Compte-rendu de la journée de réflexion disciplinaire, philosophie (novembre 2022)

Matin : actualité de la discipline

1) le sujet 3 dans la voie technologique :

Le sujet 3 donné l’an dernier dans la voie technologique posait plusieurs problèmes¹. Nous avons sollicité une réunion avec l’inspection générale pour avoir des éclaircissements sur ce qui est attendu des élèves (en particulier dans la question 2C : attend-on de l’élève qu’il fasse des objections au texte et prenne éventuellement ses distances avec la thèse défendue dans le texte ou lui demande-t-on simplement d’expliciter la position défendue dans le texte ?)

Cette audience auprès de l’IG serait également l’occasion de discuter, plus largement, de la réforme du sujet 3 dans les séries technologiques. Les collègues présents ont accepté que SNES propose que les questions d’analyse demandent aux élèves de mobiliser un des repères du programme afin d’éclairer le texte (comme le proposaient les sujets testés dans la section hôtellerie²), ce qui serait une manière de valoriser le travail des élèves durant l’année. Cependant, ceci nécessiterait sans doute que la liste des repères soient réduite, afin d’être sûr que tous les élèves puissent voir durant l’année tous les repères.

2) philosophie en lycée professionnel :

L’extension de l’enseignement de la philosophie en LP fait partie des mandats du SNES. Cependant, lorsque le précédent ministre de l’éducation a annoncé ouvrir l’enseignement de la philosophie aux élèves de lycée professionnel, il s’agissait d’une mesure gadget relevant surtout de la communication. Nous estimons en effet qu’environ 0,5 % des élèves de LP ont pu participer à un atelier philo l’an dernier. De plus, avec la réforme du LP et la diminution des moyens consacrés à l’enseignement général, les collègues de lycée professionnel sont de moins en moins disponibles pour participer à ces expérimentations et craignent qu’une éventuelle ouverture de l’enseignement de la philosophie en LP ne se fasse au détriment des autres disciplines d’enseignement général déjà malmenées. Le SNES continue donc à soutenir l’idée d’un enseignement de la philosophie en LP, à condition que cela ne revienne pas à siphonner une partie de la dotation initialement prévue dans ces lycées.

3) HLP

De nombreux collègues sont insatisfaits par l’enseignement de HLP. Le recrutement en HLP pose problème : il faudrait que les élèves de seconde puissent être initiés à la philosophie pour choisir cette spécialité en connaissance de cause. Certains collègues ont trouvé une solution en proposant un enseignement en DNL philosophie dans des sections européennes dès la classe de seconde.

La concertation avec le professeur de Lettres est difficile, voire inexistante. Il faudrait donc bénéficier d’heures de concertations pour faire un véritable travail d’équipe.

De plus, les élèves ont bien du mal à identifier les attendus de l’épreuve et à faire la différence entre un essai littéraire ou philosophique.

Le fait que les élèves de spécialité soient parfois issus de classe différentes ajoute une difficulté : une partie d’entre eux ont parfois déjà vu en tronc commun des points qu’on aborde en HLP, tandis que d’autres les découvrent.

Lors du grand oral, il est fréquent qu’il n’y ait ni professeur de Lettres ni professeur de philosophie dans les jurys (ces deux disciplines étant largement mobilisées par la correction des épreuves écrites), ce qui conduit à écarter les sujets d’HLP. On peut craindre que les élèves ne s’en rendent compte et que cela ne les conduise à négliger le travail en HLP en vue du grand oral.

Le principe même d’un couplage avec les Lettres fait débat. Certains collègues pensent que ce couplage devrait être abandonné au moment de l’épreuve : un tirage au sort conduirait à en faire soit une épreuve de philosophie, soit une de Lettres. Mais d’autres estiment qu’avec un examen en mars, les élèves auront trop peu de connaissances pour faire une épreuve de philosophie et qu’en l’état l’épreuve est satisfaisante. Certains pensent que ce couplage devrait être totalement abandonné et qu’il faudrait demander la création de deux spécialités distinctes : Lettres et philosophie. D’autres pensent que seul ce couplage nous permet d’avoir des effectifs conséquents.

Il faudra donc prolonger la réflexion collective sur HLP dans les mois à venir (en concertation avec nos syndiqués de Lettres), pour tenter de trouver une position commune qui pourrait être la position officielle du SNES sur HLP³.

Après midi : religion, laïcité et enseignement de la philosophie

1) présentation d’un cours possible :

« La croyance religieuse implique-t-elle une démission de la raison ?»

Certains collègues, en particulier en début de carrière, esquivent parfois le cours sur la religion, car ils ne se sentent pas assez sûrs d’eux pour aborder une notion potentiellement explosive et car ils constatent que ce thème tombe rarement à l’examen. Cependant, il nous paraît essentiel de faire réfléchir nos élèves sur cette notion, car on ne peut pas laisser aux autorités religieuses le monopole du discours sur la religion. De plus, l’expérience enseigne que, si l’on prend un certain nombre de précautions, ces cours peuvent être l’occasion d’échanges très riches avec la classe et susciter un intérêt très vif de la part élèves. Un collègue a donc présenté un exemple de cours sur la religion, qui est le fruit de tâtonnements menés depuis des années auprès de ses élèves d’un lycée plutôt défavorisé et de discussions menées avec des collègues (notamment une collègue qui avait la particularité d’être à la fois agrégée d’histoire et… imam). Ce cours se propose d’aborder les sujets qui peuvent fâcher (Darwin, la place des filles dans l’islam, la crédulité religieuse et la manipulation…), en proposant une démarche indirecte qui permet de désamorcer les tensions : faire accepter un principe sur un exemple dépassionné, puis l’appliquer aux exemples plus tendus.

Vous trouverez ici une version rédigée de cette présentation et de la discussion qui s’en est suivie : https://www.snes.edu/wp-content/uploads/2023/05/JRD-la-croyance-religieuse-implique-t-elle-une-demission-de-la-raison_cours.pdf

Et ici l’ensemble des textes utilisés dans ce chapitre : https://www.snes.edu/wp-content/uploads/2023/05/JRD-la-croyance-religieuse-implique-t-elle-une-demission-de-la-raison_textes.doc

2) la laïcité : état des lieux, historique et position du SNES

Où en est-on aujourd’hui de la laïcité à l’école en France ? On recense des atteintes à la laïcité en hausse, mais l’État n’est pas en reste, qui finance toujours plus l’enseignement privé catholique. Prendre un peu de recul historique permet de comprendre que les lois sur la laïcité sont d’abord et avant tout des lois de liberté ; pour autant le SNES a conscience des tentatives d’instrumentalisation de la laïcité menées lors du précédent quinquennat.

La discussion est l’occasion de clarifier certains points concrets et de rappeler la position du SNES, notamment par rapport à la loi de 2004 concernant l’interdiction de signes religieux à l’école : le SNES, tout en étant opposé à tout prosélytisme religieux à l’école et par conséquent au port de signes religieux ostensibles, était opposé à cette loi, car il estime qu’une vraie laïcité devrait conduire à cesser de financer l’enseignement privé dans des établissements liés à la religion.

Vous trouverez ici une version plus détaillée : https://www.snes.edu/wp-content/uploads/2023/05/JRD-laicite-etat-des-lieux-historique-et-position-du-SNES.pdf

1https://www.snes.edu/article/epreuve-de-philosophie-du-baccalaureat-quand-le-sujet-texte-de-la-voie-technologique-pose-probleme/

2Voir par exemple le sujet 0_2 qui demandait d’utiliser le repère en théorie / en pratique, ou les sujets de « composition » qui mobilisaient divers repères. https://pedagogie.ac-guadeloupe.fr/philosophie/exemples_sujets_philosophie_serie_renovee_sthr

3Une enquête auprès des syndiqués enseignant en HLP a d’ailleurs été lancée début janvier 2023