5 mois et 13 jours après son arrivée rue de Grenelle, Gabriel Attal quitte le ministère de l’Education nationale pour devenir premier ministre après le départ d’Elisabeth Borne. Un passage éclair au ministère qui laisse à penser qu’il lui aura surtout servi de tremplin pour la suite de sa carrière. Il est loin, enfin pas tant que ça, le tout frais ministre de l’Education qui déclarait, le 20 juillet lors de la passation de pouvoir avec Pap Ndiaye “ce ministère, on n’y entre pas par ambition, calcul ou stratégie”. Après avoir traité la question du calendrier du bac (mais sans jamais traiter la question des programmes toujours très lourds), le ministre a occupé le terrain médiatique en multipliant les clins d’œil à la frange conservatrice de l’opinion publique : uniforme, SNU, groupes de niveaux etc, un moyen de se forger une stature politique pour son avenir.
Ministre de l’opinion publique ?
Et pendant ce temps, le quotidien des personnels ne s’est pas amélioré : classes toujours surchargées, mesures salariales qui n’ont même pas permis le rattrapage des pertes de pouvoir d’achat de ces dernières années, absences non remplacées des professeurs, enseignants remis en cause et parfois menacés….la chronique ordinaire du quotidien dans l’Education nationale est bien loin du monde merveilleux de Gabriel Attal, ministre de l’opinion publique plus que des personnels de l’Education nationale.
Se plaçant sans surprise dans les pas d’Emmanuel Macron, il a lancé au pas de charge l’opération “choc des savoirs” : derrière les apparentes mesures de bon sens ou visant à lever des tabous qui n’en sont pas, le choc des savoirs dessine un projet d’Ecole de l’assignation sociale. Il réactive des mesures qui visent d’abord à réactiver le mythe d’une école ancrée dans une époque révolue et qui va surtout contribuer à aggraver les inégalités et le tri social. C’est notamment le cas des groupes de niveaux en français et en maths en 6eme et 5eme.
Et maintenant ?
L’Education nationale va connaître son 4eme ministre en 2 ans…mais le programme est déjà tout tracé : depuis le mois d’août, le président de la République a fait de l’Education son “domaine réservé”, et à l’occasion de ses voeux, filant la métaphore guerrière, il a évoqué avec insistance un réarmement civique, qui nous éloigne toujours plus d’une Ecole émancipatrice. Un projet d’Ecole que le SNES et la FSU sont déterminés à combattre !
Le service public d’Education traverse une crise profonde qui nécessite une réorientation complète de la politique éducative. Parce que nous faisons l’École, exigeons des personnels mieux payés, respectés, protégés, des conditions de travail et d’étude améliorées. Pour nos salaires et nos conditions de travail, toutes et tous en grève le jeudi 1er février!
Voir aussi
« Il laisse l’éducation nationale dans une situation de crise profonde » Gabriel Attal premier ministre : à l’Éducation, son bilan est loin de satisfaire le corps enseignant – Le Huffington Post (en ligne)
“C’est l’image d’un passage express avec un ministre qui a entraîné l’Éducation nationale dans une forme de tourbillon médiatique” – France Info (en ligne)
Attal nommé Premier ministre: les principaux syndicats d’enseignants déplorent son “passage éclair” à l’Éducation (AFP – en ligne)