Après un rejet quasi unanime de la réforme « Choc des savoirs », c’est un premier résultat de l’opposition d’une large intersyndicale. Revenir sur le tri social des élèves dès la classe de Sixième n’est pas rien mais cela reste à confirmer. Ce repli permet aussi pour la ministre de répondre au privé sous contrat qu’il est libre de ne pas appliquer la réforme (voir encadré).
Mais quand c’est flou…
La ministre propose de panacher le fonctionnement du collège entre classe entière et groupes de niveau sur quelques périodes, espérant probablement que les équipes renoncent au plus vite à leurs actions pour l’abandon des mesures « choc des savoirs ». La « souplesse » proposée est hors sol : il n’est pas possible de créer de groupe supplémentaire (et donc de mobiliser un·e enseignant·e additionnel·le) juste sur certaines périodes, les services des professeur·es n’étant pas annualisés. Mais surtout cette organisation imposerait toujours l’alignement des classes rendant l’emploi du temps ultra contraignant perturberait la cohérence des progressions annuelles et induirait sur plusieurs semaines des objectifs d’apprentissage différents, ce qui creuserait davantage les écarts entre les élèves.
Comme lors de l’ « assouplissement » de la réforme du collège 2016, à l’arrivée de J.-M. Blanquer, la main serait donc davantage laissée aux établissements, ce qui cadre toujours avec le management néolibéral. Plus les choses sont renvoyées au local et plus le fonctionnement de chaque établissement se différencie de ses voisins, accentuant la concurrence. De nouveau, le privé pourra attirer des familles en arguant qu’il n’applique pas la réforme. Les équipes disciplinaires de mathématiques et de français doivent rester décisionnaires de ces choix pédagogiques. Elles sauront donc, appuyées par les représentant.es du personnel et les membres élu.es au CA rappeler que le besoin des élèves est d’étudier en classe hétérogène. C’est une façon d’organiser exclusivement des dédoublements de classe si les moyens existent pour le faire et faciliter ainsi l’étayage les élèves en difficulté.
Le choc des savoirs a la peau dure
Hormis sur les regroupements par niveau, rien ne bouge pour l’instant sur les autres mesures. La 26e heure de cours ne sera pas rétablie en Sixième. Les élèves aux résultats trop fragiles pourraient se voir évincés de certains cours (LV2 par exemple). La régression historique qui transforme le DNB en barrage pour passer au lycée – ce qui n’a jamais existé auparavant- , avec la création de classes sas en lycée, la « prépa-seconde », demeure. Les professeur·es des écoles continueront à être sollicité·es pour investir le collège à travers deux heures de soutien à n’importe quel niveau et payées par le Pacte. La préparation des textes réglementaires sur la labellisation des manuels se poursuit contre l’avis unanime des organisations syndicales pointant les risques de contrôle des pratiques pédagogiques. La découverte des métiers dès la Cinquième participe toujours du tri social des élèves.
Maintenir la pression
Cet arbitrage de la ministre doit se traduire par un nouvel arrêté organisant les horaires au collège. Le précédent, rejeté unanimement par le Conseil supérieur des programmes (CSE) le 8 février, n’a pas été publié, une conséquence des luttes auxquelles prennent part la majorité des personnels, souvent soutenus par les parents d’élèves. Toute référence aux groupes de niveau serait certes retirée mais le SNES-FSU exigera des clarifications sur la mise en œuvre de regroupements intermittents au CSE du 14 mars et agira pour l’abandon de tout projet revenant à discriminer les élèves de collège selon leur niveau. Des articles en ligne informeront des suites.
Les actions se multiplient pour informer, sensibiliser et combattre ce projet. Le ministère commence à reculer. Il faut construire le rapport de force pour le 19 mars et ses suites ! Toutes et tous en grève !
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