La conférence inaugurale des Rendez-vous de l’histoire de Blois le 11 octobre a été prononcée par Magali Reghezza-Zitt. Géographe, spécialiste des liens entre sociétés et environnement, elle était invitée à évoquer la ville de demain. Dans une intervention aussi brillante que combative, elle a insisté sur la place de l’enseignement, de la recherche, et sur l’impératif de prendre en compte le dérèglement climatique et son atténuation pour que l’éducation ne soit pas dégradée. L’adaptation du bâti scolaire, entre autres, met en jeu les conditions d’accès à l’éducation et le projet émancipateur de l’école. Son intervention, exemplaire de l’engagement des scientifiques dans le débat public, est entrée en résonance avec des enjeux scientifiques, didactiques et politiques abordés lors du stage national histoire-géographie du SNES-FSU.

Des enseignements très politiques

En effet, il est apparu nécessaire au groupe histoire-géographie de mettre en perspective ce que le contexte politique fait à l’enseignement de notre discipline et à notre métier. Les « questions vives » qui surgissent dans les cours résultent d’une demande sociale mais aussi d’une instrumentalisation médiatique et politique. Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal avaient donné le ton en lançant la chasse à « l’islamogauchisme » dans l’Éducation nationale et à l’université en 2020. Le contexte de 2024 pèse encore plus sur les collègues, entre répercussions du conflit israélo-palestinien et crise de la démocratie française, l’extrême-droite se renforçant dans les urnes et plus encore dans les médias.

La neutralité des agents publics est de plus en plus détournée de son sens, dans la sphère médiatico-politique, pour accuser les professeur·es de sortir de leur rôle en manipulant les élèves. Ainsi, des collègues participant au stage de Blois ont témoigné de leur crainte, en abordant notamment le conflit israélo-palestinien, d’être accusé·es de partialité, non par les élèves, mais par des adultes qui ont un accès indirect à ce qui se dit dans la classe (parents, hiérarchie). Cette crainte existe quand bien même les professeur·es d’histoire-géographie, expert·es de leur métier, s’appuient sur une maîtrise solide de savoirs scientifiques. Dans le débat public, la rigueur des connaissances et l’honnêteté de la réflexion peinent à contrebalancer l’avalanche de mensonges et de manipulations que l’on retrouve dans certains usages publics de l’histoire – et de la géographie. Dans les classes, avec les élèves, les collègues ne ménagent pas leurs efforts pour rester fidèles au sens de leur métier.


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