« Le Grand oral est une réforme de société », dit Cyril Delhay, inspirateur de l’épreuve du grand oral. Et la communication ministérielle de dérouler tout un argumentaire sur l’innovation pédagogique et l’art oratoire. Tout ce petit monde, nourri aux concours d’éloquence et à la rhétorique version Sciences politiques et écoles de commerce, semble avoir perdu de vue le sens de l’examen du baccalauréat tel qu’il s’inscrit dans le cursus des élèves.

Une épreuve noyée dans le formalisme

Les notes de service publiées le 13 février reprennent en effet l’essentiel du rapport Delhay de juin dernier. Le candidat, obligatoirement debout les cinq premières minutes, sans notes, doit dérouler la réponse à l’une des deux questions préparées pendant l’année, puis échanger avec le jury sur les programmes de spécialités (10 minutes) et finir avec la présentation du projet d’orientation (5 minutes). Pendant les vingt minutes de préparation, il peut concevoir un support papier mais, pour autant, il est impossible d’en faire un appui pour la présentation et ne sera pas évalué. Peu importe ce que le candidat aura étudié lors des cours de spécialités, l’important sera dans la manière.

Mais où est donc passé le projet de spécialités ?

« Une épreuve obligatoire orale terminale de vingt minutes (20 minutes) est préparée pendant le cycle terminal. Elle porte sur un projet adossé à un ou deux enseignements de spécialité choisis par le candidat » stipulent les arrêtés du 16 juillet 2018 sur le baccalauréat. Les notes de service ont donc fait disparaître le projet et tout ce qui fait la spécificité de la voie technologique au passage !
Évaluer un projet d’orientation, pour quoi faire ?

On retrouve tout ce qui pourrait constituer les éléments d’un entretien de motivation ou d’embauche. Le candidat doit inscrire ses choix de « parcours » dans une réflexion qui vise à justifier le projet de poursuite d’études, voire le projet professionnel. Or, l’expérience des Psy-ÉN, les recherches en psychologie et en sociologie, montrent que les ressorts de la mobilisation dans les études tiennent davantage à l’intérêt pour les savoirs enseignés et à des rencontres, qu’à un plan de carrière rationnellement échafaudé. S’agit-il de juger la crédibilité d’un projet et la capacité à réussir à l’aune de comportements dont l’essentiel est le produit du milieu social ? Compte tenu des conditions d’enseignements, on ne voit pas comment ce système d’évaluation ne viendrait pas renforcer les logiques de discrimination sociales et genrées. En revanche, on voit bien comment cela assujettit l’élève aux lois d’un marché où l’offre de formation est étroitement liée à la satisfaction immédiate des besoins économiques.


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