I – Actualité syndicale

Magali : PPCR, de la réforme du collège à celle du lycée… il faudra rappeler la diminution drastique du nombre d’heures de « français » depuis 15-20 ans (principale cause du désespoir des profs de philo au final !)

Jean-François : Quelques mots sur : 1) la mission Mathiot qui compte parmi ses membres la doyenne de l’IG de philosophie rencontrée par le groupe philo le 15 novembre. 2) les réformes en cours (ou l’effet « domino » : de la réforme de l’accès au post-bac à celle du bac, puis du lycée). 3) le processus d’harmonisation européen des systèmes éducatifs (vers un système éducatif euro-compatible ? Après le supérieur et le processus de Bologne lancé en 1999, le lycée Blanquer semble inspiré par ce que font nos voisins : réduction du nombre d’épreuves et grand oral à l’italienne, un peu de contrôle continu à l’allemande, un peu de modulaire à l’anglaise et une touche française avec la philosophie en épreuve universelle…). Sur ces différents points, se référer au rapport de décembre 2011 « propositions pour une évolution du baccalauréat » signé notamment par Stéphane Kesler (mission Mathiot), en particulier les appendices 2 (bac en 4 épreuves et contrôle continu) et 3 (comparaison avec nos voisins européens).

II – Les épreuves du baccalauréat

De la préparation aux épreuves écrites de lettres en fin de première, à la préparation de l’épreuve de philosophie en fin de terminale : vous avez dit « continuité » ?

A – Présentation des attendus et des épreuves de bac dans les 2 disciplines. Quels exercices ? Quel niveau de maîtrise attendu ?

– Pour la philosophie : exemple d’une copie test (bac S 2017), présentation succincte du descriptif des épreuves du bac (BO du 30-08-2012), présentation succincte du programme (liste de notions regroupées en 5 champs : la culture, la connaissance, le sujet, la morale, la politique), présentation du sujet zéro de la nouvelle épreuve de philosophie dans la série STHR (dissertation guidée destinée à palier aux difficultés des candidats dans leur maîtrise de la dissertation).

– Pour l’EAF : Présentation des types de sujets au baccalauréat. Vus de loin, ils semblent être proches de ceux de philo mais ils n’en est rien. On a bien, à l’écrit, une étude de texte (le commentaire) et une dissertation mais les démarches comme les objectifs sont très différents. A ces deux exercices, il faut ajouter une réponse synthétique à faire pour analyser le corpus de textes que comprend aussi le sujet. On n’oublie pas, non plus, l’écrit d’invention : il s’agit d’écrire « à la manière de » en se conformant à des contraintes de forme et de fond. L’écrit à produire est souvent argumentatif mais pas toujours. Il faut encore que les élèves maitrise les deux exercices de l’épreuve orale : répondre à une question d’analyse sur un texte connu et dialoguer avec l’examinateur. Bref, tout cela en 4h hebdomadaires pour les séries générales et 3h pour les séries technologiques : c’est inatteignable !

B – Débat sur 2 questions

Y a-t-il un continuum entre les deux disciplines au motif que l’une commence quand l’autre s’arrête ? Dit autrement, sur quels pré-requis pourraient compter les prof de philo à l’entrée en terminale ? Lesquels de ces pré-requis sont « assumés » par la discipline « français » ? La série L est-elle un cas particulier puisque les élèves suivent un enseignement de « littérature » en terminale ?
En matière d’écrit problématisé, quel niveau de maîtrise peut-on raisonnablement attendre, pour un élève moyen, en 1ère et en terminale ?
Au delà d’une convergence trompeuse, les échanges mettent en évidence des divergences significatives :

1) Du commentaire de texte (lettres) à l’explication de texte (en philosophie), ou pourquoi les élèves de terminale ont tendance à proposer un plan thématique (ne suivant pas nécessairement l’ordre du texte) dans un exercice philosophique qui demande au contraire à suivre strictement sa progression logique.

2) Le corpus de textes en lettres amène le candidat choisissant la dissertation, à traiter le sujet en s’appuyant sur ce corpus en plus des textes qu’il a étudiés en classe et révisés pour l’épreuve orale. Il ne s’agit donc pas de disserter sur une question générale de littérature mais d’argumenter à partir d’une question portant sur un objet d’étude au programme, en analysant des exemples de textes bien précis. La dissertation littéraire est un exercice d’analyse littéraire, au même titre que le commentaire, même si la démarche est différente. C’est l’analyse de texte qui sert ici de marqueur de l’épreuve. C’est aussi le cas de l’oral qui est une épreuve de lecture analytique.
Les épreuves de philosophie composées de deux dissertations et d’une explication de texte, inversent totalement cette logique en faisant de la construction raisonnée d’une réflexion (en répondant à une question ou en expliquant un texte) le coeur de l’exercice évalué au baccalauréat.

3) L’EAF vérifie les capacités du candidat à faire une lecture personnelle d’un ou plusieurs textes et de justifier ses « impressions de lecture ». L’élève doit apprendre à observer le texte pour en comprendre les « secrets de fabrication » et expliquer l’effet que ses procédés d’écriture produisent sur le lecteur. Le texte littéraire est une œuvre d’art. A ce titre, il suscite des émotions et des réactions que l’élève doit analyser. L’élève s’appuie sur des connaissances en histoire littéraire, en stylistique, en grammaire de texte, etc… apprises en classe depuis le collège.

En philo, les attendus sont autres : l’exercice rationnel et méthodique évalue le rapport du candidat à des concepts (un programme fait de notions et de repères -càd de distinctions conceptuelles – étant principalement sollicité).

III – Sujets divers relatifs au seul enseignement du français :

Le contexte des réformes Blanquer a pesé bien sûr sur nos discussions. Que proposer pour le bac ? Quel devenir pour la série L ? Quel enseignement de la langue et de la littérature ? Faut-il distinguer davantage les programmes et les épreuves en fonction des séries et des voies ?
Mais nous n’avons pas, non plus, oublié le collège : quelles spécificités de la disciplines en collège et en lycée ? Comment assurer le continuum ?

La situation en collège

Petit rappel de l’épisode précédent : la réforme du collège a modifié les programmes et cela a forcément des conséquences sur les connaissances des élèves à l’entrée en seconde. Il faut avoir en tête le programme du cycle 3 mais aussi le fait que les horaires sont maintenant variables en fonction des collèges. L’impact sur les élèves est visible à cette rentrée mais le sera encore plus quand entreront en 2de, les élèves qui auront « subi » la réforme durant l’intégralité du cycle 3.

Le programme de collège redonne une place plus importante à l’argumentation, réintroduit (e partie) la grammaire du discours et incite à enseigner le français oral en le confrontant au français écrit. Mais tout cela a-t-il été bien vu et pris en compte, étant donné la médiocrité de la formation et le temps imparti ? Les manuels ont été écrits AVANT la réforme !
La place de la littérature et de la littérature patrimoniale est minorée dans le programme, dans la mesure où le corpus n’est pas clairement indiqué. Il aurait été utile de s’appuyer sur une bibliographie pour indiquer de quelle littérature on parle.

La liaison collège-lycée

Le cœur du métier : lecture, écriture, maitrise de la langue mais avec des proportions différentes au collège et au lycée.

L’argumentation prépondérante au lycée. Au collège, le travail est amorcé. La classe de 2de explicite ce passage où l’argumentation va devenir essentielle. La grammaire est aussi un soutien pour cette progression.

La maitrise de la langue n’est pas acquise en fin de collège et pourtant le temps manque en lycée, y compris en seconde, pour parfaire cet apprentissage.Le nouveau programme de collège est un atout sur ce point. La maitrise de français écrit standard : que faire quand elle n’est pas acquise ? Idem sur la maitrise de la lecture « experte » voir « littérale ». Comment ne pas en rabattre sur les exigences tout en proposant des tâches accessibles aux élèves ? Il faudrait augmenter le temps accordé à la discipline, puisque seul le professeur de français est spécialiste dans ce domaine. Il faut sortir du mythe qui consiste à dire que toutes les disciplines y participent au motif que tous les enseignants parlent français !

Les spécificités du lycée

Ce qui fait le cœur de la discipline en lycée : comment le définir ? Quelles connaissances viser ? Comment assurer la « jonction » entre le collège et le lycée ? Que devrait comporter un programme de 2de en termes d’objectifs (langue et littérature) ? Dans quel cadre horaire ?

En lycée, la lecture analytique occupe 80% du temps en classe. La préparation à l’épreuve orale est très lourde et empêche de porter l’attention des élèves sur des textes moins « classiques » (au sens d’étudiés habituellement en classe). On pourrait, avec plus de temps, aborder des supports variés : littéraires (majoritaires) et non littéraires. En effet, la lecture des discours, de la presse, des écrits documentaires nécessite des « techniques » qui ne sont pas assez enseignées actuellement. Pourtant cette maitrise est essentielle pour devenir un citoyen éclairé et émancipé.

Il faudrait aussi favoriser un regard sur le monde par le biais de la littérature, la diversité des littératures (francophone et étrangère). Les langages littéraires → prendre en compte la diversité (dans le temps, l’espace, les langues). (voir chez Présence africaine, Laetitia Copin, Anthologie de la littérature francophone). Il pourrait être intéressant de proposer une entrée par la littérature comparée pour faire les ponts entre les époques et entre les cultures.

Le cycle terminal du lycée : faut-il différencier les programmes des séries (techno / S-ES / L) ? Que proposer si les séries disparaissent ? Différencier les séries techno et les séries générales paraît une nécessité, à condition de garder la même exigence mais avec plus de temps. On doit avoir les mêmes objectifs en terme de qualité des textes littéraires et d’accès à la culture mais l’étayage ne doit pas être le même ni le temps passé. Nous devons revendiquer au moins 5h hebdomadaires en 1ère technologique.

Le bac : EA ou pas ? Pour qui ? Comment ? La question de la durée de l’épreuve ? Du lien entre ce qu’on enseigne et ce qu’on évalue. Plusieurs hypothèses on été avancées lors du débat :

  • un texte littéraire à commenter avec un dossier d’appareil critique, ce qui permettrait un travail de synthèse, de commentaire critique avec une interprétation personnelle argumentée. En effet, actuellement, le texte à commenter est donné avec très peu de paratexte, ce qui laisse les élèves très démunis s’ils ne connaissent pas l’auteur.
  • Commentaire ou écrit critique avec présentation du texte / enjeux littéraires et culturels / interprétation personnelle argumentée.
  • Dissertation sur une thématique au programme, sans corpus. Exercice essentiellement argumentatif et culturel. Les supports de l’argumentation sont à prendre dans les textes littéraires vus en classes, les autres textes lus, les films…
  • Si on garde une épreuve orale, c’est pour évaluer l’expression orale : comment ?
  • Nous nous accordons tous sur le même constat : il faut changer l’épreuve actuelle et en alléger l’ampleur. Actuellement, nous avons trop d’exercices à préparer et trop d’attention à porter aux « méthodes », aux « techniques », voire aux « recettes », ce qui fait perdre de vue le sens des textes et même leurs qualités littéraires.

La journée est toujours trop courte pour aborder toutes les questions qui se posent, évidemment mais le débat se poursuit grâce à la liste lettres@snes.edu et le chantier reste ouvert !

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