Suite à la décision de justice ordonnant la publication des IPS de chaque collège, le ministère rend public toutes les données depuis 2016, incluant l’écart-type à partir de l’année 2019-2020. La publication des données 2020-2021 avait mis en évidence la ségrégation sociale provoquée par les établissements privés.

Qu’est-ce que l’IPS ?

Indicateur devenu central dans toutes les discussions liées aux moyens dans l’Éducation nationale, l’Indice de position socials a été défini à partir d’une enquête sur les habitudes culturelles et éducatives des familles de 35 000 élèves. En ressort un IPS par élève en fonction des professions de ses parents qui sert à établir, en faisant la moyenne de tous les élèves, l’IPS de l’établissement. Si cet indicateur est intéressant, il a bien évidement des limites comme la non prise en compte de l’environnement socio-économique ou de certains critères (recours aux cours privées…).

Que nous apprend l’écart-type ?

L’écart type sert à mesurer la dispersion, ou l’étalement, d’un ensemble de valeurs autour de leur moyenne. Plus l’écart-type est faible, plus la population est homogène. En d’autres termes, plus sa valeur est faible, moins il y a de mixité sociale dans l’établissement.

Sur les années scolaires 2019-2020, 2020-2021 et 2021-2022, l’écart type a très légèrement augmenté mais reste aux alentours des 33. Pour l’année scolaire 2021-2022, l’écart type moyen dans les collèges publics est de 33,5 alors qu’il est de 31,7 dans les collèges privés soit environ 5 % de moins. Cependant, ces moyennes cachent une réalité bien plus contrastée.

L’écart type et donc la mixité sociale tend à diminuer pour les IPS les plus extrêmes. Ainsi, il y a une plus grande ségrégation sociale dans les établissements ayant le public le plus socialement favorisé ou inversement le plus défavorisé.

Les établissements avec le moins de mixité sociale…

Suit le même type de graphiques, mais en différenciant cette fois-ci les établissements publics et les établissements privés sous contrat.




Deux tendances se dessinent :

  • Dans les établissements privés sous contrat, les établissements les plus ségrégés sont les établissements les plus favorisés. Dans ces collèges se retrouvent de manière très homogène les populations les plus socialement favorisés.
  • Dans les établissements publics, il y a globalement une plus grande mixité sociale à l’exception de zone où se concentrent des difficultés socio-économiques. La logique de la labellisation « éducation prioritaire » des établissements publics concernés, selon des critères sociaux et scolaires, est donc confirmée.

Enfin, les 200 collèges possédant les plus grands écarts-types, donc la plus grande mixité sociale, sont à 97,5 % des établissements publics. A l’inverse, les 200 collèges possédant les plus faibles écarts-types (donc la plus grande homogénéité sociale), ne sont des établissements publics qu’à 61 %. Pour rappel, les collèges publics représentent 76 % de l’ensemble.

Variation de l’IPS en 6 ans.

Aux deux extrémités du classement (IPS le plus élevé et IPS le plus faible), sur les six dernières années, il y a une stabilité puisqu’il s’agit en grande partie des mêmes établissements.

La Guyane est particulièrement représentée en ce qui concerne les IPS les plus faibles. Les établissements privés sont contrats sont particulièrement sous-représentées pour cette catégorie d’établissements, comme nous l’avons déjà analysé en octobre. Ces nouvelles données nous permettent de constater que le nombre d’établissements privés sous contrat des 10 % des collèges avec l’IPS le plus faible a été divisé par deux en seulement 6 ans. Alors que, sur les 695 collèges avec l’IPS le plus faible (10 % du nombre total de collège), ils étaient une quarantaine a être privé en 2016-2017, ils ne sont plus que 23 en 2021-2022. La réalité est donc bien loin des effets d’annonces de l’enseignement privé catholique i prétend travailler à la mixité sociale pour récupérer des fonds supplémentaires.

Pour les 10 % d’ établissements dont l’IPS est le plus élevé, le constat est identique avec une part de plus en plus importante d’établissements privés sous contrat. La part de collèges y a progressé de 7 points en seulement 6 ans. Nous y remarquons également une surreprésentation des établissements franciliens .

Enfin, l’IPS a globalement augmenté d’un point. L’IPS étant corrélé à la profession des parents, le fait d’être sans emploi induit un IPS faible. La diminution du taux de chômage au cours des dernières années en France se traduit par une légère hausse de l’IPS. Cela démontre aussi une des limites de l’IPS qui ne prend en compte que la profession sans la modéliser avec l’effet géographique de l’exercice (ce n’est pas le même niveau de vie d’être commerçant dans un quartier huppé d’une grande ville que dans un petit commerce en zone rurale ou péri-urbaine).

A une semaine des annonces du ministre…

Améliorer la mixité sociale ne doit pas être un prétexte pour subventionner davantage le réseau privé sous contrat avec des fonds publics et lui permettre d’attirer à lui les meilleurs élèves de milieu populaire car les établissements privés choisissent leurs élèves tandis que les collèges publics accueillent tous les élèves qui se présentent.

Le SNES-FSU dénonce le détournement des fonds publics prévus en faveur des établissements publics sociologiquement ou géographiquement défavorisés vers des établissements privés comme le permettent désormais les CLA (591525 euros consacrés au privé dans le budget 2023) ou les TER. Il revendique l’unification du système éducatif dans un service public laïc intégrant l’actuel enseignement privé sous contrat.


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