Matthieu Barbery est professeur documentaliste au collège de la Grange-aux-belles, à Paris.

L’US : Comment se passe l’enseignement en ce moment pour un professeur documentaliste ?
Matthieu Barbery : Pendant le confinement, je continue mon travail comme les autres professeurs de l’équipe de mon collège. En documentation, nous n’avons pas vraiment de programme, donc j’ai choisi de travailler sur ce qui me semblait le plus utile. Je propose des fiches pratiques sur la recherche documentaire et dans le cadre de l’éducation aux médias et à l’information des activités pour leur apprendre à reconnaître les fake news, à se méfier des images, à identifier les sites parodiques. Comme je n’ai pas voulu surcharger les élèves de travail, ce sont des travaux facultatifs, qui permettent aux élèves qui le souhaitent de travailler en autonomie. Je recense aussi des ressources pour mes collègues, en fonction de leurs disciplines d’enseignement.
J’utilise l’ENT pour travailler avec les élèves mais comme certains n’ont pas de matériel informatique, il leur a aussi été possible de récupérer des documents imprimés en se rendant dans le collège.
Nous n’avons pas vraiment reçu d’injonctions particulière de la part de notre inspection, seulement celle de participer à la continuité pédagogique, tant auprès des élèves que des personnels. Comme avant le confinement, je travaille avec les autres professeurs du bassin, nous échangeons des ressources et des idées, ce qui permet d’être moins isolé dans notre travail. Je suis aussi en relation avec l’équipe pédagogique de mon collège.

L’US : Dans quelles conditions va se faire le retour en classe ?
M. B. : Comme tout le monde, je n’ai pas davantage d’informations que celles que l’on trouve dans les médias. Mais je suis inquiet sur les conditions dans lesquelles va se faire cette reprise. Dans mon CDI, il y a seulement 20 à 25 places en temps normal, donc, je ne pourrai pas y accueillir plus d’une douzaine d’élèves en même temps. Je ne sais pas trop comment je pourrais les installer. Une place sur deux, en veillant à ce qu’ils ne soient pas en face les uns des autres ? Et si davantage d’élèves se présentent, lesquels choisir ? Normalement, le CDI est un lieu ouvert, où les élèves viennent lorsqu’ils en ont envie, pour travailler, pour lire. J’imagine mal que l’accès en soit contingenté ou encore que les élèves soient installés là sans l’avoir vraiment choisi.
Et, dans mon travail, je suis souvent sollicité, pour répondre à des questions, aider sur une recherche. Comment travailler correctement avec un élève en gardant une distance de plus d’un mètre ? Et pourtant, ce sera difficile de faire autrement, surtout si nous n’avons pas de protections. Bref, comme beaucoup de mes collègues, j’appréhende ce retour en classe sur lequel nous avons de nombreuses incertitudes.

Propos recueillis par Clarisse Guiraud


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