Programmes lourds avec des partis pris idéologiques, conditions d’enseignement dégradées, occasion manquée d’une spécialité faussement pluridisciplinaire : c’est le grand bond en arrière.
Le programme de la voie générale est encyclopédique : une somme de connaissances à ingurgiter, plutôt qu’un cadre permettant la construction de méthodes et de capacités. Ces capacités devront être travaillées à raison de trois heures hebdomadaires sans dédoublement, et en respectant une progression commune pour les épreuves de contrôle continu. Le pire est à craindre pour les séries technologiques : mêmes thématiques que dans la voie générale avec 1 h 30 hebdomadaire ; cette posture révèle un véritable mépris pour les spécificités de la voie technologique.
Le mensonge de la spécialité
La spécialité Histoire-géographie géopolitique sciences politiques (HGGSP) est présentée comme « pluridisciplinaire ». Or, les contenus relèvent d’une histoire très politique, un peu de géopolitique, de la géographie, et quasiment pas de science politique : d’où un agacement logique face à une étiquette mensongère.
L’organisation du programme en grandes thématiques qui croisent les approches (par exemple : « Comprendre un régime politique : la démocratie ») rend impossible un découpage de l’horaire de spécialité entre professeurs de SES et d’histoire-géographie. La prétendue pluridisciplinarité s’avère un outil non pas au service des apprentissages, mais permettant une gestion souple des services au mépris des qualifications disciplinaires. On ne sait pas encore en quoi consistera l’épreuve terminale…
EMC au rabais
Les conditions d’enseignement de l’EMC se dégradent : perte des effectifs réduits obligatoires, annualisation de l’horaire. Les programmes prétendent accorder aux professeurs une grande liberté dans leurs choix de mise en œuvre. Mais les notions à acquérir sont complexes et nombreuses. Les notes seront prises en compte pour le contrôle continu (dans les 10 % calculés à partir des bulletins), alors que les pratiques d’évaluation actuelles sont très diverses et n’incluent pas systématiquement de note chiffrée.
Avec ces trois nouveaux programmes, nous sommes donc loin du renouvellement disciplinaire dont se félicite l’institution dans les réunions de formation qui ont lieu ces dernières semaines.
Amélie Hart Hutasse , Arthur Reverchon