élèves)… voilà de quoi nous laisser perplexes quant à l’urgence de promouvoir un enseignement moral et civique qui s’accommoderait de cette réduction du temps de présence des professeurs de philosophie devant leurs élèves ! – Bien qu’il soit toujours possible d’aborder un programme avec distanciation, nous déplorons néanmoins, la dimension peu critique de ce programme, en ce qu’il permet à peine d’envisager la laïcité dans l’ensemble de son champ d’application et qu’il ampute la réflexion sur « l’État de droit » des débats qu’il suscite.
Concernant la laïcité, nous savons bien que le débat s’enracine historiquement, dans la difficile cohabitation de la République et des Religions, depuis au moins la révolution française, jusqu’à l’actualité la plus récente, en passant par la loi de 1905. Mais nous comprenons également la laïcité comme la nécessaire protection de l’école face aux ingérences idéologiques de toutes sortes (économiques, politiques, etc.). L’école est-elle là pour servir « l’esprit d’entreprise » ou l’esprit critique ? Ajoutons que la «neutralité politique », qui nous est explicitement demandée par la Charte de la laïcité (article 11) , exclut tout prosélytisme en faveur d’une quelconque idéologie d’État.
Quant à « l’État de droit », véritable trait d’union entre l’ECJS et l’EMC au même titre que le « droit » et « la défense », faut-il le présenter en faisant abstraction des tensions qui le divisent de l’intérieur, selon qu’il s’inscrit dans une conception libérale (« séparation des pouvoirs », « libertés » fondamentales garanties par les droits de l’homme…), ou selon qu’on insiste sur le principe de la « souveraineté populaire (1)» et des « droits sociaux » (références pour le moins, peu explicites dans le programme) ? Car c’est là toute la différence entre un enseignement critique et un catéchisme républicain, dont nous ne voulons pas.
– La dimension morale quant à elle, devient l’approche privilégiée de la citoyenneté. Si nous reconnaissons la pertinence d’étendre la question morale à la sphère du numérique (réseaux sociaux, nouveaux médias… ) en 1ère, tout en maintenant une réflexion sur la bioéthique et les questions environnementales en terminale, nous déplorons la suppression de la réflexion éthique sur la finance et sur la violence au travail (ex ECJS) ! Ces enjeux, indissociablement sociaux, démocratiques et politiques, constituent pourtant les éléments indispensables d’une authentique initiation à la citoyenneté. Quoiqu’il en soit, l’apprentissage de la citoyenneté et la pédagogie de la laïcité, ne sauraient par les temps qui courent, se satisfaire de simples leçons de morale. – L’évaluation associée à des compétences nous pose également problème. Si nous savons bien que l’absence d’évaluation porte avec elle le risque d’un discrédit scolaire auprès de nos élèves, il ne saurait être question d’évaluer des « comportements politiquement corrects » ! En tout état de cause, si une évaluation de l’EMC devait être mise en œuvre, elle ne saurait être imposée d’en haut, sans consultation des enseignants et des organisations syndicales représentatives. Tous les acteurs doivent a minima être associés à l’identification des qualités et compétences attendues des élèves dans cet enseignement. Le groupe philo ( groupe large )

Ce que demande le SNES :

– La possibilité d’aborder le programme d’EMC de manière authentiquement critique ! – Si nous reconnaissons la légitimité d’un cadre légal (2) définissant notre « liberté pédagogique » , nous demandons à pouvoir exercer notre métier sans craindre à tout moment, d’être « suspendus ». L’opinion parfois hostile que nous avons à interroger en tant qu’enseignant, ne doit pas servir de prétexte administratif à une présomption de culpabilité, sauf à céder dangereusement aux pressions locales. – Le rétablissement des grilles horaires nationales avec dédoublements fléchés par discipline, ainsi que le rétablissement des horaires disciplinaires amputés par la réforme du lycée. – Enfin, le report de l’EMC à la rentrée 2016, compte tenu des multiples questions laissées pour l’heure, sans réponse.

Le BO de juin 2015 :

(nouveaux programmes) . (1) Le SNES se félicite d’avoir obtenu une référence à la “souveraineté populaire” dans le programme de 1ère, même s’il regrette que cette référence n’ait pas été retenue pour le programme de CAP… (2) sur la liberté pédagogique, voir aussi les instructions de 1925 (Anatole de Monzie) et le commentaire qu’en fait l’IG de philosophie dans son rapport de 2008 (p.21)

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