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Pour donner corps à l’esprit critique : et si on rétablissait les horaires en philosophie ?

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Le ministère a lancé une campagne d’appel à contributions visant à mutualiser nos pratiques, voire à financer les projets destinés à développer l’esprit critique de nos élèves. Si nous partageons cette noble finalité, le ministère nous en donne-t-il vraiment les moyens, en s’évertuant à ne pas rétablir les horaires de philosophie amputés par la réforme Chatel de 2010 ?

Le groupe philosophie du SNES a donc fourni sa contribution, en se situant volontairement dans une démarche décalée par rapport aux attendus et au calendrier du ministère. Notre contribution “critique” se veut donc, résolument attentive aux conditions matérielles sans lesquelles, faute de s’incarner dans un dispositif matériel lui donnant “corps”, “l’esprit critique” risque de devenir le spectre errant de feu l’enseignement de la philosophie dans certaines séries… voyez plutôt :

Des quelques conditions matérielles nécessaires à ce que “l’esprit critique” prenne “corps” dans le secondaire :
– le premier “outil d’auto-défense intellectuelle” (et institutionnelle) serait le rétablissement de l’horaire de philosophie : tant la 4e heure* en série S que l’heure à effectif dédoublé en séries technologiques (via une grille horaire nationale garantissant des dédoublements en philosophie ainsi que dans toutes les disciplines).
– le second “outil” serait de financer l’EMC (le nouvel enseignement moral et civique) en séries technologiques, afin de donner équitablement à chacun le temps de “s’informer” avec “prudence” et discernement…
– la troisième condition serait des effectifs par classe révisés sensiblement à la baisse (en collège et lycée) : sauf à rester très “modestes” dans nos ambitions, la “lucidité” oblige ici à être “curieux” des faits (les plus têtus), ainsi qu’à “l’écoute” d’une profession qui – sous la pression démographique – préfère “l’autonomie” intellectuelle à celle des établissements…
– la quatrième, une revalorisation des carrières qui mette fin aux “fausses alternatives” (sécurité de l’emploi ou salaire correct ?) et encourage les jeunes diplômés à ne pas trop longtemps “suspendre leur jugement” afin de passer les concours de recrutement dans l’éducation nationale…
– enfin, rappelons que si nous partageons avec le ministère l’objectif de développer “l’esprit critique”, nous ne pouvons que déplorer la surdité de nos interlocuteurs depuis 2012, alors que nous n’avons cessé de demander en toute urgence, le rétablissement des conditions d’enseignement de la philosophie (tout particulièrement dans les séries technologiques) si durement affaiblies par la réforme du lycée ! Loin de réduire l’acquisition de l’esprit critique au seul enseignement de la philosophie, comment ne pas reconnaître son rôle dans l’acquisition des différentes “pratiques”, “attitudes” et autres “outils” intellectuels décrits par cet “appel à contributions” ?

(* selon le dispositif en cours avant la réforme Chatel)


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