Le « plan étudiants » transforme dès maintenant les procédures d’orientation post-bac.
Dans un contexte de crise où des milliers de bacheliers se sont retrouvés sans affectation à la rentrée, le gouvernement, le Premier ministre, les ministres de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur ont lancé, dans la précipitation, une réforme de l’accès aux études supérieures. Déclinée en vingt mesures, elle est dominée par la question de l’orientation des lycéens, et relègue au second plan le problème pourtant crucial du manque de places et de moyens pour accueillir à l’Université des étudiants toujours plus nombreux.
Enseignants, acteurs de la sélection
Elle investit tout particulièrement les enseignants de lycée de nouvelles prérogatives et ignore singulièrement le rôle des Psy-ÉN en la matière. La classe de Terminale est dorénavant encadrée par deux professeurs principaux qui coordonnent l’accompagnement des lycéens, renseignent la « fiche avenir » et rédigent les synthèses présentées au conseil de classe du second trimestre pour l’examen de chacun des vœux des candidats. La procédure de l’avis, jusque-là réservée aux filières sélectives, est généralisée et fait peser sur les enseignants la responsabilité d’autoriser ou pas la poursuite d’études. L’exercice semble bien périlleux car il est difficile de donner un avis circonstancié tenant compte des attendus de formations très diverses, parfois peu ou mal connues.
La situation semble d’autant plus compliquée que les « attendus », nouveau nom des « prérequis », peuvent être plus ou moins prescriptifs selon la capacité d’accueil des formations. Lettres de motivation, engagements sportifs ou associatifs, suivi de MOOC…, autant de dispositions socialement discriminantes qui risquent de privilégier les initiés au détriment des élèves de milieux moins favorisés. L’accompagnement personnalisé et le tutorat sont présentés comme la clé d’une information à l’orientation réussie. Des jeunes effectuant un « service civique » rebaptisés « étudiants ambassadeurs », deux semaines dans l’année consacrées à l’orientation et le recours au numérique viennent compléter le programme.
Logique de tri
Les bacheliers technologiques et professionnels ainsi que tous ceux dont le dossier scolaire semble peu solide risquent de voir l’accès à l’enseignement supérieur se transformer en véritable parcours du combattant. Faute d’un budget suffisant, les mesures qui pourraient permettre d’améliorer la réussite des étudiants, comme les parcours personnalisés, risquent fort de se réduire à des cours et des tests en ligne. Les mesures sociales, supposées améliorer la vie étudiante – comme l’exonération du montant de la cotisation à la Sécurité sociale–, apparaissent bien modestes tant le financement de ce plan à hauteur du milliard d’euros sur cinq ans semble dérisoire compte tenu de la poussée démographique.
30 000 à 40 000 étudiants de plus par an ces dernières années, 350 000 d’ici 2025. Avec 500 millions d’euros sur cinq ans, hors plan d’investissement, le plan étudiant du gouvernement est très loin de couvrir les besoins des universités.