La bataille des textes

Le SNES-FSU a demandé toute l’année, avec force, une réduction du nombre réglementaire de textes à étudier pour l’oral de l’EAF en Première
Ainsi, dès le 13 octobre 2022, le SNES-FSU a appelé à ne pas étudier plus de 16 textes afin de protéger les collègues qui se verraient dans l’impossibilité d’atteindre la barre des 20 textes. 

C’est pourquoi le SNES-FSU vous propose une enquête très rapide, dont les résultats seront anonymisés, pour nous signaler que vous n’avez pas étudié les 20 ou 12 textes avec vos élèves, et ce afin de peser dans les négociations que nous continuerons à mener.

Pour cesser de compter nos textes, comptons-nous en cliquant ici :


Une rencontre avec l’Inspection Générale a permis d’exprimer et d’argumenter cette demande de réduction du nombre de textes. 
Le SNES-FSU a été à l’initiative d’un courrier intersyndical au Ministre afin d’obtenir un allégement immédiat du nombre de textes et des changements en profondeur dans les programmes de français en Première et dans les épreuves anticipées. Le Ministère n’a pas daigné répondre à la demande de l’ensemble des organisations syndicales.
En conséquence, à la fin du mois de mai, le SNES-FSU a constaté une certaine fébrilité de la part d’inspecteur/trice·s et de chef·fes d’établissement. Ici et là, des pressions inacceptables ont pesé sur des collègues : quelques membres de l’institution, IA-IPR ou proviseur·es, ont appelé à ne pas signer les récapitulatifs présentant moins de 20 ou 12 textes, voire à dresser une liste de professeur·es n’ayant pas étudié un “nombre de textes conforme à la réglementation”. L’intervention du SNES-FSU a permis de résoudre ces situations problématiques provoquées par des inspecteur/trice·s et des chef·fes d’établissement trop zélé·es qui mettent les élèves, les enseignants et l’institution en difficulté. Rappelons que la signature du chef d’établissement sur les récapitulatifs n’a pas pour fonction d’attester de la qualité et de la quantité du travail fourni par l’enseignant, mais d’éviter les fraudes de la part des candidats. Ces tentatives de réinterprétation managériale en disent long sur la méconnaissance des procédures administratives.
Heureusement, dans l’immense majorité des cas, inspections et directions d’établissement, elles-mêmes confrontées à des injonctions hiérarchiques intenables, se montrent compréhensives et confiantes dans le professionnalisme des enseignant·es.

Des professeur·es en souffrance

Plus personne n’ignore que la course de fond engagée par les professeur·es de lettres est loin d’être une promenade de santé. La dernière enquête Métier, menée au printemps 2023 par le SNES-FSU, révèle des chiffres symptomatiques.
Le premier mot qui vient à l’esprit à la lecture des résultats de cette enquête, c’est « épuisement ». À 90%, les professeur·es de lettres déclarent que leur charge de travail a augmenté par rapport aux années précédentes. Pour 61% d’entre eux, la surcharge de travail est due à la réforme du lycée. Pour mémoire, cette réforme a imposé des notions de grammaire, un nombre de textes chiffré, des épreuves différentes en séries générales et technologiques avec l’apparition de la dissertation sur œuvre, de l’essai et de la contraction de texte ; sans compter HLP et les difficultés inhérentes à cette spécialité (voir notre article à ce sujet). 
Dès lors, pour accomplir leurs missions, les enseignant·es de français en lycée, à 70 %, signalent augmenter leur temps de travail. On ne s’étonnera pas que 79% d’entre elles et eux aient le sentiment d’être débordé·es régulièrement : 42% plusieurs fois par semaine et 37 % quotidiennement.
Dans l’enquête, certain·es affirment s’être mis·es en temps partiel afin de pouvoir assurer leurs missions dans les meilleures conditions. Il est scandaleux de voir des personnels se mettre en difficulté financière pour accomplir la charge de travail imposée par l’institution ! En outre, c’est la santé qui pâtit de cette situation. Si 18 % des collègues n’ont pas constaté de détérioration de leur état de santé, 55 % manifestent des douleurs lombalgiques notamment, des difficultés avec le sommeil, des angoisses… et 22 % ont subi un arrêt de travail dans l’année.

Et pour le passage de témoin ?

L’investissement des collègues tuteurs ou tutrices est réel, malgré le sentiment d’être trop livré.e à soi-même. En effet, les formations permettant de fixer le cadre d’accueil sont trop souvent inexistantes ou survenant après la rentrée. Ce travail est aussi considéré comme insuffisamment rémunérateur au regard du travail engagé. Malgré ces conditions, une majorité d’entre elles et eux souhaitent poursuivre leur mission de formation des nouveaux collègues.
Le problème majeur est que les candidats ne se pressent pas sur la ligne de départ. En lettres, la crise de recrutement liée au manque d’attractivité du métier, est particulièrement sensible dans les chiffres de la session 2023, qui sont catastrophiques. Les candidat·es admissibles en lettres modernes sont 761 pour 755 postes. On constate qu’en lettres classiques la situation est encore plus critique que l’an passé, avec toujours moins d’inscrit·es (133) que de postes (134) et seulement 47 admissibles. Dans les deux disciplines de lettres, la situation déplorable de l’an dernier avec près de 260 postes perdus aux concours externes devrait donc se répéter ce qui suscite des inquiétudes pour la suite.

Actuellement, en lycée, les professeur.es de Lettres ont la sensation de courir après un totem comptable au prix d’un travail bâclé. Ils ont le sentiment ne pas pouvoir remplir correctement la mission qui est la leur pour que l’enseignement des Lettres remplisse sa mission émancipatrice et de formation citoyenne : permettre aux élèves d’accéder à une culture littéraire et artistique commune, de maîtriser la langue écrite et orale pour pouvoir s’insérer dans la société, d’exercer leur esprit critique.
L’insatisfaction du travail accompli, la surcharge, les conflits de valeurs sont des facteurs majeurs de risques psycho-sociaux. Responsable de la santé de ses personnels, il est temps que le Ministère en prenne la mesure.

Les professeur.es de Lettres se sont reconnu.es dans les actions portées par le SNES-FSU pour demander la diminution du nombre de textes à préparer pour l’épreuve orale du baccalauréat.

Le SNES-FSU poursuit sa lutte pour l’amélioration de leurs conditions de travail : une refonte des programmes et des modalités d’examen est urgente.

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