Innovation Technologique IT, Ingénierie et Développement Durable I2D, Ingénierie, Innovation et Développement Durable 2I2D (Première et Terminale)
Quel bilan peut-on tirer des consultations ?
Ces programmes ont été écrits sans se préoccuper des modalités d’évaluation, un point pourtant qualifié de crucial. D’après l’inspection générale, le déplacement de l’étude des solutions constructives dans les enseignements spécifiques va tellement alléger les apprentissages transversaux qu’il est donc possible de rajouter plein de nouvelles notions théoriques pluridisciplinaires. Mais bien sûr sans rien suggérer dans le texte pour qu’enfin le recours à des équipes pédagogiques réellement pluridisciplinaires, ou au co-enseignement devienne une modalité à terme. Enfin, le programme reste toujours sous le charme exclusif de Python, sans tenir compte de la réalité des outils numériques déjà existants.
L’éloge de la virtualité
Les nouveaux programmes IT (Innovation technologique) et I2D (Ingénierie et Développement Durable) en première, et enfin leur fusion en 2I2D (Ingénierie , Innovation et Développement Durable) en terminale est révélatrice : elle confirme la transformation de la série STI2D en baccalauréat généraliste où les technologies seront abordées dans leur dimension socio-culturelle, où les concepts seront approchés dans une démarche scientifique, décrite comme inductive mais à partir d’outils numériques !!! Ces derniers sont indispensables alors que la confrontation au réel est apparemment facultative (cf. la notion de « jumeaux numériques* »).
Le public traditionnel de la filière STI2D, lassé des cours magistraux et préférant la pratique, n’y trouvera pas son compte. Certes, il restera des manipulations, mais essentiellement sur des petits ensembles et autres maquettes…
La pédagogie par projets est conservée puisqu’il est proposé 36h pour un mini projet en première et 72h pour un projet en terminale. Ce dernier projet portera sur une des 4 spécificités proposées en 2I2D : AC (Architecture et Construction), ITEC (Innovation Technologique et Eco-Conception), EE (Energies et Environnement), SIN (Systèmes d’Information et Numérique). Mais ce n’est qu’à cette occasion que les élèves auront le loisir et le plaisir d’approfondir leurs connaissances et de les mettre en pratique… …sur des maquettes et prototypes.
Enfin, une nouvelle approche est mise en avant : le STEM. Elle intègre les quatre disciplines Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques dans une approche interdisciplinaire basée sur des applications du monde réel. Oui, c’est un acronyme anglais. Nul doute que la formation à cette nouvelle façon d’appréhender les produits sera à la hauteur de sa glorieuse aînée : le SYSML.
Bref, la part belle revient aux abstractions et aux simulations, les connaissances technologiques deviennent culturelles et scientifiques, sans confrontation directe avec le réel. L’acquisition se résume à des savoirs, sans lien avec des compétences techniques. C’est une transformation radicale à laquelle les enseignants devront répondre en s’auto-formant dans de nouvelles spécialités et les élèves en se préparant à absorber de vastes domaines techniques, sensés les préparer à présenter un dossier parcoursup multi-compétences (sic), universel pour toute la technologie industrielle.
*Le « jumeau numérique » est la représentation virtuelle exacte d’un produit physique ; il contient toutes les informations, c’est un double digital, sorte de réplique numérique du produit.