Français : allégement, enfin !
Contraint de reconnaître le bien-fondé des remarques du SNES-FSU sur les programmes, le ministre a annoncé des aménagements correspondant aux demandes du SNES-FSU et de la profession pour le français Le programme serait renouvelé chaque année par quart et non plus par moitié, le nombre de textes à étudier par les lycéens serait de 20 à 24 en voie générale et de 13 à 16 en voie technologique (respectivement 24 et 16 auparavant). Mais nous n’obtenons pas de réponse sur nos autres demandes : suppression de la question de grammaire à l’oral de l’EAF, respect de la liberté pédagogique sur les choix des oeuvres et des méthodes d’analyse des textes.
Anglais : élargissement de la concurrence à une nouvelle spécialité
En anglais serait proposé une nouvelle spécialité « Anglais, monde contemporain », davantage tournée vers « la lecture de la presse « et « l’expression orale ». De fait les spécialités Langues, littérature et cultures étrangère et régionale posent question : le caractère ardu met en difficulté élèves et professeurs. Le SNES-FSU l’avait dénoncé dès la sortie des projets de programme.
En annonçant la création d’une nouvelle spécialité, Jean-Michel Blanquer pose plus de problèmes qu’il n’en résout. Il accroît la concurrence entre les spécialités : en anglais, en langue vivante au risque d’aggraver la diversité linguistique déjà bien mise à mal, mais aussi entre toutes les spécialités. Rien n’est dit sur la dotation en heures pour ouvrir cette spécialité. En réalité, rien ne change, les établissements vont devoir faire des choix douloureux, sacrifiant un groupe de spécialité pour pouvoir en ouvrir un autre. Rien n’assure aujourd’hui que la spécialité « anglais monde contemporain » sera ouverte partout, et accessible à tous les élèves qui la demandent. Le Ministre assure également qu’elle fera une place de choix à l’expression orale : sans jamais mentionner la question des moyens nécessaires pour diminuer les effectifs aujourd’hui pléthoriques en anglais, comme ailleurs, le travail sur l’expression orale est un vœu pieux. Par ailleurs, en choisissant de scinder l’enseignement des langues vivantes entre la dimension littéraire et la dimension communicationnelle, le Ministre réactive un clivage stérile et non pertinent. Une langue vivante doit être étudiée sous toutes ses dimensions dans un même enseignement.
Mathématiques : le délire continue
En mathématiques, le Ministre commence par refuser de reconnaître le problème posé par des programmes trop lourds et aujourd’hui unanimement décriés. A la place, il pointe du doigt des problèmes pédagogiques, renvoyant ainsi la responsabilité vers les enseignants qui, depuis le début de l’année, font pourtant leur possible pour que leurs élèves s’en sortent du mieux possible. On frise là l’injure d’incompétence professionnelle des collègues !
Les propositions du ministre se bornent à une réponse : « travailler à renforcer la constitution de groupes de compétences » au sein de la spécialité mathématiques. En clair, on revient aux classes de niveau ! Cela pose, on le sait, nombre de difficultés, notamment sur la motivation des élèves pour la discipline, et l’image qui leur est renvoyée. Ainsi, de fait dès la fin de la Seconde, s’instaure une nouvelle forme de sélection par l’échec en mathématiques. Dans son courrier, le ministre rappelle que « dans tous les lycées qui proposent l’enseignement de spécialités mathématiques, les élèves pourront suivre l’enseignement « mathématiques complémentaires » en terminale ». Comme pour l’anglais et comme c’est le cas depuis le mise en place de la réforme, la question du financement des groupes de mathématiques complémentaires (et plus globalement des options) n’est jamais abordée : or, la réalité est bien éloignée des éléments de langage ministériel. Sans doter spécifiquement chaque option, un principe de réalité va s’imposer, celui où une option n’existe qu’au détriment des autres. Rien n’assure donc que, comme le prétend le Ministre, dans tous les lycées qui proposent l’enseignement de spécialités mathématiques, les élèves pourront suivre l’enseignement « mathématiques complémentaires » en terminale », ou alors, ça sera au détriment d’autres options, au détriment de la diversité de l’offre de formation, bien loin du slogan vantant le lycée des possibles.
Conseils de classe et professeurs principaux : encore plus complexe
Le ministre propose enfin des conseils de classe d’enseignements de spécialité et de remplacer les professeurs principaux par des « professeurs référents d’un groupe d’élève ». Les difficultés de fonctionnement actuelles sont le résultat de l’éclatement du groupe classe, inhérent à la réforme. Plutôt que de proposer des changements qui vont alourdir la charge de travail des professeurs, sont discutables d’un point de vue pédagogique et laissent augurer d’une complexification accrue en terme d’organisation, le Ministre devrait plutôt s’interroger sur l’éclatement du groupe classe. De nombreux faits le montrent, cette situation a mis en difficulté les élèves, notamment les plus fragile et a dénaturé une partie de l’accompagnement pédagogique des professeurs.
Rien n’est dit sur les nombreux programmes qui sont trop lourds, notamment en SES, histoire-géorgaphie, dans les séries technologiques. Le SNES-FSU a interpellé le Ministre à ce sujet : Lettre sur les programmes
En définitive, Jean-Michel Blanquer tente de revêtir le costume d’un ministre à l’écoute de la profession dans un contexte où la défiance qui s’exprime à son égard, sur la réforme du lycée mais aussi sur le dossier des retraites, n’a jamais été aussi élevée. Dans une forme de précipitation, il tente aussi de sauver sa réforme du lycée, sous le feu des critiques depuis plusieurs mois. Mais le SNES-FSU et la profession ne sont pas dupes : ces aménagements n’en sont pas et ne vont en rien résoudre les problèmes pointés. Ils vont même en créer de nouveaux. C’est la réforme dans son ensemble qu’il faut revoir.